CHAPITRE TRENTE-SEPT

60 5 0
                                    

Dean

Lorsque nous arrivons au chalet indiqué par Jack, tout est calme. Je gare ma voiture derrière celle d'Adam, et coupe le moteur en restant assit dans mon siège, hésitant.
Et si Astaroth nous avait menti pour nous torturer, et qu'elle ne savait pas où se trouvait notre frère ? Nous en voudra-t-il de l'avoir retrouvé ? Ou sera-t-il content de nous voir au point de faire la paix avec nous ?
Cependant, malgré le bruit de nos moteurs et des roues sur le gravier, la porte de la maisonnette ne s'est pas ouverte.
— Ça va aller, Dean ? Je suis là, murmure ma femme en posant sa main sur la mienne en guise de soutiens.
Je tourne les yeux vers elle, et sourit en coin d'un air las. Je lui embrasse de front, et ouvre la portière avant de descendre de ma voiture.
Mon frère me rejoint, et pose une main sur mon épaule.
— Tu veux que j'y aille seul ?
— Non. C'est ma faute s'il est parti du bunker, à moi d'assumer mon erreur.
Je prends une grande inspiration, et avance vers la maison d'un pas incertain. Si je pouvais faire demi-tour en courant pour ne pas avoir à assumer la réalité à laquelle je vais sans doute être confronté, je le ferais sans hésiter. Seulement voilà, je le dois à Adam, que je n'ai pas su protéger.
Je gravis les trois marches me conduisant au porche, et plus j'approche de la porte d'entrée, plus mon coeur s'accélère. Que vais-je trouver derrière cette porte ? Mon frère nettoyant son arme en me fusillant du regard, devant une bonne bière ? Ou son corps quelque part dans la maison, raide mort ?
— Ouvre la porte, fils ! m'encourage papa d'une voix incertaine.
Je ne suis pas le seul qui redoute ce qu'il va trouver. Adam était son dernier fils. Son seul refuge lorsqu'il voulait un moment stable, une fois par an. Le seul à qui il avait offert la chance de ne pas connaître ces horreurs, les dix-neuf premières années de sa vie, avant d'être tué par une goule et ramené à la vie par Zacharie pour l'Apocalypse. Il n'avait rien demandé de tout ça, pourtant il a été plongé dans le coeur de tous nos problèmes.
Ma main se pose sur la poignée, et le prends une grande inspiration. Il n'est pas rare que je tombe sur des corps, j'ai l'habitude. Mais je ne sais pas comment je vais réagir quand je vais ouvrir cette porte.
Je tourne la poignée lentement, et pousse la porte qui n'est pas verrouillée. Je sais à cet instant que ce n'est pas normal, et que je ne trouverai pas mon frère une bière à la main. Les gongs de la porte coulissent lentement, émettant un grincement digne d'un film d'un vieux film horreur en noir et blanc.
J'entre prudemment. Tout est calme, si ce n'est le vent dans les branches des arbres. Même les oiseaux ont renoncer à chanter, comme s'ils savaient qu'il se trame quelque chose. Je fais quelques pas et vois des sacs en papier de courses, posés sur le sol de la cuisine. L'un des sacs laisse apparaître une tâche sombre, comme si quelque chose de frais avait fondu, comme du beurre par exemple. Je tourne ma tête sur ma droite, et c'est là que je le vois. À moitié étendu au sol, la tête relevée, appuyée contre le mur ; Adam baigne dans son propre sang. Il a un couteau encore enfoncé dans sa poitrine, et ses yeux sont brûlés, comme la fois où la médium Pamela est entré en contact avec Castiel pour la première fois.
Papa me passe à côté, et se fige en voyant Adam.
— Non ! Non ! Non ! s'écrie-t-il d'une voix larmoyante, avant de se précipiter vers le corps de mon jeune frère.
Sam, malgré qu'il en ait vu des cadavres, il pose une main sur sa bouche et sort en courant. Je l'entends dégueuler devant la maison.
Quant à moi, j'ai l'impression que le temps s'est figé autour de moi, et que je suis atteint de surdité soudaine. Tout se passe au ralenti, et je n'entends plus rien en dehors des sanglots étouffés de papa qui s'est à présent agenouillé dans le sang d'Adam pour le prendre dans ses bras.
— Pitié, non... murmuré-t-il en reniflant.
Je m'approche de lui, et pose une main sur son épaule en m'agenouillant.
— Je suis désolé, papa... J'aurais dû le retenir. Je n'aurais pas dû envenimer les choses. J'aurais dû ravaler ma fierté et me taire.
— Ne te rejette pas la faute dessus, fils. Je sais très bien que tu n'aurais pas pu le retenir. Il avait prit sa décision, et que même s'il n'était pas fier de l'admettre, il était un Winchester. Et nous n'en faisons qu'à notre tête.
Je sens une larme couler sur ma joue, et je l'essuie aussitôt après, m'interdisant le luxe de pleurer, alors que j'ai l'impression qu'il est mort par ma faute.
— Dean... murmure mon frère, que je n'ai pas entendu approcher. C'est une brûlure d'ange.
Je fronce les sourcils en réalisant ce que ça veut dire.
— Elle s'est servie des pouvoirs de Lana... soufflé-je en songeant à ma fille qui a dû tout voir, puisqu'elle était en première ligne.
— Elle va s'en vouloir... continue Sammy.
— Il faut qu'on lui rende hommage ! déclare tout à coup papa. Il est hors de question qu'il revienne en étant un esprit. Je ne veux pas qu'il devienne une de ces créatures que l'on Chasse. Il mérite des obsèques de Chasseurs.
— Nous allons le faire, papa ! le rassuré-je. Il n'en était pas prévu autrement.
— Vous savez ce qu'il nous reste à faire... marmonne papa en posant le corps d'Adam. Sam, aide-moi à le poser sur la table en attendant. Dean, cherche-nous des draps. Blancs si possible.
J'acquiesce en silence, et emprunte le couloir sur ma gauche. Une fois que j'atteins une des chambres, je m'appuie contre l'encadrement, et prends une grande inspiration en refoulant les larmes qui menacent de couler une nouvelle fois. Je suis pris d'un vertige, mais ça aussi je ne m'en préoccupe pas. Une fois que j'ai repris le contrôle de mes émotions, je me redresse et vais jusqu'à l'armoire, à la recherche des draps, à la demande de papa.


John

Je me gare sur le parking, juste derrière la voiture de Jody. Par chance, je n'ai pas besoin d'aller jusqu'au bureau du Sheriff, pour lui annoncer tout ce que je veux lui apprendre. Je descends de la voiture au moment même où je reçois un message. Je le sors de ma poche, et m'aperçois qu'il s'agit de maman. Je l'ouvre en soupirant, espérant que ce soit une bonne nouvelle.

De Maman :
Nous avons trouvé Adam. Il est mort.
Fais vite ce que tu as à faire, et rejoins-nous. On va avoir besoin de ton aide. Sois prudent surtout. Je t'aime.

Je soupire en verrouillant, sentant une nouvelle bouffée de colère s'emparer de moi.
— C'est ce qu'on craignait, n'est-ce pas ? me questionne Claire.
Je tourne les yeux vers elle, mais ne lui réponds pas. Je n'en ai pas besoin. Elle a compris à ma tête qu'elle a visé juste.
— Je suis désolée...
Je prends une grande inspiration, et lui souris en douceur pour la remercier silencieusement.

La porte de la maison de Jody s'ouvre, et je la vois sourire, avant qu'il ne disparaisse. Je devine qu'elle a compris que quelque chose de mauvais s'est produit. Elle nous fait entrer, et ferme la porte derrière nous.
— Que se passe-t-il, John ! Tu en fais une tête !
« Et pour cause ! » pensé-je pour moi-même.
— Ouais... murmuré-je. Je dois retourner au près des autres, alors je vais devoir être bref.
— D'accord. Je t'écoute.
Elle fronce les sourcils d'un air inquiet, et croise les bras sur sa poitrine.
— Nous avons retrouvé Lana, et elle a pu être libérée de l'emprise d'Astaroth... annoncé-je d'une voix blanche.
— Mais encore ? Parce que tu ne ferais pas ce genre de tête, si tu avais une bonne nouvelle à m'annoncer.
— En effet... soupiré-je en me frottant la tête avec ma main endolorie.
— Avant qu'on ne parvienne à récupérer Lana, Astaroth est tombé sur Adam, et l'a tué.
— C'est pas vrai... souffle Jody, sous le choc. Adam est mort... ? Mais comment ?
— Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est ce que m'a confirmé maman. Il est mort.
— Mon Dieu... Je suis vraiment désolée.
— Ouais... Hum... Ce n'est pas comme si je le connaissais...
— Ne joue pas à ça avec moi, John Winchester ! Tu es comme ton père, et il a tendance à se renfermer comme tu le fais à cet instant.
Je me fige en levant les yeux vers elle. Parfois les choses seraient plus simple si je ne m'adressais pas à quelqu'un que je connais.
— Et comment va Lana ? Parce que j'imagine qu'elle était en première loge pour voir Astaroth tuer Adam !
Je me rends compte que je n'avais pas pensé à ce détail. Comment va Lana ? Comment se sent-elle, seule, sans aucun soutient de notre part, alors qu'elle a vu Astaroth tuer un membre de notre famille, son meilleur ami depuis qu'elle est revenue de l'enfer ?
— Nous ne le savons pas... avoue Claire en coulant un regard dans ma direction.
— Comment ça, vous ne le savez pas ?
— Tu sais, Jesse ?
— Oui ?
— Il est venu et a réussi à nous débarrasser d'Astaroth en l'exorciser à sa manière.
— Mais il n'avait apparemment pas que ce but en tête ! continué-je. Une fois que Lana a été libérée du démon, il l'a forcé à la suivre. Ce qui fait qu'il est Dieu sait où, avec Lana. Il la voulait comme Reine pour prendre le pouvoir en Enfer, c'est chose faite.
Jody s'approche de moi, et me prend dans ses bras d'un geste maternel. Je me laisse misérablement faire, ne faisant aucun geste de recul. Je n'en ai pas la force.
— Ne t'en fais pas, John. Nous allons trouver une solution pour la ramener. Ne perds pas espoir.
Je hoche la tête platement, et m'écarte d'elle.
— Je vais rejoindre les autres. Nous avons encore la dépouille a Adam, à brûler. Papa voulait que je vienne te mettre au courant des dernières nouvelles, et te demander d'être prudente. Maintenant qu'il a Lana, nous ne lui servons plus à rien.
— Ne t'en fais pas. Je tâcherai de l'être. Et toi, sois prudent sur la route.
J'acquiesce silencieusement, et quitte la maison pour faire route vers la sortir de Sioux Falls. 

Nephilim Chapitre 3 (Supernatural Fanfiction VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant