15.

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C'est enfin le jour de ma libération. Je prépare mes valises pour rentrer en Turquie. D'ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi Rüzgar m'a gardé avec lui pendant ce mois. Je n'y vois pas l'intérêt... Peut-être qu'il m'a utilisé contre mes frères sans que je le sache ?

Si c'est le cas... j'espère que peu importe ses plans, ils ont échoués et qu'il le paiera. Enfin bref, je mets ma valise dans le coffre de la voiture, puis on se dirige vers l'aéroport. On passe les quelques contrôles, et ensuite, on monte dans l'avion.

- Ce mois était magnifique. On devrait se faire des vacances plus souvent. Me dit Rüzgar.

- Allah korusun ! (Qu'Allah m'en garde). Dis-je.

Il rigole légèrement puis tourne sa tête. Je ferme les yeux et m'endors pour que le temps passe plus vite, et pour que Rüzgar ne puisse pas me parler.

...

On est enfin sorti de l'aéroport. L'air de la Turquie m'a manqué. Je souris en me disant que je vais revoir mes frères.

- Viens, Nihan. Me dit Rüzgar. Je vais t'emmener jusqu'à chez toi.

- Non, je vais attendre un taxi. Lui dis-je.

- Tu crois vraiment que je vais te laisser ? Me demande-t-il. Allez, viens.

Je finis par hocher la tête et le suivre. Je monte dans sa voiture et il démarre. J'espère que ce sera la dernière fois qu'on se verra. Une fois arrivé, j'ouvre la porte directement.

- Nihan... M'appelle-t-il.

Je me tourne vers lui.

- Kendini iyi bak, doktor hanim. (Prend soin de toi, madame la docteur). Me dit-il en souriant.

Je le regarde sans rien dire. Puis il s'en va... Je me retourne et sonne à la porte. J'attends un peu, puis le portail s'ouvre enfin. Je rentre, et vois mes frères au loin. Je me mets à sourire, enfin !

- Serhat abi, Eymen abi ! Criais-je.

Ils se tournent en entendant ma voix et dès qu'ils me voient, ils restent figés. Moi, je cours vers eux et finis par les prendre dans mes bras.

- Nihan... Chuchotent-ils.

Ils me serrent fortement contre eux. Mon Seigneur ! La séparation est enfin fini !

- Abilerim. (Mes grands frères). Dis-je, les larmes aux yeux. Comme vous m'avez manqués !

Ils me sourient, puis finissent par se séparer de moi.

- Où étais-tu, Nihan ? Me demandent-ils. On allait mourir d'inquiétude !

- J'étais dans Italie. Leur dis-je. Mais Rüzgar m'a trouvé dans l'avion et il m'a forcé à rester avec lui pendant un mois.

Ils froncent les sourcils.

- Je vais le tuer, ce Rüzgar ! Dit Serhat, en colère. Il t'a fait quelque chose là-bas ?

D'un coup, je sens quelque chose sur mes lèvres. Rüzgar ? Il s'éloigne de moi, tout en me regardant dans les yeux.

- Je... Désolé. Me dit-il. Je voulais juste te calmer.

- Non... Lui dis-je. Il m'empêchait juste de vous parler.

Si je leur dis ça, mes frères vont littéralement le tuer. Je préfère garder ça pour moi. Mais en me rappelant de ce moment, je me rappelle aussi du moment d'avant...

- Et aussi... Commençais-je.

Ils me regardent en attendant que je continue ma phrase.

- On s'est fait attaquer, là-bas... Et j'ai dû tuer un homme. Dis-je, avec dégoût.

Ils me regardent surpris. Ils ne s'y attendaient. Moi, Nihan... Celle qui a juré ne jamais prendre une vie, elle l'a pris. En me rappelant de ça, je me sens de nouveau mal. Voir le sang couler de cet homme, le voir tomber au sol... Cette image ne quitte pas ma tête.

- Il allait nous tuer... Je n'avais pas d'autre choix. Dis-je faiblement.

Mes frères m'enlacent de nouveau.

- Comme tu l'as dis, tu n'avais pas le choix. Me disent-ils. Tu ne l'a pas tué, tu t'es défendue. D'accord ?

Je hoche la tête. Je vais beaucoup mieux que ce jour, et je ne peux pas nier que c'est en partie grâce à Rüzgar... Peu importe combien je le déteste, il m'a beaucoup aidé. Je pense que si j'étais restée seule, je serais devenue folle. Je pensais que je me serais rendue à la police moi-même.

- Mais maintenant, c'est fini. Me dit Eymen. Tu vas continuer ta vie normalement, à partir d'aujourd'hui.

Je soupire. Je sais que je ne retournerais plus jamais à ma vie d'avant. Kemal amca et son patron... Ils ne me lâcheront pas jusqu'à ce que je devienne l'épouse de Rüzgar.

- Tu devrais partir te reposer. Me conseille Serhat. Kemal amca devrait bientôt venir te voir.

- ... Je ne veux pas le voir. Leur dis-je. S'il vient, dites lui que je dors.

Ils hochent la tête alors je rentre à l'intérieur de la maison. Je monte dans ma chambre et m'allonge sur mon lit. Un mois... Un mois que je me suis éloignée de ma famille. Un mois où je me suis habituée à voir Rüzgar chaque matin et chaque soir, ça me fera étrange de ne plus le voir.

J'ai remarquée qu'au fond, il n'est pas une si mauvaise personne. Il essaie de le paraître, mais il ne l'est pas. Et à vrai dire, je ne le déteste pas vraiment. Certes, je ne vais pas l'aimer non plus parce qu'il veut du mal à mes frères, mais je ne le déteste pas.

Après quelques minutes, j'entends la porte s'ouvrir. Je vois Serhat rentrer.

- Désolé... Je pensais que tu dormais. Me dit-il.

- C'est rien, abi. Viens. Lui dis-je.

Il s'approche et s'assoit sur le lit, près de moi.

- Abi... Est-ce que Rüzgar m'a utilisé contre vous ? Lui demandais-je. Parce que je ne pense pas qu'il va me garder pendant un mois avec lui pour rien.

- ... Une semaine après ton départ, la police est venue. Me raconte-t-il. Ils avaient un pull à toi, et il y avait du sang. Ils nous ont fait croire que tu étais morte.

Je fais les gros yeux. Je ne m'y attendais pas...

- On ne les a pas cru, bien-sûr. Même si on avait peur que ce soit vrai. Me dit-il en grimaçant. Si c'était vrai, Nihan, je...

- Ne le dis pas. Le coupais-je. Ne le dis pas, abi.

Puis je le prends dans mes bras. Si quelque chose arrive à l'un d'entre nous, on arrivera plus à vivre. Je finis par poser ma tête sur les jambes de mon frère.

- Abi, caresse moi les cheveux, ça m'a manqué. Lui dis-je, doucement.

Il s'exécute alors aussitôt et je ferme les yeux. Ô Allah... si je dois souhaiter qu'une seule chose, ce serait de ne jamais me séparer de mes frères.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant