CHAPITRE QUARANTE-ET-UN

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John

Allongé sur mon lit, je regarde le plafond de ma chambre, silencieusement. J'ai préféré m'éloigner de tout le monde en rentrant. La mort d'Adam me rappelle celle de l'ex à maman, qui a été tué par les démons il y a cinq ans. Bien sûr, les circonstances et liens n'étaient pas les mêmes, mais ça me rappelle combien j'ai horreur des enterrements. Même si celui-ci relève plus de la crémation. Je n'ai pas dit un mot dans la voiture, sur le chemin du retour.
Je n'ai pas vu le corps de mon oncle. Cependant, j'ai nettoyé le sang qui s'était étalé sur le sol et avait commencé à pénétrer le bois. La javel n'a rien pu faire, la tâche sombre y est toujours.
Papa non plus n'a pas parlé sur le chemin du retour, apparemment. En descendant de la voiture après être arrivé, elle a interpelé papa pour lui dire de en pas se renfermer sur lui-même, malgré ses tentative de lui parler. Mais il n'a pas non plus décroché un mot.

Je me tourne sur le côté en soupirant, quand on frappe à la porte de la chambre.
— Oui ? dis-je en me redressant.
J'espère que c'est Claire qui vient me voir, mais au lieu de ça, c'est maman qui apparaît dans l'embrasure de la porte.
— Ah... C'est toi... marmonné-je sombrement.
— Je te prie de t'adresser à moi avec plus de respect. Ce n'est pas parce que tu es adulte, que tu peux te permettre de me parler de cette manière ! me gronde-t-elle en fronçant les sourcils.
— Du respect ? répété-je comme si j'avais mal entendu. Tu veux que je te respecte, alors que tu m'as caché que j'ai failli avoir une sœur, pendant trois ans ?
Maman soupire d'un air las, en s'installant sur le rebord de mon matelas.
— M'en voudras-tu encore longtemps, pour te l'avoir caché ?
Je fronce les sourcils, surprit de sa question.
— Bien sûr que je vais t'en vouloir encore longtemps ! m'exclamé-je. Tu m'as toujours dit qu'on ne se cacherait plus rien ! La transparence ! Voilà notre maître mot ! Et toi tu... tu m'as caché ça pendant toutes ces années. Naturellement que je t'en veux !
Maman se tourne vers moi et pose une main sur ma joue. J'ai un geste de recul, mais je ne la repousse pas. J'ai beau lui en vouloir, je ne suis pas assez méchant pour lui faire du mal comme ça.
— Comprendras-tu un jour, pourquoi j'ai agis ainsi... murmure-t-elle les larmes aux yeux. Me pardonneras-tu un jour d'avoir voulu te préserver ?
Je n'ai pas les réponse à ses questions qui lui sont plus destinés plutôt qu'à moi. Alors je me mue dans le silence et me borne à la dévisager. C'est la seule chose que je puisse faire, sans me sentir coupable plus tard.
— Je sais que je n'ai pas bien agis, John. Mais je veux que tu saches que je n'ai fais ça qu'en pensant à toi. Et uniquement toi. Je ne me doutais pas que tu en souffrirais de cette manière. Je pensais que le jour où tu le découvrirais, ça te serait égal parce que tu ne l'aurais jamais connue. Je me disais que ça te peinerait un peu, mais j'étais loin d'imaginer que tu en souffrirait à ce point.
Je serre les poings sur mes cuisses, me retenant de la prendre dans mes bras, comme pour la punir d'avoir eu des pensées si naïves. Je sais que je m'en voudrais plus tard, d'avoir réagi ainsi.
— Si tu savais combien je t'aime, John. Dès l'instant où j'ai appris que j'étais enceinte de toi, je t'ai aimé d'un amour inconditionnel et n'ai pensé qu'à toi à travers mes actions. Jamais je ne me serais doutée qu'en cherchant à te protéger, je te blesserai d'avantages.
Je soupire, tandis qu'elle me prend dans ses bras. Je ne lui rends pas son étreinte, mais je la laisse faire, pour qu'elle sache que malgré son mensonge, je l'aime. Mais je sais aussi que si je dis un mot de plus, malgré l'amour que je ressens pour ma mère, je pourrais lui dire des choses horrible qui la blesserait plus qu'elle n'a souffert.
Elle me lâche en forçant un sourire et se lève et regagne la porte. Je remarque alors un gros sac posé au sol, qu'elle saisit. C'est la surprise qui me fait réagir.
— Tu t'en vas ?
— Oui, répond-elle tristement. J'ai besoin d'un peu de temps pour me remettre. Jack va me téléporter dans notre bunker à Lebanon. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Tu sais que je serais toujours là pour toi.
Je reste muet, et la laisse quitter la chambre. Une partie de moi aimerait la retenir pour lui montrer que je l'aime. Mais une autre me contraint à ne pas le faire parce que j'ai aussi envie de lui hurler dessus pour qu'elle comprenne vraiment à quel point elle m'a blessée.
Je me laisse tomber sur le matelas, en poussant un profond soupir exagéré. Quand est-ce que ces problèmes cesseront, et qu'on reprendra nos bonne vieilles Chasses ?

— John ? m'appelle Claire depuis l'entrée de la chambre.
Je tourne la tête vers elle, las. Je ne l'ai pas entendue approcher.
— Je peux entrer ?
Je hausse les épaules, complètement lessivé. J'ai l'impression d'avoir passé ma journée à gueuler, alors que je n'ai passé que deux minutes en présence de maman.
Elle entre dans la chambre sans faire de bruit, et ferme la porte derrière elle. Elle s'approche du lit et s'allonge sur son flanc en travers du matelas, juste à côté de moi. Elle replie son bras sous sa tête, et je l'imite silencieusement.
— Ça va ? s'inquiète-t-elle en dessinant un pli entre ses deux sourcils.
Je sens une boule me serrer la gorge, tandis que je la regarde dans les yeux.
— Non... soufflé-je. Non, ça ne va pas.
Sans crier gare, je me mets à pleurer devant elle. J'aurais préféré que ça n'arrive pas quand elle est là. On m'a toujours appris à ne pas pleurer devant tout le monde. Une femme a besoin de voir un homme fort. Pas un homme qui pleure. Que va-t-elle penser de moi, alors que je ne laisse jamais rien transparaître en général ?
— Hé ! Ce n'est rien ! s'exclame-t-elle alors avant de me prendre dans ses bras.
Pas de geste de répulsion, juste une sincère inquiétude pour moi.
— Je t'en fais pas, je suis là.
Je m'accroche à elle, comme une bouée en pleine mer. Je n'aime pas pleurer devant elle, pourtant ça me fait du bien de me laisser aller. Elle me serre fort contre elle, comme si elle n'avait jamais vu un homme craquer. J'en éprouve une certaine honte. J'aurais préféré faire comme mon père et descendre une bouteille de whisky, au lieu de montrer à quel point de suis désemparé.
J'essaye de m'éloigner d'elle pour me calmer, mais elle me retient en resserrant son étreinte autour de moi. Je reste donc là, à attendre que mes larmes cessent de couler.

Au bout d'un moment, qui me semble être une éternité, je passe mes bras autour d'elle et la serre dans mes bras pour la remercier pour ce moment de relâchement. Elle lève la tête avant de m'embrasser en douceur en me souriant, puis elle se blottit contre moi. Je pose mon front contre le sommet de son crâne, et ferme les yeux, profitant de ce moment contre elle. Je ne me doutais pas que c'était ça le Paradis. Je sais enfin ce que mon père a ressenti quand il a prit maman dans ses bras pour la première fois. Un sentiment de liberté, de béatitude, de calme, et de sérénité. Jamais je n'aurais cru connaître ces sentiments un jour. Pourtant, c'est avec une Chasseuse que je le connais enfin. 

Nephilim Chapitre 3 (Supernatural Fanfiction VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant