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Je fais les cents pas après que Nihan se soit endormie. Je l'ai douché avant qu'Eymen ne reste avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Je n'arrive pas à croire que Nihan ait fait la même chose que moi...

- Où avez-vous mis le corps ? Demandais-je.

- Je l'ai envoyé loin d'ici, avec nos hommes. Me répond Eymen.

Je hoche la tête.

- Quand elle se réveillera, ne la traitez pas avec pitié. Nous dit Caleb. Agissez avec elle normalement. Je lui ai parlé tout à l'heure, elle ne regrette pas. Elle a fait ce qu'il fallait faire.

- Nihan ne regrette pas ? Lui demande Eymen en fronçant les sourcils. Je connais ma sœur, elle ne se réjouirait pas d'avoir pris la vie de quelqu'un.

Je lève ma tête vers Caleb, j'ai compris ce qu'il voulait dire.

- Elle ne se réjouirait pas de prendre la vie de quelqu'un... mais elle ne regrette pas d'avoir pris la vie du meurtrier de son frère. Dis-je. Nihan a relâché un énorme poids qui pesait sur ses épaules.

- Exactement. Dit Caleb.

Je soupire. Malgré tout, j'ai peur qu'elle ait des répercussions. J'ai peur que sa conscience la torture.

- Les frères, j'aurais aimé rester plus longtemps, mais j'ai un problème qui m'attend en Russie. Nous dit Caleb. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, vous avez mon numéro.

On se fait alors une accolade.

- Prenez soin de Nihan. Elle nous a été confié par Serhat. Dit-il avant de s'en aller.

NIHAN

Plusieurs mois sont passés. J'ai décidée d'oublier tous les incidents passés. La seule chose dont je me souviendrais est Serhat. Rien d'autre.

Pendant ce temps, mes enfants ont énormément grandis. Chaque seconde à leur côté est un réel bonheur. Je ne sais pas ce que j'aurais fais s'ils n'étaient pas à mes côtés... et de mon côté, j'ai repris le travail. J'avais besoin d'une autre distraction.

- Nihan, l'infirmière a prévenu que le patient dans la chambre 352 s'est réveillé. Tu peux aller le contrôler ? Me demande mon professeur.

Je hoche la tête, mais avant que je ne parte, il me tend une lettre.

- Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je.

- Il a eu une greffe du cœur. Me dit-il. Et cette lettre vient de son donneur.

Je ne peux m'empêcher de trouver ce geste beau. Je prends la lettre et me dirige vers la chambre. Je toque, puis entre.

- Bonjour, je suis docteur Nihan. Lui dis-je. Je suis venue vous contrôler.

Je m'approche de lui.

- Vous allez bien ? Vous avez des douleurs ? Lui demandais-je.

- Non. Me répond-il. Je n'ai rien.

Je hoche la tête.

- J'ai eu une lettre de votre donneur... voulez-vous la lire ? Lui dis-je.

- ... Pouvez-vous me la lire ? Me demande-t-il.

Je m'assois alors face à lui, et déplis le papier.

- "Tu dois sûrement te demander qui est ton donneur... qui t'a sauvé la vie...

Avant toute chose, je suis désolé. Désolé pour tout le mal que j'ai fais. J'ai été égoïste en ne pensant qu'à moi, jusqu'à te briser le cœur. Ce n'était pas ce que je voulais... je ne sais pas si un jour je pourrais avoir ton pardon.

Tu as sûrementdeviner qui j'étais. Ta petite sœur... Lorsque j'ai su que tu avais des problèmes cardiaques, je n'ai pas pu te tourner le dos, abi."

Je m'arrête en plein milieu lorsque j'entends l'homme pleurer, en répétant "qu'est-ce que tu as fais ?" Son désespoir me brise le cœur. Je pose les yeux sur la lettre et continue.

- "Je suis venue, j'ai fais les tests mais... mais je ne suis pas compatible. Vois-tu à quel point je suis inutile ? Je n'ai même pas pu te donner mon cœur ! Je ne suis malheureusement pas ton donneur, et je suis désolé.

Malgré toutes ces années de séparation, vas-tu me pardonner, abi ?"

Je referme la lettre tristement, puis je relève la tête vers l'homme. Il semble soulagé.

- Je sais que ce n'est pas ma place de vous le dire et je ne sais pas ce que vous avez vécus, mais vous devriez lui pardonner. Lui dis-je. Lorsque l'un d'entre vous partira, vous regretterez de ne pas lui avoir pardonnés.

Puis je me lève, le laissant sur ma réflexion. Je croise une jeune fille au pas de sa porte, regardant l'homme avec les larmes aux yeux.

- Abi... Dit-elle doucement avant de courir vers lui.

Lorsque l'homme ouvre ses bras, elle le serre contre elle. À cette vue, les larmes me montent aux yeux. Mes pensées se sont tournés vers Serhat. Abim me manque tellement...

Je travaille jusqu'au coucher du soleil, puis je pars me changer rapidement dans les vestiaires. Une fois fait, je prends ma voiture et me dirige vers le cimetière. Je marche lentement jusqu'à la tombe de mon frère. Une fois arrivé, je me mets à genoux.

- Abi... tu vas bien ? Dis-je doucement. Tu dois en avoir marre de moi... je viens te voir tous les jours. Mais c'est plus fort que moi. J'ai envie de rester proche de toi, malgré tout.

Je soupire puis pose ma main sur la terre.

- Plusieurs mois sont passés depuis ta mort. Dis-je les lèvres tremblantes. Et c'est toujours dur à accepter, tu le sais ? Je dors parfois dans ta chambre, juste pour sentir ton odeur. Nos photos sont partout avec moi. Nous avions l'air si heureux dessus... pourquoi ne pouvons-nous pas revenir dans le temps ?

En même temps que je lui parlais, je nettoyais sa tombe en enlevant les fleurs fanées et les mauvaises herbes.

- La seule chose qui m'apaise c'est que notre séparation ne sera pas éternel. Dis-je d'une voix faible. On se reverra, abi. Je pries tellement pour qu'Allah nous réunisse. Mais tu sais ? D'un côté, je ne crains plus la mort, j'attends qu'elle me vienne pour que notre séparation cesse mais d'un autre côté... je la crains, je ne peux partir et laisser Rüzgar, Eymen et mes enfants. Ils seront dévastés, sinon.

Je finis par me relever en balayant la terre de mes vêtements.

- Je vivrais autant qu'Allah le voudra. Dis-je tristement. Et quand ce sera l'heure, je te rejoindrais abi. Mais d'ici là, je te promets que tu resteras toujours dans mon cœur.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant