23.

423 23 0
                                    

Après que Rüzgar soit partie, je monte dans ma chambre. Je me mets à ma fenêtre, et regarde le ciel.

- Aujourd'hui, Rüzgar est venu demander ma main... Pour de faux, bien-sûr. Dis-je doucement. Il ne cessait de me regarder, et à vrai dire, moi non plus. Mes yeux ne se détachaient pas de lui. Qu'est-ce que ça signifie ?

Je me mets à soupirer.

- Tout le monde a la réponse à cette question, n'est-ce pas ? Dis-je en grimaçant. Mais moi, je ne suis pas prête à l'entendre. Mon coeur n'est pas prêt à l'entendre.

J'ai pris l'habitude, à chaque soir, de me mettre à la fenêtre et vider tout ce que j'ai sur le coeur. Ces fleurs, ces étoiles, ces arbres à laquelle je conte ma vie ont pris la place des bras de ma mère.

Je finis par me lever et sortir de ma chambre. Je ne veux plus penser à tout ça. Mais avant de descendre, j'entends mes frères parler du mariage. Je me fais discrète et tends l'oreille.

- Il nous a bien humilié aujourd'hui, je vais lui rendre la pareille. Dit Serhat.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? Lui demande Eymen.

- Pendant le mariage... Il y aura une fusillade. Répond-il. Tout le monde mourra, Rüzgar, son homme Enes, Kemal, le grand patron. Tous.

Je me mets ma main sur ma bouche.

- Serhat, et Nihan ? Lui dit Eymen.

- La fusillade se passera avant que l'on arrive. Dit-il. On ira jamais à cette salle, nous trois. Je ferais de faux passeports, et on changera de pays.

J'en ai trop entendu. Je monte rapidement dans ma chambre. Je sens ma tête tourner. Donc ce mariage est destiné à être un bain de sang... Plus j'y pense, plus j'en ai des nausées. Et je sais que quoi que je fasse, je ne pourrais pas arrêter mes frères.

Je ne veux pas que ces gens meurent, qu'ils soient bons ou mauvais. Et je ne veux pas que Rüzgar meurt du tout. Je dois le prévenir, mais si je le préviens, il fera un plan contre mes frères. La seule solution est que Rüzgar abandonne ce mariage.

- Off ! Mon Seigneur, montre moi le chemin ! Dis-je en chuchotant.

RÜZGAR

Je rentre dans mon bureau, en fermant la porte à clé. Cette soirée est enfin fini. Il ne reste plus qu'à fixer la date du mariage. Je dois bien réfléchir dessus, parce que cette date sera le dernier jour de ma vengeance.

- Enes. L'appelais-je.

Peu après, la porte s'ouvre sur lui.

- Trouve moi les parents de Nihan. Lui dis-je.

Il fronce les sourcils, mais finis par hocher la tête. Je me dis, peut-être que ses parents l'ont abandonnés par contrainte. Si c'est le cas, je pense qu'elle sera heureuse de les voir, et pourra les pardonner.

Sinon, ça ne fera qu'ajouter des problèmes à Serhat et Eymen, donc c'est parfait. Bref, je me tourne vers le côté et tombe sur l'image de ma mère. Je bloque dessus quelques secondes... Ma mère ne serait pas fière de moi, je le sais.

- Pardonne moi, anne (maman). Dis-je doucement. Mais je veux qu'ils sachent qu'on ne fait pas de mal à mes êtres chers.

Je prends l'image entre mes mains et la caresse avec mon doigt.

- Une fois cette vengeance fini, ce sera au tour de ton bourreau. Dis-je. Cet homme... Mon père... Il regrettera d'avoir levé la main sur toi.

Oui, mon père est encore en vie. J'ai dis à Nihan que je l'ai tué, au cas où elle le dirait à ses frères. Je veux qu'ils ne connaissent rien de moi, et de ma famille. Puis, je n'ai pas vraiment mentis... Je vais bientôt retrouver mon géniteur et je le tuerais.

- Rüzgar, je t'aime beaucoup, mon fils. Me dit ma mère.

- Je t'aime aussi, anne. Dis-je en souriant.

Elle me caresse les cheveux, jusqu'à ce que je m'endorme dans ses bras.

...

Dès que la porte d'entrée se ferme, ma mère me réveille.

- Maman, où est-ce qu'on va ? Lui demandais-je, fatigué.

- On part en vacances, mon fils. Me dit-elle.

Elle range mes habits dans un sac, puis me prend par la main. Elle m'habille rapidement, et allait sortir, avant que la porte ne s'ouvre.

- Meliha ? Lui dit mon père. Où est-ce que tu vas, comme ça ?

Mon père puait l'alcool, et avait une bouteille dans la main. Il a encore bu.

- Nul part, Ömer... Dit-elle doucement.

Ses yeux deviennent noirs, puis il attrape ma mère par les cheveux. Il l'entraîne jusqu'au salon, puis la frappe. Ma mère se protège avec ses mains, tout en pleurant.

Moi, je les regarde, terrorisé. Je ne savais pas quoi faire, alors je pleurais. Encore et encore. Je ne pouvais pas sauver ma mère des mains de ce monstre.

- Lâche moi ! Crie-t-elle en pleurant.

- Anne ! Dis-je en sanglotant.

Mon père continue à la frapper, jusqu'à ce que l'on entende plus la voix de ma mère. Elle ne bouge plus. Son regard est seulement tourné vers ma direction, avec un faible sourire dessiné sur son visage maigre.

- Anne... Dis-je, d'une faible voix. Anne !

Je serres les poings. Je ne m'appelle pas Rüzgar si je ne lui fais pas subir un milliard de fois pire que ce qu'il a fait subir à ma pauvre mère. Je ne m'appelle pas Rüzgar si je ne tue pas l'homme qui a laissé en moi que le seul souvenir d'une mère battu, que d'un sourire apaisé de pouvoir enfin être libre et des yeux larmoyants, qui se sont éteints face au visage d'un enfant apeuré.

Je repose la photo de ma mère devant moi, et prend mon ordinateur. En pensant à ma vengeance envers la famille Kaya, j'ai arrêté de rechercher mon géniteur. L'affaire avec Nihan est bientôt finis, alors sans perdre de temps, je vais trouver ses traces.

Une fois trouvé, je perdrais ma conscience, je perdrais tout empathie, tout le bien en moi, pour laisser ma colère me guider. Je vais tenir ma promesse, mon géniteur ne mourra que de mes mains. Son fils sera sa fin.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant