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Plusieurs jours sont passés depuis mon retour. Les choses sont revenus à la normal, je suis même retournée à mon travail mais l'absence d'Adil hoca se fait ressentir... Cela me fait si étrange de ne plus le voir dans son bureau.

Quant à Rüzgar, j'essaie d'être plus prudente avec lui. Il m'a raconté ce qui s'est passé avec mes frères lors de ma disparition, comment ils se sont entraidés sans s'entretuer. Si ça s'était passé dans un autre contexte, je m'en serais réjouis... Mais le problème est que mes frères ont forcément des soupçons envers Rüzgar et moi. Peut-être est-il temps de tout leur avouer ? 

- Je supporte plus d'être aussi loin de toi. Me dit Rüzgar en me caressant les cheveux. Je te veux tout le temps auprès de moi.

Je ne me mets à sourire face à moi. Moi aussi, je rêve que l'on soit ensemble pour toujours.

- Que Kemal soit utile pour quelque chose et refasse un plan de paix pour qu'on se marie. Dit-il.

Je me mets à rire. C'est vrai que s'il n'y avait pas eu cette histoire de plan, je serais déjà son épouse. Mais je sais que si nous nous sommes pas mariés à ce moment-là, je sais qu'il y a un bien derrière tout ça. Lequel ? Je ne sais pas encore... mais je sens que je vais bientôt le savoir.

- Le soleil va bientôt se coucher. Le prévenais-je. Je dois rentrer chez moi.

Il hoche la tête alors je me lève.

- Appelle moi dès que tu rentres chez toi. Me dit-il. Que je sache que tu ailles bien.

Je hoche la tête puis lui embrasse la joue avant de partir. Je prends ma voiture puis démarre. Arrivé devant chez moi, je vois Ryad partir. Je descends pour le rejoindre.

- Ryad. Lui dis-je.

Il relève sa tête puis me regarde, gêné.

- Tu vas bien ? Lui demandais-je.

- Je vais bien. Me dit-il.

- ... Pourquoi tu m'évites ? Demandais-je. Tu m'as rarement parlé, depuis mon retour.

Il soupire. Il passe sa main sur sa tête puis me regarde.

- Je me suis rendu compte que j'ai mal agis avec toi. Me dit-il en grimaçant. J'ai perdu le contrôle quand j'ai su pour toi et Rüzgar, mais je regrette beaucoup.

- Je ne t'en veux pas, Ryad. Lui assurais-je. Mes frères auraient agis pire que toi, crois moi.

Il passe sa main derrière sa nuque.

- Nihan... tu es sûre de toi ? Me demande-t-il. Tu es sûre que Rüzgar est la bonne personne ?

Je confirme ses dires par un hochement de tête.

- Je n'ai jamais été aussi sûre. Lui avouais-je. Je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis que je suis avec Rüzgar. On s'aime vraiment, Ryad...

Il hoche la tête, l'air de dire qu'il respecte ma décision mais garde tout de même des réserves. Je ne lui en veux pas d'être autant méfiant, Rüzgar est l'ennemi de mes frères, ça n'a malheureusement pas changé. Mais moi, j'ai confiance en mon homme.

- Dans ce cas, à plus tard. Me dit-il en souriant légèrement.

Je le salue de la main puis pénètre dans l'enceinte de ma maison. Je monte dans ma chambre pour me changer puis descends dans la cuisine me prendre quelque chose.

- Nihan ? T'es de retour. Entendis-je.

Je me tourne et tombe nez à nez avec Serhat.

- Oui, je viens d'arriver. Lui dis-je.

- Mais tu as encore semé les gardes... Dit-il en soupirant.

Je hoche la tête. Depuis mon retour, mes frères ont ordonnés à leurs hommes de me suivre partout, quand ils ne sont pas avec moi.

- Ça me fatigue, abi. Lui avouais-je. Plusieurs jours sont passés, je ne crains plus rien... je veux être libre de bouger comme je veux.

... Surtout, je veux pouvoir voir Rüzgar sans faire de grands stratagèmes.

- Tu peux aller où tu veux, ils vont juste te protéger. Rien de plus. M'assure-t-il.

Je soupire. Oui... me protéger et ensuite dire à mes frères tout ce que je fais.

- Sauf si tu me caches quelque chose. Me dit-il, d'un ton suspicieux.

Mon cœur se met à battre rapidement. Il me l'a dit d'une façon... comme s'il cherchait à cerner mon plus profond secret.

- Non, abi... qu'est-ce que je pourrais vous cacher ? Dis-je, doucement.

- Je le sais bien. Tu ne feras jamais rien contre nous, mon cœur. Me dit-il en m'embrassant sur le front.

Je me sens tout de suite mal à l'aise. En soi, aimer un homme n'est pas mal mais pour eux, aimer l'ennemi est mal. Si je venais à commettre un meurtre, cela sera moins grave que d'aimer Rüzgar...

Et puis, je n'aime pas cacher des choses à mes frères. J'ai toujours été honnête avec eux, mais je sais que dans ce cas, mon honnêteté me fera perdre mon amour. Je ne veux pas prendre le risque. Cependant... un jour, je vais tout avouer. Je le sais. Mais que se passera-t-il ce jour-là ?

Je dis bonne nuit à mon frère avant de monter dans ma chambre. Son regard sur moi est pesant. Il me regardait comme s'il savait quelque chose, mais attendait que je lui en parle. Je crois qu'ils ont compris qu'il se passait quelque chose entre moi et Rüzgar. Et à vrai dire, leur silence m'inquiète.

Je ferme les yeux en m'allongeant sur le lit puis soupire. Si ma vie était normal, j'aurais sûrement rencontré Rüzgar quelque part, dans la rue, à l'université peut-être, à l'hôpital en tant que patient, ou que sais-je... je l'aurais présenté à mes frères et comme dans nos traditions et dans notre religion, il serait venu demander ma main, sans aucune pression ni contrainte.

Je n'aurais pas eu à me demander si un jour mes frères accepteront mon mari, s'ils s'entretueront un jour, aveuglé par la haine. Mais malheureusement ma vie n'est pas aussi simple. Je m'endors finalement sur ces pensées....

...

Au matin, je me réveille par le bruit de la sonnerie. Je me lève, passe rapidement de l'eau sur mon visage et descends. Je me demande qui ça peut bien être... j'ouvre la porte, en fronçant les sourcils. Comme je le disais, dans notre monde... les problèmes ne prennent jamais fin. La fin d'un problème sonne le début d'un autre, et j'en suis témoin.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant