Plusieurs heures sont passés, et je suis toujours chez Rüzgar. Il m'a tellement réconforté... je me sens beaucoup mieux à présent, et je me sens prête à affronter mes géniteurs et cette vérité qu'ils nous ont cachés. J'appelle alors Serhat.
- Nihan ? T'es où ? Me demande-t-il.
- Je te dirais plus tard, abi. Lui dis-je. Est-ce que tu as l'adresse de... De nos parents ?
Il reste silencieux pendant quelques secondes puis je l'entends soupirer.
- Je l'ai. Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Demande-t-il.
- Abi, promis, je te dirais tout mais envoie la moi. Dis-je.
Il me répond d'accord puis m'envoie l'adresse en message. Je le remercie puis raccroche. Leur adresse n'est pas si loin que ça.
- Nihan, je viens avec toi. Me prévient Rüzgar.
Je hoche la tête. Je ne voulais pas y aller seule, de toute façon. Je sors alors de chez lui puis nous y allons à pied. Ils vivent dans un appartement, ils ont dû le louer pour quelques jours.
- Nihan... je devrais peut-être t'attendre ici. Me dit Rüzgar en grimaçant. Ils peuvent dire à tes frères que je t'ai accompagné et tu auras des problèmes à cause de moi.
- Rüzgar, je n'y pense même pas. Lui dis-je. J'ai juste besoin que tu sois à mes côtés.
Il hoche la tête puis m'embrasse le front. Je rentre ensuite à l'intérieur du bâtiment et monte à leur étage. Après avoir trouvé leur porte, je toque.
La porte s'ouvre, peu après. Cette femme me regarde avec surprise, ne s'attendant sûrement pas que je vienne à sa porte. Elle allait me prendre dans ses bras mais je recule.
- Je suis venue parler. Leur dis-je.
Ils hochent la tête puis je rentre avec Rüzgar. Ils nous emmènent dans le salon où l'on s'assoit.
- Je ne suis pas ici pour longtemps, mais je veux connaître la vérité. Leur avouais-je. Je veux savoir... pourquoi ? Pourquoi nous avoir abandonnés ? Dites le moi, en toute honnêteté, sans mensonge.
Ils se regardent puis hochent leurs têtes. Mon ventre se noue en attendant leur récit. J'ai peur de ce que je vais entendre... Peut-être que la vérité est pire que ce que je pensais.
- Les affaires illégales que font tes frères... j'y suis aussi. Commence cet homme. À mes débuts, j'ai eu tes frères. Nous n'avions pas beaucoup d'argents, mais je savais que c'était parce que j'étais au début de ce chemin. La suite sera plus... brillante. Avec tes frères, nous avions seulement de quoi nous nourrir. Ta mère retombe alors enceinte...
Je serre fortement la main de Rüzgar. La suite me concerne, je le sais. Rüzgar serre en retour ma main, il a compris que j'ai besoin de son soutien sinon, je ne pourrais pas tenir.
- Quand on nous a annoncé à la naissance que tu étais une fille, je savais qu'il n'en suivrait que des malheurs... raconte-t-il. Avoir une fille dans notre milieu, c'est risqué. Un homme se fait tuer, mais une femme... une femme se fait kidnapper, elle se fait voler son honneur et dignité, une femme est faible, et toute sa vie repose sur ses sentiments.
Les larmes me montent aux yeux, en même temps que je sens Rüzgar serrer le poing.
- Je ne voulais pas risquer mon honneur, alors nous avons décidé de t'abandonner. Peut-être grandiras-tu dans une famille aisée, qui préservera ton honneur ? Continue-t-il. Avant que je ne t'abandonne, j'ai eu des gros problèmes d'argent. Que tu partes ou que tu restes, je n'avais plus les moyens de vous nourrir. J'ai parlé à ta mère, et nous avons décidés de garder qu'un seul garçon, qui lui m'honorera et continuera ma descendance.
Plus il parle, plus j'ai des hauts-le-cœur. Je n'arrive plus à les regarder dans les yeux.
- Je t'ai alors laissé avec Eymen. Serhat devait venir avec moi mais il a pleuré tellement fort, que je craignais que cela allait alerté le voisinage. Je l'ai laissé à contrecœur. Dit-il en grimaçant. Et j'ai eu raison. Parce qu'à peine je suis partis, que la police est arrivé. Si j'avais gardé Serhat, ils m'auraient arrêtés. Bref, malgré tout, j'ai voulu que tes frères gardent mon nom car de toute façon, après ton mariage, tu ne porteras plus le mien. Je leur ai donné leurs prénoms et nom, puis le tien aussi.
Je ferme les yeux et serre la main de Rüzgar. Je ne me sens pas bien...
- D'ailleurs, ce n'est même pas moi qui t'ai nommé "Nihan". M'avoue-t-il. Je ne voyais pas l'intérêt de nommer un bébé qui ne m'appartient plus. J'allais laisser cette mission pour ceux qui allaient s'occuper de toi, mais ton frère Serhat n'était pas du même avis... dès la première fois qu'il t'a vu, il t'a appelé "Nihan". Alors j'ai gardé le nom que ton frère t'a donné.
Je me relève avec les jambes flagolleantes. Qu'est-ce que j'aurais aimé rester ignorante ! J'apprends que je n'étais pas désiré, qu'il n'a pas voulu prendre la peine de me nommer et que c'est mon grand-frère qui m'a nommé au-delà de ses deux ans. Quelle cruauté !
- Vous deux... vous ne méritez aucun bien ! Siffle Rüzgar. Nous connaissons la vérité, maintenant ne vous approchez plus d'elle.
- Qui es-tu pour nous parler ainsi ? Crie l'homme. C'est ma fille !
- Je ne suis pas ta fille. Lui dis-je froidement. Si je suis la fille de quelqu'un, alors je suis la fille de Serhat abim. Il m'a nommé, nourri, élevé, aimé. Et quant à lui, il est l'homme que j'aime. Il a plus de droit sur moi que toi tu en as.
La tension monte petit à petit entre l'homme et Rüzgar. S'ils restent dans la pièce, dans quelques minutes, ils vont commettre un meurtre.
- Je suis venue en espérant entendre que je me suis faite kidnapper, que vous nous avez laisser parce que vous n'aviez pas le choix, pas ça. Dis-je faiblement. Maintenant, je vous demande, quittez cette ville, sortez de nos vies, laissez moi vivre seule avec mes frères. Vous êtes rien pour nous et nous sommes rien pour vous.
Et sans plus attendre, je tire Rüzgar en dehors de l'appartement, en voyant ses yeux devenir sombre de colère. Cette vérité est si lourde à porter, si lourde à accepter... maintenant je sais qu'à jamais, mon cœur ne leur pardonnera.
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Le silence d'une âme
Novela JuvenilNihan, une jeune femme à l'âme innocente se retrouve dans un monde sombre où seul l'adversité règne. Elle deviendra, malgré elle, la source d'une nouvelle guerre. Lui, il baigne dans ce monde depuis toujours. Mais que se passera-t-il lorsque deux êt...