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Je me prépare rapidement pour rejoindre Rüzgar, comme prévu. Une fois finis, je descends voir mes frères pour les prévenir que je sors.

- Prends nos hommes avec toi. Me disent-ils. Tu ne devrais pas trop rester seule à l'extérieur.

Je hoche la tête. S'ils me disent ça, c'est que quelque chose de grand s'est passé. Je me demande quoi... Bref, je prends la voiture avec les hommes à mes frères, qui m'emmènent jusqu'à chez Aylin.

Je l'avais prévenue que j'allais venir chez elle. Je sonne et elle me fait rentrer.

- Il y a une porte de sortie de secours à l'arrière. Me prévient-elle. Appelle moi quand tu reviendras pour que je t'ouvre.

Je hoche la tête.

- Merci beaucoup, Aylin. Dis-je en souriant.

Puis je m'en vais par la sortie de secours, je vérifie que les hommes de mes frères ne me voient pas, puis je monte dans un taxi. Il m'emmène jusqu'à chez Rüzgar. Une fois arrivé, je paye puis descends.

Je sonne à la porte de Rüzgar, mais j'entends des cris et des objets qui se brisent. Punaise... J'ai compris. Mes frères ont fait quelque chose à Rüzgar. C'est mieux que je parte pour l'instant. Alors que je tourne le dos à la porte, je l'entends s'ouvrir.

- Nihan. Entendis-je.

Je me tourne et vois Enes.

- Rüzgar est à l'intérieur ? Lui demandais-je.

Il hoche la tête.

- Ne t'en vas pas... Je sais que tu es la seule qui peut le calmer. Me dit-il.

J'hésite un moment, puis hoche la tête. Je rentre à l'intérieur, et vois Rüzgar, il a les mains en sang.

- Rüzgar ! Dis-je en courant vers lui. Enes, ramène moi une trousse de premier soin.

Je me mets à genoux face à lui, en tenant sa main. Enes me ramène la trousse, alors je soigne sa main. Une fois finis, je me relève.

- Rüzgar... Regarde moi. Lui dis-je doucement. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il garde la tête baissée.

- Tes frères ont brûlés mes biens... Dit-il d'un ton énervé. Mais moi, j'ai besoin de cet argent ! J'en ai besoin !

Je le regarde sans rien dire.

- Parasiz... O ölecek. (Sans argent... il/elle va mourir). Dit-il faiblement.

Je fronce les sourcils. Qui ? Je ne lui demande pas, parce que je sais qu'il ne va pas me le dire. Je pose mes deux mains sur ses joues.

- Personne ne va mourir, Rüzgar. Lui dis-je doucement. Place ta confiance en ton Seigneur, c'est Lui qui donne la vie et qui la reprend, pas l'argent.

Il me regarde longuement, puis hoche la tête. Je le laisse assis, pendant que je ramasse les objets du sol.

- Ne fais rien, je vais tout ranger plus tard. Me dit-il.

- J'ai finis, de toute façon. Lui dis-je. Tu as mangé ? Tu veux que je te fasse quelque chose ?

Il secoue sa tête.

- Non, viens, assis toi à côté de moi. Dit-il.

Et c'est ce que je fais. Il s'est calmé par rapport à tout à l'heure, heureusement. Je n'aime pas le voir mal.

- Nihan... Ça t'arrive de te demander pourquoi tes parents t'ont abandonnés ? Me demande-t-il. De te demander, s'ils étaient là, comment serait ta vie ?

Je le regarde, surprise, ne m'attendant pas à ce qu'il me pose une telle question.

- Quand j'étais petite, je me le demandais tout le temps. Mais aujourd'hui, non. Lui avouais-je. Ces questions ne vont rien m'apporter, donc je préfère oublier.

- ... Et comment tu peux être sûr qu'ils vous ont abandonnés ? Peut-être qu'il y a d'autres raisons ? Me demande-t-il.

- Ils nous ont écris un mot, avant de nous déposer à l'orphelinat. Ils disaient qu'on était un fardeau pour eux, mes frères et moi. La seule chose qu'ils nous ont donnés sont nos noms : Serhat, Eymen et Nihan Kaya. Lui racontais-je. J'ai toujours le mot, avec moi.

Il me regarde tristement.

- Si tu les revoyais, tu leur demanderas pourquoi ils vous ont lâchés ? Me dit-il.

- ... Non. Si je les revois, je pense que je leur montrerais que même sans eux, mes frères et moi, on a réussi à survivre. On a réussi nos vies. Lui répondis-je. Je leur dirais de continuer leurs vies, et que nous aussi, on continuera à vivre sans eux.

Il me prend alors dans ses bras, et se met à me caresser les cheveux.

- Mais tu sais... A cause d'eux, j'ai tellement peur qu'on m'abandonne. Dis-je faiblement. Je m'attache très vite, mais j'ai constamment peur de blesser quelqu'un, et qu'il m'abandonne.

Je le sens se révéler un peu, comme s'il était mal à l'aise avec ce que je viens de dire.

- ... Celui qui t'abandonne ne connait pas ta valeur. Il sera le perdant. Me dit-il en me regardant. Qui lâcherait une perle comme toi ?

Je me mets à sourire avec gêne. Je reste collée dans ses bras, en fermant les yeux. Je me sens tellement bien avec lui...

- Tu es une bonne personne, Rüzgar. Dis-je doucement. À partir d'aujourd'hui, tu n'es plus seul... je suis et je serais toujours avec toi.

Je lève mon regard vers lui, puis prends sa main dans la mienne.

- Doktorum. (Mon docteure). Dit-il en souriant. Tu es celle qui guérit mes blessures.

Je fixe son regard, et me perd dans ses yeux. Je sens mon coeur battre de plus en plus fort, comme s'il voulait sortir de ma poitrine.

- Tu es celle qui a enterré ma tristesse... murmure-t-il.

Son visage s'approche de plus en plus.

- Tu es celle qui m'a rappelé que j'ai encore un coeur. Dit-il doucement.

Il attrape mon menton avec son pouce, puis finis par poser ses lèvres sur les miennes. On se sépare puis nous restons avec nos fronts collés, en train de se regarder dans les yeux de l'autre.

- Il n'y a plus de Rüzgar sans Nihan. Me chuchote-t-il.

Quand je remarque enfin la proximité entre lui et moi, je m'éloigne timidement.

- Je... je dois y aller. Dis-je doucement.

Puis sans plus attendre, je sors de chez lui. Je respire longuement. Je vais devenir folle... qu'est-ce que tu m'as fais, Rüzgar ?

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant