CHAPITRE CINQUANTE

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Lana

Je fusille Jesse du regard, attachée à l'endroit exact où se trouvait Castiel lorsque je l'en ai fait libérer. Au moins, je peux me consoler avec l'idée que j'ai tué beaucoup de démon, et fais couler le sang de Jesse. Il a pu comprendre — enfin ! — que je suis pas sa Reine.
Celui-ci m'observe parfois depuis son trône, en me fusillant du regard.
— Qui a-t-il, Lana ? N'est-ce pas ce que tu cherchais en me provoquant ? Regrettes-tu ton acte, à présent ?
— Ça ne va pas ? murmuré-je en lui souriant froidement. Je le savoure. Je ne me suis pas amusée depuis longtemps. Ça m'avait manqué de tuer des démons. Le seul regret que j'ai, c'est de ne pas t'avoir blessé plus gravement.
Il ricane doucement, en prenant appui sur son coude droit.
— Et puis, je suis bien ici. Je peux voir ce qui se passe, et dresser une liste des démons que je vais pouvoir tuer.
— On en reparlera quand tu auras ta famille de Chasseurs devant toi. Tu ne penseras plus à nous tuer, nous.
Comment oublier que j'ai reçu l'ordre de tuer ma famille ? Et je sais que je ne pourrais rien faire pour l'empêcher. Jesse est trop puissant pour ça.
— En parlant de famille... Des nouvelles de Castiel ?
Jesse plisse les yeux en gardant le silence, puis se lève pour me rejoindre. Je fronce les sourcils en voyant son visage s'approcher du mien.
— Ça ne saurait tarder... sourit-il en prenant mon menton dans sa main pour me forcer à le regarder en face. Ce n'est qu'une question de temps. Mais je suis prêt à parier qu'il a demandé à ta précieuse famille de le rejoindre. Et le seul qui soit assez rapide, c'est ton précieux petit ange. Et comme je le pressens, il a dû leur dire où tu te trouves et ce que tu as dû faire pour qu'il soit sauf.
Je ne sais pas quoi dire. Il vient de dire ce que j'avais exactement en tête. Je sais que c'est ce que ferait Castiel. Je suis de plus en plus inquiète. Parce que si je suis la suite de ce raisonnement, ils viendront rapidement pour me sortir de là. Et je serais contrainte de les tuer, parce que je n'arriverais pas à contrôler mes gestes.
— Je dois t'avouer que tu m'as vraiment pris par surprise quand tu m'as attaqué. Mais crois-tu que je n'avais pas prévu cette éventualité ? Si mon plan A ne fonctionnait pas, j'avais prévu un B, un C, et... tu connais le reste de l'alphabet.
Je souris en coin, bien que ses paroles me font froid dans le dos.
— C'est bien, tu as bien révisé ton alphabet. C'est quoi la suite ? Les chiffres de un à dix ? Ou les animaux de la ferme ?
Il sourit en coin, et me lâche le visage avant de me tourner le dos pour s'approcher d'une des fenêtres.
— C'est amusant comme tu peux tenir de Dean à certains égard. Lui aussi fait de l'humour quand il est inquiet ou effrayé.
— Eh bien dans ce cas, c'est une chance qu'il m'ait adopté.
— Probablement... Probablement pas. Quoi qu'il en soit, ça ne rendra mon humeur que meilleure, quand je te verrai le tuer. Lorsque je verrai son expression de surprise et de trahison dans son regard, juste avant qu'il ne rende son dernier souffle.
Je sens la colère monter en moi. Il semble tellement ravi de parler de sa mort, que j'ai envie de le tuer lui.
— Tu es tordu ! grogné-je les dents serrés. Tu n'es qu'un monstre.
— Je te remercie. Je me suis donné du mal à travailler cette image.
Jesse revient vers moi en soupirant, et croise les bras sur sa poitrine en soupirant d'un air pensif.
— Que vais-je bien faire de toi pour passer le temps... ? Je pourrais te torturer, mais je sais que ça te passera au-dessus.
Je hausse les sourcils d'un air moqueur, avant de lui adresser un sourire mauvais.
— Vas-y. Rien ne peut être pire que partager son corps avec un démon comme Astaroth. Et puisque j'ai la rune anti-possession, je ne pourrais pas être possédée par un de tes chiens.
— Pas faux... murmure Jesse, l'air de réfléchir.
Son visage s'éclaire alors, et un sourire carnassier se dessine sur ses lèvres.
— Tu ne peux pas être possédée, et je n'ai pas l'arme qui puisse te tuer. Mais tu peux souffrir.
Je fronce les sourcils, craignant d'avoir compris ce qu'il a en tête.
— Je ne sera pas digne d'Astaroth, mais je vais bien m'amuser à le regarder. Mavrik !
— Oui, Maître ? répond un démon en s'approchant de nous.
— Trouve-moi des chaînes à attacher à ses poignets, pour que je puisse la suspendre à cette poutre en haut. Et un fouet en cuir.
— Bien, Maître.
Jesse tourne les yeux vers, moi brillants de joie. Je commence à m'en faire sur ce qui risque de m'arriver.
— Cette pratique se faisait beaucoup dans le temps, paraît-il. J'ai par ailleurs entendu dire, que dans certains pays, ça se pratique encore. J'ai hâte d'y aller pour voir. Je réservais cette torture pour Castiel, mais je trouve plus amusant de faire couler ton sang, comme tu n'as pas hésité à le faire pour moi.

Une demi-heure plus tard, je suis suspendue par les poignets, et mes pieds touchent à peine le sol. J'ai l'impression que mes épaules vont se déboîter à cause de mon poids qui tire dessus, et je suis en soutien-gorge pour que les coups de fouets pénètrent mieux ma peau.
— Bien ! s'enthousiasme Jesse en se frottant les deux mains, en souriant. Commençons.
Le premier coup de fouet claque sur les muscles de mon dos, et je sursaute en serrant les dents, tout en le regardant dans les yeux sur un air de défis. Je ne veux pas lui faire le plaisir de lui montrer que je souffre.
— Encore ! déclare-t-il en gardant son calme.
Le fouet claque une nouvelle fois sur ma peau, et je persiste à ne pas lui montrer que la douleur est intense.
— Ne t'arrête pas, Mavrik.
— Avec plaisir, Maître, s'amuse le démon dans mon dos.
— C'est quoi sa spécialité ? La torture ? demandé-je en respirant rapidement sous la douleur.
— Précisément.
— Génial ! En voilà un qui prend son pied au travail... Vous êtes un tordu.
— Je trouve ça amusant que tu fasses encore de l'humour, alors que tu es suspendue et à la merci de plusieurs démons.
— Simple question de point de vue ! me forcé-je à sourire. Moi ce que j'y vois, c'est le plaisir qu'aura ma famille de tous vous tuer.
Jesse s'esclaffe silencieusement.
— C'est ce qu'on verra, Lana. Tu peux continuer Mavrik.
Le Cambion retourne s'asseoir sur son grand fauteuil, et passe une jambe par-dessus l'accoudoir en appuyant son dos contre l'autre.
Aussitôt après qu'il soit installé, les coups reprennent avec plus de force que tout à l'heure. À moins que ce soit moi qui en ai l'impression, parce que le démon a marqué un petit temps d'arrêt entre temps. Toujours est-il que les coups qu'il me donne à présent, me font monter les larmes aux yeux. Je ne sais pas combien de temps je vais arriver à pouvoir tenir comme ça, sans hurler de douleur.
— Tu as envie de crier ! s'amuse Jesse en levant la voix pour se faire entendre par-dessus les coups de fouets. Laisse-toi aller !
— Dans... tes rêves ! grimacé-je sous la douleur. Je ne te donnerai pas ce plaisir !
— C'est toi qui vois. Il paraît que la douleur est plus intense lorsqu'on se prive de crier. Tu confirmes ?
Je lui lance un regard noir, lourd de reproche, qui lui décroche un sourire goguenard. J'ai envie de faire disparaître son sourire et son air suffisant de son visage de petit démon de pacotille.
— Maître ?
Un démon s'avance devant moi, et s'incline devant Jesse.
— Qui a-t-il ?

— Nous avons fait le décompte de nos pertes.

— Je suis toute ouïe.

— La fille a tué dix d'entre nous. 

Le regard de Jesse coule vers moi avant de se reporter sur le démon.

— Très bien. Je te remercie.

Un autre coup de fouet claque sur ma peau, et cette fois je sens quelques chose couler le long de mon dos. Mais je ne saurais dire si c'est de la sueur ou du sang. Je lève les yeux vers Jesse en souriant en coin d'un air moqueur. Même si j'ai mal, je ressens de l'amusement et de l'autosatisfaction au nombre de démon que j'ai tué. Je lis alors la surprise, mais aussi une certaine inquiétude. 

Nephilim Chapitre 3 (Supernatural Fanfiction VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant