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Mes frères m'ont pris avec eux dans un endroit inconnu, sans rien me dire. Une fois arrivé, je me rends compte qu'on est dans une forêt. Je descends puis fronce les sourcils en regardant autour de moi.

- Où est-ce qu'on est ? Leur demandais-je.

- Kenan nous a dit ce qui t'est arrivé dans le sous-sol de l'hôpital. Me disent-ils. 

Je soupire. C'était sûr... Je vois Eymen placer des bouteille en verre sur une planche en bois.

- On a parlé entre nous et on a décidé qu'on devait t'apprendre à te défendre toi-même. Disent-ils.

Quand je vois Serhat sortir son arme, je comprends mieux. Ils veulent m'apprendre à tirer.

- Abi, ce n'est pas nécessaire. Lui dis-je. Tu sais que je ne tirerais jamais sur une personne.

- Nihan, tu es obligé. Me dit-il. Ils attendent qu'on tourne le dos pour t'attaquer. Je ne vais pas leur sacrifier ma seule soeur.

Il me tend alors l'arme que je finis par prendre. J'ai toujours gardé une arme avec moi par précaution, mais je n'ai jamais tiré avant. Mes frères m'aident à me placer correctement et me montre comment bien viser.

- Ferme un oeil, et tire. Me dit Eymen.

C'est ce que je fais mais je rate mon tir. J'ai besoin de beaucoup d'entraînement. Et je suppose que mes frères ne vont pas s'arrêter à ça... Ils vont m'apprendre toutes les techniques de défense. Ce n'est pas plus mal, mais je ne sais pas si je pourrais tout refaire face à un ennemi...

Mais je pense que ça ne me sera plus utile, puisque je m'en vais. À la fin de cette journée, je leur annoncerais mon départ, puis demain matin sera au tour d'Adil hoca.

Je vais partir à contrecœur mais je veux résister face à Rüzgar. Et je ne peux pas résister tant qu'il sera mes côtés... Je ne vais pas mentir, à jamais il sera le maître de mon cœur, je ne peux pas le changer, mais je dois marcher avec ma raison qu'avec mon cœur. Et je compte bien y réussir.

RÜZGAR

Le soir venu, je laisse Arzu dormir puis sors de chez moi. Je prends ma voiture pour me rendre à Şile (Shilé). C'est à environ une heure d'ici. J'ai besoin de prendre l'air, de m'éloigner un peu. Ça fait si longtemps que je n'ai pas pris du temps pour moi-même.

Une fois arrivé à Şile, je me gare devant une maison. Elle est abandonnée. Je descends puis rentre à l'intérieur. C'est dans cette maison que j'ai grandis, et c'est ici que mon géniteur a tué ma mère. C'est ici où a commencé ma vie...

Je sors de ma chambre avec ma sœur Meryem en entendant ma mère pleurer. La première chose que je fais est de poser mes petites mains sur son visage pour sécher ses larmes.

- Annem... Dis-je doucement.

Elle s'arrête de pleurer quand elle me voit avec Meryem.

- Les enfants... il est tard, allez dormir. Nous dit-elle.

Je ne dis rien mais la prend dans mes bras. Je n'aime pas voir ma mère pleurer... d'un coup, ma mère lève sa tête quand elle entend une voiture se garer. Elle se lève et nous dirige vers nos chambres.

- Les enfants, fermez la porte à clé et ne sortez pas. D'accord ? Nous dit-elle en souriant faiblement. Si quelqu'un vous appelle, ne répondez pas.

On hoche la tête puis elle ferme la porte sur nous. J'ai compris qu'il est là, mon père. Je l'entends rentrer dans la maison, et cassant une bouteille au sol. Quelques minutes plus tard, j'entends les cris de ma mère.

Je cours vers mon lit et me cache sous ma couette en mettant ma main sur mes oreilles.

- Allah, fais partir baba, s'il te plaît ! Dis-je en pleurant. Il est méchant avec ma maman, très méchant !

Mes yeux se remplissent de larmes rapidement et je serre mes poings. Je n'ai pas un seul bon souvenir dans cette maison, si ce n'est le visage de ma mère. De toute façon, le jour où ma mère est partit était le dernier jour de ma vie.

Je m'assois lentement sur le sol en posant ma tête contre le mur. Je viens souvent ici et nettoie la maison. Je l'ai même acheté pour que personne d'autre ne puisse l'acheter. Cette maison regorge tant de souvenirs aussi horrible soit-il, mais où ma mère est présente. Quel autre souvenir ai-je d'elle ?

Je me lève pour faire le tour des lieux. Je vais dans le jardin pour arroser les fleurs préférés de ma mère, les tulipes, et balayer un peu le sol. J'essaie de garder vivant les bons souvenirs de ma mère.

- Tu sais, anne ? Dis-je en nettoyant la maison. J'aime une fille. Elle m'aime aussi, mais on s'est séparé à cause de moi... je sais que je t'avais dis que je n'avais que toi et ma soeur dans ma vie, et qu'il n'yaurait pas d'autres femmes mais anne, ton fils change.

Je lâche un petit sourire.

- Elle m'a changé. Dis-je doucement. Sans le vouloir, elle m'a appris à devenir un fils digne de toi. Je sais que tu dois te demander ce que j'ai fais pour qu'on se sépare, mais c'est compliqué... je ne sais pas si elle va me pardonner, anne... je lui ai fais beaucoup de mal. Tu crois qu'elle me pardonnera ?

Une fois le nettoyage fini, je rentre dans mon ancienne chambre et m'allonge sur mon lit.

- Ah, ne t'inquiète pas ! Je n'ai jamais levé la main sur elle, je ne le ferais jamais. La rassurais-je. Maintenant, j'ai trois femmes dans ma vie. Toi, Meryem et elle. Je n'ai pas pu te protéger ni protéger Meryem, mais je la protégerai. Même si elle me rejette, je ne laisserais aucun mal la toucher. Elle ne souffrira pas. Je te promets et je le lui promets.

Je ferme les yeux en continuant à parler à ma mère. Peut-être que ça me fait sentir qu'elle est encore en vie... même si elle ne m'entend peut-être pas, je me sens bien en vidant mon cœur. Je continue à parler encore et encore, jusqu'à ce que le sommeil me prenne.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant