CHAPITRE VINGT-QUATRE

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John

— Je peux savoir ce que vous foutez là ? s'exclame brusquement papa en s'approchant de moi l'air inquiet.
— C'est ma faute... marmonné-je en grimaçant de douleur.
Je commence à comprendre pourquoi les anges ou les démons souffrent autant, quand on leur plante un de ces machins dans le corps.
— J'ai entendu le coup de feu, et je me suis inquiété, ajouté-je.
— Ne bouge pas ! m'ordonne mon père d'une voix autoritaire.
— Quant à moi, John m'avait dit de garder Jesse à l'oeil, et je me suis aussi inquiétée. Alors j'ai préféré venir avec lui, plutôt que me faire un sang d'encre en bas ! se justifie Claire. Ou peut-être aurais-tu préféré que je monte seule ?
Papa la fusille du regard, tout en regardant ma plaie. Putain ce que ça fait mal ! Je ne sais pas lequel des deux en a prit un coup : mon corps à cause de la dague, ou mon amour-propre d'avoir été poignardé par mon meilleur ami.
— Argh ! grogné-je, tandis que papa fait compression sur la plaie.
— Ça va aller. Quelques points de sutures et tu seras aussitôt sur pieds.
— Je peux le soigner, si vous voulez... se propose Jesse, qui ne semble pas emballé par sa propre idée.
Mais je n'aime pas l'idée de lui devoir un service.
— T'approche pas de moi ! feulé-je les dents serrés.
Ce dernier roule des yeux en soupirant exagérément.
— Nous le soignerons quand nous serons au bunker ! s'exclame Sam. Quelqu'un à dû entendre le coup de feu et aura probablement alerté les autorités.
Papa se tourne vers son frère, la mine en colère.
— Tu veux qu'il fasse toute la route avec une hémorragie ?
— Tu proposes quoi de mieux ? Je te signale que ton fils est aussi borné que son père !
— Et il est juste ici ! lui reproché-je en le fusillant du regard. Aidez-moi plutôt à me relever, et chargez-moi dans la voiture.
Sam soupire et vient s'agenouiller à côté de moi. Je passe un bras autour de son cou et celui de mon père, et grimace de douleur en contractant mes abdos sévèrement endommagés par l'arme.
— On a des escaliers à descendre. Tu penses que tu vas tenir le coup ? s'inquiète Claire.
Je tourne la tête vers elle, et lève le pouce pour la rassurer, accentué par un sourire peu convainquant ceci dit. Elle fronce les sourcils et se tourne vers Jesse.
— Passe devant, et je te conseille de ne pas te foutre de ma gueule, il se pourrait que je te loge une balle dans l'arrière de ton crâne.
— Tu serais presque convaincante, si tu n'étais pas aussi inquiète pour Junior.
J'entends le cliquetis de la balle qu'elle charge dans le canon. Elle ne rigole pas.

Une fois à la voiture, papa fait monter Sam avec Jesse et Jack, tandis que Claire monte avec moi à l'arrière du véhicule. Mon père l'a chargé de faire pression sur la blessure, tandis que j'agonise en me vidant de mon sang sur la banquette arrière.
— Il faut que tu accélères ! lui ordonne-t-elle en levant mon t-shirt pour inspecter la plaie. Ça n'arrête pas de saigner...
Elle murmure cette dernière phrase pour elle-même, si bien que je suis le seul à l'entendre.
— Allez, tiens bon !
J'aimerais lui dire que je ne suis pas prêt à passer l'arme à gauche, mais j'ai vraiment trop mal pour aligner un mot. Je commence même a avoir la tête qui tourne, et mon esprit semble peu à peu dans le brouillard.
— John ? m'appelle Claire avec appréhension. Dean, appuie sur l'accélérateur !


Claire

Je ne sais pas depuis combien de temps je tourne en rond dans ma chambre. Je ne sais pas dans quel état est John. Lorsque nous sommes arrivés, il était inconscient et pâle comme la mort. Je ne sais pas combien de litre de sang il a perdu. Et lorsque nous sommes arrivés, il a aussitôt été pris en charge par son grand-père John et son oncle Adam. Je n'ai pas eu le droit de rester au près de lui. Pas même pour leur donner un coup de main.
Je soupire en m'installant sur mon lit, et agite ma jambe nerveusement en me rongeant les ongles. Je ne sais pas pourquoi je suis inquiète pour lui. Mais qu'est-ce que je raconte ? Bien sûr que je le sais. Il faut juste que je me l'avoue à moi-même. Je devrais pourtant le savoir à la peur que j'ai ressenti lorsque ses yeux ont commencés à papillonner dans la voiture, avant de se fermer. J'avais beau le secouer dans tous les sens, pas une seule fois il n'a réagi. Je me demandais s'il n'était pas mort. J'ai alors ressenti une peur qu'aucune autre chose n'avait provoquée jusqu'à maintenant. Jamais je n'avais ressentie cette angoisse, ce besoin de lui venir en aide. De le sauver. De faire en sorte qu'il reste en vie.
C'est alors que je comprends ce que je ressens. Je ne pensais pas que ce serait aussi clair, mais voilà que je m'y retrouve. Je n'ai pas arrêté de penser à lui depuis que je l'ai rencontré pour la première fois, lorsque j'ai ramené Lana au bunker. Au départ je me disais qu'il devait être intéressant à cause de sa famille.
Mais maintenant... maintenant je comprends. Et ça me fait peur. Je ne veux pas m'attacher à quelqu'un que je pourrais perdre facilement. Il n'y a qu'à regarder la relation que partagent Jack et Lana. Ils sont épris l'un l'autre, mais il y a toujours quelque chose ou quelqu'un qui se dresse en travers de leur chemin. Comme Jody et son mari. Comme pour papa et maman. Je ne reproche pas à Castiel ce qui s'est passé. Mais je ne veux pas vivre ce qu'ils ont tous vécu. Mais en même temps, moi aussi j'aimerais connaître ce sentiment que l'on partage avec une autre personne. Ce lien spécial qui rend cette personne unique à nos yeux. Moi aussi je veux connaître cette joie au réveil, lorsqu'on ouvre les yeux sur cette personne qui fait battre notre coeur. Je pourrais presque affirmer que j'en ai besoin. Mais je ne peux pas vivre ce genre de chose avec une personne qui ne partage pas mon univers. Juste avec un Chasseur. Et je veux que ce soit lui.

Je soupire et me lève avant de quitter ma chambre. Je longe le couloir rapidement, et vais jusqu'à sa chambre. Ça fait des heures que je poireaute dans l'espoir de le voir, mais sans nouvelle de la part de qui que ce soit.
Je ne prends pas la peine de frapper lorsque j'arrive à la chambre de John. Mais quand j'entre dans la pièce, je suis surprise de le trouver là, en train de regarder son t-shirt taché de sang en soupirant. Il tourne les yeux vers moi, tandis que je suis figée sur le pas de la porte.
— Tu es là... soufflé-je, surprise. Je te croyais toujours inconscient...
— Je viens de revenir.
Je soupire et m'approche de lui et le prend dans mes bras sans me soucier de la blessure. Je n'en reviens pas de me sentir aussi bien contre lui. Ça explique tout. Ça explique pourquoi j'ai eu si peur pour lui, et pourquoi je ressens un tel soulagement de le voir se tenir debout devant moi.
Je le sens se raidir. Je me rappelle alors des points de suture, et m'écarte de lui.
— Je suis désolée.
Je pose ma main sur sa blessure, et fronce les sourcils lorsque je ne sens aucun pansements.
— J'ai plus rien... soupire-t-il.
Je hausse les sourcils de surprise.
— Tu as laissé Jesse te guérir ?
— Certainement pas ! s'exclame John en grimaçant de dégoût. Je vaux mieux que ça !
— Mais alors, qui ?
— Jack. Jesse l'a contraint à me sauver. Ce n'était de gaieté de coeur qu'il l'a fait.
John soupire tristement.
— Je ne reconnais plus mon meilleur ami. J'ai peur de ce qu'à bien pu lui faire Astaroth.
Je me sens triste pour lui. Je ne sais pas ce que ça fait que de perdre un meilleur ami, parce que je n'en ai jamais eu. Cependant, je sais ce que ça fait que de perdre un membre de sa famille. Ou plutôt deux, devrais-je dire.
Je soupire tristement et le prend dans mes bras.
— Ne t'en fais pas. On trouvera une solution. Tout n'est pas perdu pour lui. Nous trouverons un moyen de le ramener.
— Si tu le dis... soupire-t-il.
Je soupire à mon tour, et m'écarte de lui, juste assez pour faire face à son visage. Je me rends compte que je ne l'aurais pas supporté de ne plus voir d'aussi beaux yeux. De ne plus les plonger dans les siens, ou de ne plus entendre sa voix. Je me rends compte que je suis amoureuse de lui. Et je ne sais pas si c'est le bon moment pour lui faire comprendre. Je soupire alors, n'y tenant plus. J'ai besoin de ça. J'ai besoin qu'il sache.
— Je te demande pardon... murmuré-je alors.
Il fronce les sourcils sans comprendre, jusqu' à ce que je me jette sur ses lèvres pour l'embrasser. 

Nephilim Chapitre 3 (Supernatural Fanfiction VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant