Le silence d'une âme

2.

Après une journée aux urgences, je sors enfin de l'hôpital. Il fait déjà nuit, dehors. Il n'y aura pas de bus... je me mets alors sur la route en attendant de voir un taxi. D'un coup, je vois une voiture noire s'arrêter devant moi. Le chauffeur en sort. C'est le chauffeur de mes frères.

- Nihan hanim (madame Nihan), montez s'il vous plaît. Me dit-il.

Voyant que je n'ai pas d'autres choix, je monte. Je n'aime pas quand mes frères m'envoient leur chauffeur, je leur ai dis plus d'une fois, mais bon...

Peu après, on arrive devant ma maison. Je descends de la voiture puis entre à l'intérieur. Je sonne à la porte, et c'est mon frère Eymen qui m'ouvre. En rentrant à l'intérieur, je remarque un homme et une femme. Je ne les avais jamais vu, avant.

- Nihan, viens, je te présente Ryad, mon collègue, et sa soeur Inaya. Me dit Serhat.

- Enchanté. Dis-je en souriant.

Ils hochent leur tête.

- On a déjà mangé puisqu'il se faisait tard, tu peux aller manger dans la cuisine. Me dit mon frère.

Je hoche la tête, puis va dans la cuisine. Je chauffe ma nourriture, puis commence à manger. Une fois finis, je vois Inaya venir.

- Ils ont commencés à parler de travail, du coup je suis venue te voir. Dit-elle en riant. Mais si ça te dérange...

- Non, non, du tout ! Viens, assis toi. Lui dis-je.

Alors elle vient s'asseoir à côté de moi.

- Tu t'appelles Nihan, c'est ça ? Me demande-t-elle.

Je hoche la tête.

- Et toi, c'est Inaya ? Lui dis-je.

Elle hoche la tête.

- Tes frères nous ont dit que tu es médecin. Me dit-elle. À vrai dire, tant mieux, tant que tu es loin de leurs affaires !

- T'as raison... mais ce serait encore mieux si mes frères quittaient ce milieu. Dis-je en grimaçant.

Elle me regarde tristement.

- Ce jour arrivera, in shaa Allah. M'assure-t-elle. Un jour, ils quitteront tout comme l'a fait mon frère Ryad.

- In shaa Allah... qu'est-ce qui a poussé ton frère a tout quitter ? Lui demandais-je.

Elle baisse la tête. Ça doit être un sujet sensible pour elle...

- C'est une longue histoire. Me dit-elle. Mais en résumé, mon frère a faillit me perdre.

Je baisse la tête à mon tour. C'est ce dont j'ai peur. J'ai peur qu'il faut qu'un d'entre nous meurt ou soit en danger pour que mes frères réalisent que leur chemin est mauvais.

- J'ai aimé son ennemi. Son ennemi devait me tuer ou tuer mon frère pour une vengeance. Je me suis fais passer pour une personne que je ne suis pas... M'explique-t-elle. Et quand l'homme que j'aime m'a découverte, il a pointé son arme sur moi. Mon frère a tout entendu au téléphone.

Je reste bouche-bée. Mes frères seraient devenus fou... Je lève la tête vers Inaya, elle a les larmes aux yeux.

- J'allais me faire tuer par l'homme que j'aime et mon frère... Comment est-ce qu'il allait vivre ? J'avais peur qu'il se fasse quelque chose, après ma mort. Dit-elle. Mais... tout a bien fini. Cet homme n'a pas pu tirer. Il a pris ma main dans la sienne, et il est devenu mon mari, père de mon futur enfant.

Je lui souris et prend sa main dans la mienne.

- Comme tu peux le comprendre, j'ai dû traverser tout ça, pour que les deux quittent leurs affaires. Me dit-elle. J'espère que toi, tu auras une plus belle histoire. Enfin, j'ai trop parlé ! Parle moi de toi, un peu.

- Je n'ai pas grand chose à dire... dis-je en haussant des épaules. Mes frères Eymen et Serhat sont ma seule famille, j'ai grandis avec eux à l'orphelinat et j'ai été élevée par mon professeur de l'hôpital.

- On n'a pas de chances avec nos parents, toutes les deux. Me dit-elle. On ne les a pas réellement connu...

Je hoche la tête.

- Mais ce n'est pas plus mal pour moi. Lui dis-je. J'ai grandis avec mes frères. Je n'ai pas besoin de ceux qui nous ont abandonnés.

- Ils ne sont pas morts ? Me demande-t-elle.

- Ils sont probablement en vie. Dis-je avec indifférence. Je ne cherche pas à savoir.

Elle hoche la tête. Voyant que je ne voulais pas parler de ça, elle change de sujet.

- Sinon, tu as quelqu'un dans ta vie ? Me demande-t-elle.

Je secoue ma tête.

- Inaya ! On va partir. Crie son frère.

Elle se lève alors, puis s'approche de moi.

- Ne tombe jamais amoureuse de l'ennemi de tes frères... sauf si t'aimes les difficultés. Me chuchote-t-elle en riant.

Je ris en secouant ma tête. Ça n'arrivera jamais. J'accompagne Inaya jusqu'au salon, puis la salue avec son frère, avant qu'ils ne partent. Une fois partis, je me tourne vers mes frères.

- Eymen abi, Serhat abi, je monte dans ma chambre. Je dois préparer mon opération pour demain. Leur dis-je.

Ils hochent la tête puis je monte dans ma chambre. Je sors les feuilles et livres dont j'en aurais besoin, j'ouvre la lumière de ma lampe et m'assois. Alors que je venais à peine de commencer, je vois Eymen venir.

- Nihan, je dois te poser une question. Me dit-il.

Je le regarde pour qu'il continue.

- Tu vas opérer qui ? Demande-t-il.

- Abi... tu sais que je ne peux rien te dire sur mes patients. Lui dis-je.

Il s'assoit près de moi.

- Je sais mais c'est important, Nihan, sinon je ne te l'aurais pas demandé. Dis moi... Qui est-ce ? Me demande-t-il avec insistance.

Je reste silencieuse. Je ne peux pas.

- Est-ce que cette personne a une tumeur au poumon ? Me dit-il.

Je lève la tête vers lui. Comment le sait-il ? Je ne réponds pas. Il soupire alors. Il a compris.

- C'est bien ce que je pensais... Dit-il en soupirant. Nihan... Je vais te demander un service. C'est une question de vie ou de mort.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il peut bien me demander ?

- Nihan, cet homme... commence-t-il. Cet homme ne doit pas sortir vivant de cette opération.