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- Nihan est en vie. Me dit Enes.

Je n'entends plus rien d'autre face à cette nouvelle. Mon cerveau prend du temps avant d'assimiler cette information.

- Serhat ? Me dit Eymen.

Il regarde Enes, en se demandant ce qu'il fait encore là. Une fois que je me rends complètement compte de ce que vient de dire Enes, je mets mes mains sur mes yeux en même temps que je pleure de joie.

- Serhat, qu'est-ce qui se passe, mon frère ? Me demande Eymen.

Ma joie est bien trop grande pour formuler une phrase. Pendant que je me prosterne pour remercier notre Seigneur, Enes lui dit ce qu'il m'a dit. Une fois relevé, je vois le visage de mon frère rayonner. On se fait alors une accolade. Mon Seigneur ! Quelle joie ! Ma sœur est en vie ! Tu ne l'as pas pris !

- Où... Où est-elle ? Demandais-je à Enes difficilement.

- En Sicile. Rüzgar a trouvé un plan pour l'enlever de chez Kadir. Nous informe-t-il.

- D'accord... nous aussi, nous allons en Sicile. Dit-on.

- Non, n'y allez pas, c'est risqué. Nous dit-il. Rüzgar a trouvé un plan discret. Kadir ne sait pas que nous savons qu'elle est en vie. Aller là-bas réveillera ses soupçons. Laissez Rüzgar s'en charger.

Je hoche la tête. Je le laisse faire, mais maintenant que j'ai toute ma tête, je pourrais lui demander la raison de toutes ses actions. Il a littéralement sauvé ma soeur malgré sa haine envers moi. Enfin bon, j'y repenserais quand j'aurais ma soeur saine et sauve dans mes bras.

RÜZGAR

Je me mets à attendre le coup de feu depuis ce van, face à Léonardo. Léonardo est censé être l'allié de Kadir, ou plutôt de "Giovanni". J'ai réussi à le rallier de mon côté, grave à un vieux secret de Kadir.

Il y a quelques années, la femme et la fille de Léonardo ont été assassinés. Kadir accuse un de ses plus grands ennemis, puis s'allie à Léonardo pour pouvoir tuer enfin son ennemi le plus fort et prendre son terrain. Lorsque Léonardo a appris que c'est Kadir le meurtrier de sa femme et fille, il est devenu fou de rage. Lui, va prendre sa vengeance et moi, je vais récupérer Nihan.

- Je devrais venir avec vous, Léonardo. Lui dis-je.

- Non, reste ici. Ce sera moins risqué. Me dit-il. Mon chauffeur va t'emmener dans un lieu isolé, et je ramènerais ta femme jusqu'à toi.

Je hoche la tête puis le remercie grandement. Il s'en va et au même moment, le chauffeur démarre le van. Plus qu'à attendre un peu et Nihan sera face à moi... Enfin.

NIHAN

Je reste enfermée dans ma chambre comme d'habitude. J'ai peur de rester seule avec Kadir et au-delà de la peur, je ne veux pas rester avec l'assassin d'Adil hoca... Voilà plusieurs jours sont passés depuis sa mort, et je n'arrive pas à l'enlever de ma tête. Je n'y croyais pas jusqu'à ce qu'il envoie ses hommes aux funérailles de l'homme que je considérais comme un père.

D'un coup, j'entends de nouveaux tirs. Je me cache derrière mon lit en m'éloignant des vitres. C'est Rüzgar ? Mais cette fois, je cours vers la porte et la ferme à clé pour que Kadir ne puisse pas me prendre. Il tient plus à sa vie qu'à la mienne.

Petit à petit, j'entends des cris de toute part... Comme s'il se passait une guerre dans ces couloirs. Sans m'y attendre, quelqu'un frappe ma porte. Paniquée, je prends le premier objet qui me vient en main. J'allais frapper la personne qui est rentrée mais je remarque qu'ils sont plusieurs, et armés.

- Vous allez venir avec nous. Me dit un des hommes.

- Qui êtes-vous ? Lui demandais-je.

L'homme ne me répond pas. Ses hommes s'approchent de moi puis me bandent les yeux et m'emmènent à l'extérieur, je suppose. Ce ne sont ni les hommes de Rüzgar, ni ceux de mes frères, ni ceux de Kadir. Qui sont-ils ? Ils me font monter dans une voiture où je m'assois. Lorsque la voiture démarre, l'homme me découvre les yeux.

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Lui demandais-je.

Il ne répond pas.

- Si c'est Kadir que vous voulez, je ne suis pas de son côté. Lui dis-je. Il m'a kidnappée. Je suis sa victime.

- Je ne te ferais pas de mal, ne t'inquiète pas. Me dit-il.

Comment ne pas m'inquiéter ? Je passe des mains d'un monstre aux mains d'hommes inconnus, dont je ne connais pas l'intention... Après plusieurs minutes, on s'arrête dans un endroit désert. Je commence à paniquer. Ma fin sera-t-elle ici ?

La porte de la voiture s'ouvre. L'homme me demande de descendre et c'est ce que je fais. En face, il y a un van noir.

- Votre surprise vous attend dans le van. Me dit l'homme. Vous pouvez aller voir.

Je hoche la tête puis marche prudemment. J'ai peur de ce que je vais voir. Mais avant même que je ne pose la main sur la portière, je la vois s'ouvrir. Je fais les gros yeux en voyant la personne qui en sort.

- Rüzgar ! Criais-je avec surprise.

Je cours et le prends dans mes bras. Il me serre d'autant plus fort contre lui. Comme s'il avait peur que je m'en aille. Comme s'il avait peur que je ne sois pas réelle. Il se sépare de moi pour me garder dans les yeux.

- Aşkım... murmure-t-il.

Il pose alors ses lèvres sur les miennes, signe de nos retrouvailles. Il garde ses mains sur mes joues et je garde mes mains autour de sa nuque. En me rendant compte que je suis enfin dans les bras de l'homme que j'aime, je me mets à pleurer. Cela faisait presque deux mois que je suis partis d'Istanbul avec Kadir. Deux mois où je n'ai pas vu Rüzgar, ni mes frères...

- Il ne t'a rien fait, hein ? Me demande-t-il. Tu vas bien, n'est-ce pas ?

Je me mets à grimacer.

- Il m'a embrassé de force, Rüzgar... Dis-je. J'avais peur qu'il aille plus loin.

Je vois ses yeux devenir noir de colère mais il s'attendrit tout de suite en me regardant, puis il m'embrasse une seconde fois.

- J'ai effacé ses marques. Me dit-il. Tu es la mienne, doktor hanim. À personne d'autre.

- Je l'ai toujours été, de toute façon, aşkım. Dis-je, les yeux remplis d'amour. Je ne laisserais plus personne nous séparer, maintenant.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant