[QUATRE-VINGT-TREIZE]

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𝐃𝐄𝐑𝐍𝐈𝐄𝐑 𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄 𝐃'𝐀𝐌𝐎𝐔𝐑

𝐃𝐄𝐑𝐍𝐈𝐄𝐑 𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄 𝐃'𝐀𝐌𝐎𝐔𝐑

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SOFIA,
[Novembre 2017]

— Alors madame Andrieu, comment vous vous sentez aujourd'hui ? Je lève les yeux de mes mains pour regarder la femme en face de moi.

Sofia - Je vais bien.

— Comment s'est passé votre semaine ?

Sofia - Bien, je suis allée au boulot, j'ai continué mes entraînements, à m'occuper de notre fille. Elle hoche la tête et son stylos glisse tout seul sur son carnet.

— Comment vous vous sentez, intérieurement cette semaine ? Ses yeux clairs se relève vers moi et elle pose son stylo.

Sofia - J'ai toujours l'impression de me battre avec moi-même, contre mes émotions. Elle hoche la tête et lie ses mains entre elles. Je sais que je suis pas seule et que je n'ai pas le droit d'abandonner rien que pour moi, mon deuil mais aussi pour les personnes qui m'entourent. Ma nièce compte beaucoup sur moi, il y a mon mari, ma fille, mon meilleur ami, mes frères, amis que je considère aussi comme des frères. Je continue de la regarder. J'essaie de rester forte mais j'ai peur qu'un jour tout lâche, que tout s'écroule et que ça se soit finit.

— Que se finisse ? Vous parlez de quoi exactement ? Je mord doucement ma joue.

Sofia - C'est peut-être bête mais, j'ai peur que mon mari parte, qu'il trouve une femme avec un peu moins de cicatrices, avec un passé un peu moins lourd que le mien, une femme peut-être plus facile à vivre. Je hausse les épaules. Mais juste après, je me souviens qu'il aurait très bien pu me lâcher avant mais il l'a jamais fait, même quand je suis partie, il était toujours là, il m'a attendu comme je l'ai attendu mais je garde quand même cette peur parce que l'amour ça suffit pas dans un couple, il y a aussi les choses autour qui compte.

— Vous êtes ensemble depuis combien de temps avec votre mari ?

Sofia - Treize ans. Je souris doucement, elle reprend son stylos qu'elle fait à nouveau sur la page déjà noircie.

— Et pendant ces treize ans, il s'est passé quoi exactement ? Elle relève le regard vers moi. J'aimerais que vous me le répétiez une nouvelle fois. Je souffle doucement et je regarde mes mains.

Sofia - Je l'ai rencontré au mauvais moment, je poursuivais l'un de mes frères qui se faisait lui même poursuivre par la police, il m'a bousculé et m'a blessé, depuis ce jour, il y a pas un jour où je n'ai pas pensé à lui, il était toujours là quelque part, j'ai vécu les pires moments à ces côtés, d'abord l'arrestation de son père et Omar juste devant nos yeux, un soir de novembre. Je la regarde et je marque un petit temps d'arrêt. Les deux ans qui ont suivi, on a vécu notre relation dans le dos de tout le monde, on était bien comme ça, c'était parfait jusqu'à ce que la sortie de mon beau père et Omar soit annoncé, à partir de ce moment, on savait très bien que ça allait devenir compliqué pour nous deux de se voir car son père et Omar se sont toujours portés une haine intérieure, parce que le père de mon mari avait craqué en premier sur ma maman, il avait flirté ensemble quelques temps avant que Omar ne lui pique ma mère, ça a commencé de là mais aussi pour de la jalousie,  à propos de leur boulot.

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