CHAPITRE QUARANTE-DEUX

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Lana

J'ignore depuis combien de temps nous sommes là, à nous toiser avec détermination. J'ignore même pourquoi il ne m'a pas renvoyé dans mes appartements, puisque manifestement je ne suis pas encline à coopérer.
Puis au bout de quelques minutes, il soupire et se dirige vers la grande table dressée spécialement pour nous. Je n'en reviens pas qu'il ait entreposé autant de choses à manger, alors que je ne veux pas partager le repas avec lui.
Tout à coup, mon ventre se met à gargouiller, lorsque je sens l'odeur du poulet rôtis. Jesse qui semble avoir entendu, se met à rire en tournant les yeux vers moi.
— On dirait que tu as faim. Joins-toi à moi.
— Sans façon.
— Pourquoi pas ?
— Parce que je refuse de manger quoi que ce soit, alors que Castiel est en train de mourir de faim dans ta chambre.
Il plisse les yeux en soupirant.
— Seras-tu plus encline à coopérer, si je lui fait apporter de quoi manger ?
Je croise les bras sur ma poitrine en fronçant les sourcils.
— D'après toi ?
Il sourit d'un air amusé.
— Tu veux connaître mon avis ? Eh bien, je pense que tu me fait croire que tu es prête à coopérer si j'accepte tes négociations. Cependant, je pense que lorsque j'aurais répondu à ta requête, tu refuseras de remplir ta part du marché.
Je rougis, surprise qu'il ait deviné quelles étaient mes intentions.
— Mais soit ! Je t'en prie, prépare une assiette pour Castiel. Je la lui ferais apporter.
— Qu'est-ce qui me prouve que tu le feras vraiment ?
— Je t'en donne ma parole.
— La parole d'un démon... Qui voudrait y croire ?
Il soupire et fait appeler un démon. L'un d'eux rapplique en courant presque, et nous regarde tour à tour, inquiet.
— Ta Reine — je frémis de dégoût — va préparer une assiette pour notre prisonnier. Assure-toi qu'elle lui parvienne. Si Lana me dit qu'il n'a pas eu son repas, elle aura le loisir de faire de toi ce qu'elle veut. Tu m'as compris ?
— Oui, maître ! répond le démon, inquiet.
— Je t'en prie Lana, me sourit Jesse, prépare cette assiette pour Castiel.
J'avance prudemment vers la table, et prend une assiette que je remplis le plus possible pour que Castiel puisse manger un maximum. Une fois qu'elle est peine à déborder, je la tends au démon qui s'empresse de partir en vitesse.
Je tourne alors les yeux vers Jesse et commence à partir, mais celui-ci s'approche de moi rapidement pour me saisir par le poignet.
Je me fige, et me tourne vers lui en fronçant les sourcils.
— Où comptes-tu aller ?
— Je retourne au près de Castiel.
— Joins-toi à moi. S'il te plaît.
Je soupire en levant les yeux au ciel. Je peux au moins manger un peu, puisqu'il a fait l'effort de donner à manger à Castiel. Je le suis jusqu'à une place où il tire ma chaise, mais décidée à le contrarier jusqu'au bout, je vais l'installer à une nouvelle place. Il ne répond pas à ma provocation, et retourne s'asseoir à sa place. Je remarque alors que je viens de refuser la chaise la plus éloignée de lui, et m'asseoir par conséquent, à celle qui est le plus proche de lui. Ça m'apprendra de vouloir faire la maligne.
Il me sourit d'un air amusé, et je soupire en roulant des yeux. Je n'ai décidément pas de chance. Du coin de l'oeil, je vois un démon me fusiller du regard, comme tout à l'heure dans la salle de bain. Je retiens un frisson, et détourne le regard.
— Je t'en prie, mange ! m'invite Jesse, qui ne semble pas avoir remarqué mon état soudain.
Sans lui accorder un regard, je pose les yeux sur mon assiette, quand un démon me remplit mon assiette. Je sursaute de surprise en le fusillant du regard, et tourne les yeux vers Jesse qui n'a pas perdu son sourire.
Je ne prends pas la peine de remercier le démon. De toute manière, pourquoi le ferais-je ? Je ne suis pas hypocrite. Il sait que je ne le porte pas dans mon coeur, et qu'à la première minute où j'en aurais l'occasion, je le tuerai.
Une fois que le démon a terminé de nous servir, il se mets en retrait et se fait vite oublier.
Jesse prend sa fourchette, et mange un choux de Bruxelles. Quand je dis que ce mec n'est pas normal. Qui aime les choix de Bruxelles, franchement ?
Je prends un morceaux de viande, que je mange doucement. Ne sachant pas quand sera mon prochain repas, je préfère prendre mon temps à manger, pour ne pas avoir faim plus tard.
— C'est bon ? me demande-t-il en me regardant en coin.
Je hausse les épaules pour lui donner l'impression que je m'en moque, alors que tout ce dont j'ai envie, c'est me jeter sur l'assiette.
— Bien dormi cette nuit ?
Encore un haussement d'épaule de ma part. Cependant, il ne s'en formalise pas.
— Tu sais ce qui me plaît ?
Je lui jette un coup d'oeil silencieusement, dans l'attente de sa réponse. Si ça ne tenait qu'à moi, je dirais que c'est cette situation qui lui plaît. Mais je suis certaine que ce n'est pas la réponse qu'il a en tête.
— L'idée que tu as dormi dans mon lit.
Je me dois de corriger ça, ne serait-ce que pour voir la déception peindre ses traits.
— C'est Castiel qui a dormi dans ton lit.
Pas manqué ! Il tourne les yeux vers moi en fronçant les sourcils.
— Pourquoi a-t-il dormi dans mon lit ? Où as-tu dormi ?
— Sur le canapé.
— Ce n'est pas poli de faire dormir une femme sur le divan.
— Ni d'y faire dormi un homme blessé. Si tes lèche-bottes n'avaient pas traités Castiel de cette manière il aurait été en meilleur état, et alors à ce moment-là les choses auraient été différentes.
Son regard s'illumine en entendant ça, et je regrette aussitôt mes paroles.
— Si je comprends bien, tu aurais dormi dans mon lit si Castiel n'avait pas eu besoin de soin. Intéressant...
— Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je me suis mal exprimé. J'ai oublié d'ajouter le peut-être.
— Qu'importe. Un peut-être n'est pas un non.
Je soupire en secouant la tête. J'aurais dû tourner trois fois ma langue dans ma bouche, avant de parler.
— J'aurais besoin de toi, demain.
Je lève les yeux vers lui, surprise. Je ne lui pourtant rien dit, qui lui permette de penser que je serais prête à lui rendre un service. À moins qu'il ait prit l'acceptation de ce repas, comme une invitation à m'en demander plus... Décidément, je ne fais rien comme il faut.
— Je rallie les troupes d'Astaroth aux miennes. Et pour cela, j'ai besoin de ton visage. Ils savent que leur Reine est morte, mais probablement pas que je suis avec un Nephilim.
Je reste silencieuse, et serre les dents. Il va vraiment falloir que je trouve un moyen de lui montrer que je ne suis pas avec lui, et que je n'ai pas l'intention d'être sa Reine.

À la fin du repas, je me lève et commence à m'éloigner de la table, quand il interpelle le démon qui se tient à côté de moi, prêt à me ramener à la chambre.
— Trouve-toi une autre occupation. Je vais moi-même raccompagner Lana à sa chambre.
Je fronce les sourcils sans comprendre. À la limite, à choisir, je préfère de loin la compagnie de ce démon à celle de Jesse. Au moins, je ne me sens pas mal à l'aise par l'hostilité que me manifeste le démon. Quant à lui, Jesse à tendant à me regarder avec trop d'insistance, comme s'il s'attendait à me voir faire un triple salto avant, ou à danser la Macarena. Il peut toujours attendre...
— Après toi.
Je reste impassible à cette galanterie soudaine, et lui passe devant comme si de rien n'était. Nous marchons côté à côte jusqu'à la chambre, tandis que je réfléchis à un plan pour lui montrer qu'il est hors de question que je coopère avec lui. Ayant des pouvoirs, il me sentira rapidement si j'entre dans sa chambre pour récupérer sa Grace. Même si c'est en faisant semblant de m'intéresser a lui. Je me ferais rapidement pincer, et adieu mon unique chance de sortir Castiel de là. Non... il faut que je sois plus maligne que lui. Que je lui montre que je n'en ai rien à faire ce que qu'il compte me faire si jamais je lui désobéis. Je suis prête à prendre le risque qu'il s'en prenne à moi, si ça peut aider Castiel à sortir de là, le plus vite possible.
Je soupire d'un air décidé. Je vais prendre le risque que Jesse me fasse du mal pour que Castiel soit en sécurité, jusqu'à ce qu'il récupère sa Grace.

Je suis tirée de mes pensées, lorsque nous nous arrêtons devant une porte. Je sais sans peine que c'est ici que m'attend Castiel.
— Merci pour ce repas, Lana, me sourit Jesse. Ça me soulage que tu aies coopéré.
« Autrement dit, ça me soulage que je ne t'ai pas torturé pour parvenir à mes fins ! » pensé-je. Mais avant que je n'ai le temps de répliquer quoi que ce soit, il se jette sur mes lèvres si vite, que je n'ai pas le temps de réagir. Surprise, je hausse les sourcils avant de le repousser en posant mes mains sur sa poitrine.
— Wow ! Qu'est-ce que tu fais, au juste ?
— Désolé, après le repas que nous avons passé, je pensais que si tu ne m'avais pas jeté ton assiette à la figure, c'est parce que finalement tu acceptais d'être avec moi.
« C'était donc ça la meilleure solution ? J'aurais dû y penser ! Moi qui aurait pris un tel plaisir à le faire ! » pensé-je.
— Eh donc du coup tu t'es dit, chouette je vais pouvoir l'embrasser ! lui reproché-je en fronçant les sourcils. Je n'ai pas fait ça pour toi, mais pour Castiel que tu menaces à chaque fois que je ne fais rien de ce que tu as décidé !
Il soupire en se grattant la tête.
— La prochaine fois, puisque tu interprètes mon calme pour une invitation, je te balancerai mon repas à la figure ! Comme ça, ça te mettre les poings sur les « i » ! Non mais je rêve !
Il fronce tout à coup les sourcils, n'appréciant pas ce que je viens de lui dire.
— N'oublie pas. Demain, salle du trône pour le rassemblement des démons.
— Comme si un de tes toutous ne viendra pas me chercher, histoire que je ne te tourne pas au ridicule devant ces lèche-bottes !
Je pose ma main sur la poignée de la porte, puis me ravise en me tournant vers lui.
— Toi et moi, ne sommes rien l'un pour l'autre. Tu es mon kidnappeur et je suis ta victime, bien que ça me coûte de reconnaître que j'en suis une. Mais je ne serais jamais ta petite amie ou Reine... ou peu importe le nom que tu veux me donner. Si je suis ici, ce n'est pas par choix, mais parce que tu me l'as imposé. Et sois certain que je ne raterai pas une occasion de te le rappeler.
Sur ces mots, je lui tourne le dos et entre dans la chambre avant de lui claquer la porte au nez. Je pousse un profond soupire pour relâcher la tension, puis ricane.
— Tu ne devineras jamais ce que le Cambion vient de me faire ! m'exclamé-je à l'adresse de Castiel.
Je me tourne vers lui, et le retrouve assit contre la tête de lit, inconscient. 

Nephilim Chapitre 3 (Supernatural Fanfiction VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant