Je contrôle pour la énième fois Meryem. Depuis plusieurs jours, j'essaie de m'éloigner de chez moi. D'un côté, il y a cette pression de mariage, et d'un autre côté, il y a Rüzgar qui m'ignore totalement. Pour ne plus y penser, j'occupe mon temps avec ce qui m'a été confié... Meryem.
- Nihan, tu devrais te reposer. Tu es ici depuis hier soir. Me dit mon professeur.
- Non, je vais bien hocam. Lui assurais-je. Et comme ça, je peux rattraper tous les jours où j'étais absente.
- Tu n'as rien à rattraper. Me dit-il. Adil hoca nous avait expliqué que tu avais une vie difficile... Tu nous a été confié par lui.
Je baisse les yeux tristement. Adil hoca faisait pour moi ce qu'il aurait fait à sa propre fille... et encore, je maudis celui qui a pris sa vie.
- Allez, va prendre l'air. Je la surveille pendant ce temps là. Me dit-il.
Je hoche la tête puis sors à l'extérieur. En réalité, j'ai un autre sujet en tête... ce que m'avait dit Enes sur mes parents. Je n'ai toujours pas eu le courage pour le dire à mes frères. S'ils le savaient, ils auraient fais un scandale avec Kemal.
Je leur dirais demain, je pense... Je me dis que pendant tout ce temps, nous parlions de nos parents avec Kemal, je lui disais que je voulais les voir quand j'étais petite, mais il a préféré nous mentir. Nous dire qu'il ne sait pas où ils sont, or il continuait à les voir. J'ai coupée tous mes liens avec Kemal après qu'il m'est forcé à me marier, mais cela me fait tout de même de savoir qu'il n'a jamais été sincère avec nous...
- Nihan ! Entendis-je.
Je relève ma tête rapidement. C'est mon professeur. Je cours à l'intérieur de la chambre, inquiète.
- Qu'y a-t-il ? Lui demandais-je.
Il me montre Meryem. Je remarque qu'elle bouge ses pieds. Je fais les gros yeux, avant qu'un grand sourire se dessine sur mon visage.
- Le traitement marche ! Dis-je avec joie.
Il hoche la tête en souriant.
- Je dois y aller, hocam. Lui dis-je.
Il m'autorise à partir, alors je retire ma blouse, prends ma veste et monte dans ma voiture. Je dois le dire à Rüzgar. Il doit l'entendre de moi en première... après plusieurs minutes, j'arrive enfin chez lui. Je toque, et il m'ouvre.
- Encore toi ? Me dit-il avec agacement.
Son comportement me refroidit. Je me sens tout de suite mal.
- Écoute, je n'ai pas le temps de jouer. Me dit-il. Je ne veux plus rien à voir avec toi. Ce n'est pas trop difficile à comprendre pour toi, n'est-ce pas ?
Je fronce les sourcils.
- Je t'ai entendu lorsque tu m'as parlé dans ma chambre. Je vais te dire ce que je pense... Me dit-il. Notre histoire était une erreur depuis le début, et disons que ma perte de mémoire est une chance de me rattraper de cette erreur. Ton frère a joué joué ma soeur, alors je ne peux pas aimer sa soeur.
Ses mots me font énormément de mal, mais j'essaie de paraître neutre face à lui. Je ne veux pas qu'il ait pitié de moi...
- Je t'explique les choses calmement, parce que tu as l'air d'être une fille innocente et naïve, mais crois moi, c'est un grand effort pour moi. M'avoue-t-il. Je te déteste à cause de ton nom, doktor. Je te le dis en toute honnêteté, quand je te vois je n'ai qu'une envie... c'est de...
Mais il s'arrête avant la fin de sa phrase. De te frapper ? De te tuer ? Mon cœur se serre contre ma poitrine, comme si je recevais un poignard.
- Bref, va-t'en. Me dit-il froidement. Et ne reviens plus à ma porte. Je ne suis plus ton "amant", mais ton ennemi. Agis en tant que tel, sinon, tu devras malheureusement en subir les conséquences.
Les larmes me brouillent totalement la vue, mes joues me font tellement mal à force de me retenir de pleurer.
- Je... commençais-je.
Je viens à peine de prononcer ce mot, que ma voix se brise.
- Je suis venue pour t'annoncer une nouvelle. Dis-je les larmes aux yeux. Meryem a bougé son pied.
Il me regarde en fronçant les sourcils. Il pensait que j'étais venue pour autre chose alors que j'étais simplement venu pour le rendre heureux. Je vois Enes venir à l'arrière de Rüzgar, il me regarde d'abord surpris, puis avec pitié.
- Qu'Allah te récompense. Me dit-il doucement. Mais... c'est tout ce que je peux te dire. Et je remercie le docteur en charge de ma soeur, et non Nihan Kaya. Garde ça en tête.
S'en est trop ! Je m'approche de lui, à tel point que je sens son souffle sur ma peau. Je le regarde dans les yeux, ses yeux indifférents...
- Tes mots me font mal, Rüzgar. Dis-je en pleurant. Tu n'as jamais été aussi froid... J'espère que tu te rappelleras toute ta vie comment tu m'as brisée le cœur, Rüzgar Aksoy !
Je tourne les talons pour partir, mais il m'attrape par le bras. Soudain, un petit espoir naît dans mon cœur et ce petit contact a réchauffé mon âme. Mais lorsque je me retourne face à ces mêmes yeux remplis de colère, mon corps entier devient froid.
- Je ne l'oublierais pas. Me dit-il. Mais si je peux te demander une chose, c'est de complètement m'oublier. Accepte la proposition de tes frères, marie toi.
Je le regarde pour savoir s'il est sérieux, et il l'est. Le Rüzgar d'avant aurait détruit les montagnes, mais ne m'aurait pas laissé épouser un autre homme. Je dois me faire à l'idée que ce n'est pas lui, l'homme que j'ai aimé... L'homme que j'aime, mon Rüzgar, ne s'est pas encore réveillé...
Je repousse sa main de mon bras puis m'en vais, presqu'en courant. J'entends Enes m'appeler mais je démarre directement ma voiture. Je ne veux pas parler. Je n'en ai pas la force. Je me gare sur le côté de la route et pose ma tête contre le volant. J'ai l'impression que le monde autour de moi s'est assombrit, reflétant l'état de mon cœur...
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Le silence d'une âme
Teen FictionNihan, une jeune femme à l'âme innocente se retrouve dans un monde sombre où seul l'adversité règne. Elle deviendra, malgré elle, la source d'une nouvelle guerre. Lui, il baigne dans ce monde depuis toujours. Mais que se passera-t-il lorsque deux êt...