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- Au salon. Me dit-il en sortant de ma chambre.

Il descend et je cours derrière lui pour le rattraper. Arrivé au salon, il se tourne vers moi.

- Abi, ce n'est pas ce que tu crois ! Lui dis-je, inquiète.

- Je me doutais qu'il y avait quelque chose entre vous. M'avoue-t-il. Mais j'espérais que ça ne soit qu'une impression. Je te faisais confiance, Nihan...

- Abi, je te promets qu'on n'a rien fait de mal... lui dis-je faiblement.

Je vois dans son regard un mélange de colère et de déception.

- Serhat abi... ne me regarde pas comme ça. Dis-je les larmes aux yeux. J'allais tout t'avouer, mais je n'étais pas prête. Abi...

- Nihan ! C'est mon ennemi ! Dit-il en haussant sa voix. Tu es ma soeur ! Il ne peut jamais rien avoir entre vous, compris ?

Je secoue ma tête.

- Abi, écoute moi... je l'aime et- Commençais-je.

- N'ose pas le dire. Me dit-il froidement. Tu ne peux pas l'aimer ! Ma sœur n'a rien à faire avec un homme comme lui. Nihan, tu vas m'obéir et tu ne le reverras plus.

Mon cœur se serre à l'entente de ces mots. Je ne peux plus faire marche arrière avec Rüzgar, je ne peux plus imaginer ma vie sans lui. Je n'attendais qu'un chose est c'est d'être son épouse, je n'imagine pas l'abandonner.

- Abi, je ne peux pas. C'est au-delà de mes forces. Lui dis-je en baissant des yeux.

Il me regarde comme s'il ne me reconnaissait pas devant lui. Au même moment, Eymen arrive.  

- ... Tant que tu resteras avec lui, je ne te considère plus comme ma soeur. Me dit-il.

- Serhat ! Dit Eymen.

Il fait les gros yeux, comme si ces mots lui ont échappés. Mon grand frère... Ses mots me font plus mal qu'un poignard.

- ... Tu sais, abi ? Tu m'avais toujours dis que tu cherchais nos parents mais que tu ne les a jamais trouvé. Je sais que tu pouvais les trouver, si tu voulais. Mais tu ne voulais pas. Pourquoi ? Lui dis-je faiblement. Parce qu'ils nous ont abandonnés ! Tu leurs en voulais... Maintenant tu vas me faire la même chose ? Tu vas m'abandonner parce que j'ai aimée quelqu'un ?

Il me regarde sans rien dire.

- C'est tombé sur Rüzgar, abi. Dis-je les larmes aux yeux. Tu ne sais pas comment je me suis torturée l'esprit quand je me suis rendue compte qu'il était important pour moi. J'ai longtemps lutté contre moi-même mais j'ai perdue. Je ne voulais pas vous décevoir, mais je ne voulais pas abandonner l'homme que j'aime. Je suis désolé de ne pas aimer la personne que tu veux, mais mon coeur l'a choisi et je n'y peux rien.

Et sans plus attendre, je monte dans ma chambre en courant. J'entends seulement Eymen faire la morale à Serhat, en lui disant à quel point il a été dur avec moi. D'une part, je me sens plus légère avec un secret en moins mais voir mes frères autant déçus... Je prends mon téléphone et appelle Inaya et Eylem. Elles sauront me conseiller.

- Nihan... Entendis-je.

Je relève ma tête et vois Serhat. Il rentre dans ma chambre et s'assoit à côté de moi. Je baisse les yeux, je n'ose pas le regarder dans les yeux. En le voyant ici, j'ai compris que sa discussion avec Eymen lui a donné des remords.

- Je suis désolé, mon coeur. Je n'aurais jamais dû dire ça. Me dit-il doucement. Mais comprends moi, l'inimité entre Rüzgar et moi ne datent pas d'hier. Et j'ai peur qu'il te fasse du mal par rapport à la raison de cette haine.

- Si cette raison est Meryem, alors je connais l'histoire. Lui avouais-je.

Il lève ses yeux vers moi, surpris.

- Il a dû te parler de moi en mal. Me dit-il. Tu es en colère contre moi, n'est-ce pas ?

Je secoue ma tête.

- Il m'a raconté l'histoire de son point de vue. Mais je ne connais pas le tien. Lui dis-je doucement. Je sais que mon frère ne fera jamais de mal à une femme.

Il me regarde avec tristesse et douceur.

- Je me suis marié avec Meryem à mes vingt-et-un ans. Me raconte-t-il. Toi, tu passais le concours de ta première année de médecine, donc je te laissais dans tes révisions. J'allais te l'annoncer après tes résultats... Nos premiers jours étaient magnifiques. Je l'aimais et elle m'aimait, puis on décide d'aller en lune de miel.

Et c'est là que tout a commencé...

- Un soir, un de mes grands ennemis m'a attrapé. J'étais prêt à ce qu'il me tue, mais il m'a proposé autre chose : Meryem... ou toi. Continue-t-il, je fais les gros yeux. Il avait vu Meryem et l'a voulu. A ce moment-là, je n'étais pas aussi puissant qu'aujourd'hui, alors j'étais contraint de lâcher ma femme. Je lui ai laissé un mot pour qu'elle ne s'inquiète pas avec de l'argent pour qu'elle puisse rentrer saine et sauve.

Je le regarde avec surprise et tristesse, ça devait être tellement dur pour lui...

- J'aimais Meryem, mais toi... Toi, tu es ma petite soeur, mon coeur. Dit-il les larmes aux yeux avec la voix brisée. J'aurais préféré qu'on me tire une balle dans la tête, plutôt que te laisser mourir. Tu es ma seule soeur, mon trésor, tout ce que j'ai dans cette vie. Je n'aurais pas supporté ta mort. Et je le dis encore plus maintenant, parce que je l'ai vécu en Italie. Quand on m'a annoncé que tu es décédée, je n'arrivais plus à vivre... Je ne voulais plus vivre.

Sans plus attendre, je le prends dans mes bras. Il a tellement souffert mon frère, et il n'a rien dis. J'étais tellement concentrée dans mes études que je n'ai pas vu la peine dans ses yeux... J'aimerais tellement lui dire que Meryem est en vie pour le rendre heureux, mais je ne peux pas sans l'autorisation de Rüzgar.

Et j'ai bien fais de ne pas avoir jugé mon frère trop vite, il n'a aucune faute dans cette histoire. Je suis sûr que si Rüzgar l'écoutait, il aurait compris. Depuis tout ce temps, ils se détestent à cause d'un malentendu... Et Rüzgar ne va certainement pas croire mon frère, mais j'ai trouvée une solution. Je dois trouver cet homme qui a menacé mon frère, s'il est encore en vie... Si je le trouve et qu'il parle, ce sera l'ultime étape avant la paix définitive entre mes frères et l'homme que j'aime.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant