Le silence d'une âme

69.

Plusieurs jours sont passé depuis que mes frères ont découverts mes sentiments pour Rüzgar. Depuis ce jour, je n'en ai pas reparlé avec Serhat. Il ne veut pas en parler. Il m'a seulement dit que je devais m'éloigner de lui et il a mis derrière moi des hommes. Je ne les vois pas, mais je sais que ses hommes me suivent pour savoir si je vois Rüzgar.

Et à ma grande surprise, Eymen n'a rien dit. Il est beaucoup moins strict que Serhat. Quand je disais que je le considérais comme un meilleur ami, ce n'était pas de simple mots... il m'a réellement écouté comme un meilleur ami, il m'a rassuré et m'a conseillé. Bien-sûr, il est contre Rüzgar, tout comme Serhat, mais il a bien compris qu'on ne peut pas détester une personne qu'on a aimé, du jour au lendemain.

- Nihan, notre professeur t'attend dans son bureau. Me dit une des infirmières.

Je hoche la tête et la remercie.

- Elle va se faire virer. Dit Aylin en riant.

Je lui lance un mauvais regard. Il y a quelques mois de cela, je la considérais comme une amie, une sœur... mais aujourd'hui, je ne peux plus supporter sa présence. Je soupire puis monte dans le bureau de mon professeur. Je toque puis rentre.

- Hocam, vous vouliez me voir. Lui dis-je.

- Oui, Nihan. Viens t'asseoir. Me dit-il.

Je m'assois mais je commence à croire que je vais réellement me faire virer à cause de mes absences régulières.

- Avant sa mort... Adil hoca... Dit-il tristement. Il avait appelé plusieurs médecins pour guérir une jeune fille paralysée.

Je le regarde tristement. Oui, je lui avais parlé de Meryem...

- Ces médecins ont discutés entre eux, et ils ont trouvés une solution pour la guérir. M'annonce-t-il.

Je saute de joie face à cette nouvelle. Rüzgar sera tellement heureux !

- Son traitement sera long et douloureux, mais les chances de réussite sont à 98%. Continue-t-il. Tu pourras l'amener la semaine prochaine, quand ces médecins viendront à notre hôpital.

- D'accord, hocam. Merci beaucoup ! Dis-je en souriant.

Sans plus attendre, je sors de son bureau après sa permission puis va dans les toilettes. Je prends mon téléphone et appelle Rüzgar.

Voyant qu'il ne répond pas, je range mon téléphone et je sors des toilettes pour aller au vestiaire. Mon service est terminé, donc je me change. Une fois fais, j'entends la porte des vestiaires s'ouvrir et vois Aylin venir. Qu'est-ce qu'elle veut ?

- Tu m'ignore depuis ton retour. Me dit-elle. D'ailleurs, tu as passé de bonnes vacances en Sicile ?

Je fronce les sourcils. Comment le sait-elle ?

- Réponds quand je te parle. Me dit-elle.

Encore une fois, je l'ignore. Je n'ai rien à lui dire. Je range mes dernières affaires mais j'entends mon téléphone sonner avant de sortir. Je réponds en voyant que c'est Inaya. Avant que je ne dise quoi que ce soit, elle me dit de courir jusqu'à mon quartier.

En entendant la raison, je me rue vers l'extérieur. Je prends ma voiture et démarre rapidement. Après plusieurs minutes, j'arrive au quartier. Je descends de la voiture et vois une horde d'hommes. Je cours à l'avant puis vois mes frères et Rüzgar, face à face.

- Qu'est-ce que vous faites ? Criais-je.

Tous les regards se tournent vers moi.

- Rentre à la maison, Nihan. Me dit Serhat.

Je ne l'écoute pas et tourne ma tête vers Rüzgar. Ses yeux... Ses yeux me regardent tristement. Il me regarde comme si c'était la dernière fois qu'il me voyait, comme s'il me faisait ses adieux. Il baisse ensuite sa tête. Pense-t-il que je vais l'abandonner... ?

- Nihan... Me dit Eymen.

- Non ! Je ne partirais pas ! Leur dis-je.

Je m'approche de Rüzgar puis le prends par la main, il relève sa tête, surpris, mais je continue à regarder mes frères.

- Allez-y. Si vous voulez le tuer, allez-y. Dis-je. Mais vous devrez me tuer avec lui.

Les yeux de Serhat s'assombrissent. Je risque gros en agissant ainsi, mais je ne peux pas les laisser battre et tuer Rüzgar. 

- Nihan, laisse nous régler nos comptes ! Crie Serhat.

- Abi, je ne partirais pas. Répétais-je.

- Nihan, je t'ai dis que si ce jour arrivait... Tu devais choisir ta famille. Me dit Rüzgar tristement. Ce sont tes frères, ta première famille. Vas-y, on va régler nos comptes une bonne fois pour toute.

Je secoue ma tête puis me mets au centre.

- Je le dis pour que tout le monde l'entende : j'aime Rüzgar et Rüzgar m'aime ! Criais-je. Je ne compte pas l'abandonner, ni aujourd'hui ni demain.

Serhat serre ses poings après mes paroles.

- Et croyez moi, j'ai bien l'intention de mettre fin à cette guerre qui dure depuis bien longtemps. Leur dis-je.

- Personne ne mettra fin à cette guerre. Me répond Serhat. La famille Kaya et Rüzgar sont des ennemis de sang ! Et aujourd'hui, soit lui, soit nous mourrons. 

Des flashs de mes nombreux cauchemars me reviennent. Tantôt c'est Rüzgar qui meurt, tantôt ce sont mes frères. Un énorme mal de tête s'en suit mais je tente de tenir le coup pour que tout se termine bien.

- Vous vous détestez à cause d'un malentendu ! Dis-je en les regardant. Rüzgar, demande à mes frères ce qui s'est passé ce jour-là, et Serhat, dis lui, prouve ton innocence. Parlez ensemble ! Êtes-vous des animaux pour attaquer, sans parler ? 

Tout le monde se regarde avec incompréhension, sauf les concernés. 

- Vous n'avez pas essayés de vous entretuer lorsqu'on a annoncé mon décès. Dis-je, les larmes aux yeux. Si c'est ça, la solution, alors tuez moi ! Tuez moi, que cette guerre finisse ! 

- Nihan ! Dit Eymen.

Je regarde autour de moi. Les hommes de mes frères et de Rüzgar sont toujours là.

- Partez ! C'est finis ! Personne ne va tuer personne ! Leur criais-je. Je n'abandonnerais pas mes frères pour Rüzgar ou Rüzgar pour mes frères. Je suis là, et je... Je...

Mes maux de têtes s'accentuent. Je pose ma main sur ma tête tout en continuant à parler.

-  Je veux... Seulement vivre... Commençais-je.

- Nihan ! Me disent-ils, inquiets.

- Avec mes frères... Et... L'homme que j'aime. Continuais-je, avec la voix brisée.

Et à peine ai-je finis ma phrase que je tombe au sol et perds connaissance face à tout ces hommes...