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Je me prépare pour entrer dans la salle d'opération. C'est le jour. C'est le jour de l'opération de la femme enceinte. J'ai posé cette question que je redoutais tant à son mari, qui devrions-nous sauver en cas de complications ? J'ai eu tellement mal en voyant son regard impuissant.

Il a choisi sa femme, car même si c'était dur à l'admettre, il se disait qu'il pourrait avoir d'autres enfants alors que si sa femme s'en va... il n'en trouvera pas une autre. Mais je me suis promise à moi-même que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver les deux.

- Es-tu prête, Nihan ? Me demande mon professeur.

Je hoche la tête et débute l'opération.

...

Après un certain temps, l'infirmière me fait remarquer que les battements du cœur de la femme faiblissent. Je tente de garder mon sang froid, en cherchant une solution. Mais voyant que rien ne fonctionne, mon professeur prend la parole.

- La femme ne survivra pas... Dit-il en soupirant. Il faut faire une césarienne.

- Mais son mari a voulu qu'on la sauve ! Rétorquais-je.

- Dans le cas où c'est possible. Là, il n'y a plus rien à faire, Nihan... me dit-il. Faisons une césarienne avant que le bébé ne perde la vie.

Je hoche la tête, en gardant mes larmes. Je ne peux pas faiblir en pleine opération. Je pratique la césarienne, qui s'avère être une réussite. Mais je regarde la machine cardiaque. Le cœur de la mère ne s'est pas complètement arrêté. Si je trouve rapidement une solution, je pourrais peut-être la sauver.

- Laissez moi une chance, professeur. Je peux la sauver, je vous en supplie. Lui dis-je pour qu'il me donne l'autorisation de continuer.

Il me regarde avec hésitation puis hoche la tête. Je reprends le scalp et reprends là où je me suis arrêtée. Durant tout ce temps, je demande à Allah de me venir en aide. Je ne veux pas qu'un bébé grandisse sans sa mère, je ne veux pas qu'un homme perde l'amour de sa vie...

Après plusieurs minutes, je m'arrête. C'est maintenant ou jamais. Si son cœur ne se remet pas en marche d'ici quelques secondes, c'est que c'est réellement finis... j'attends, le cœur rempli d'espoir puis finalement, j'entends un bruit régulier. Signe que son cœur battait à nouveau comme avant. Je soupire de soulagement.

- Elle a survécu... Murmurais-je en souriant.

- Tu l'as fais, Nihan... me dit mon professeur en souriant. Bravo !

Je souris en même temps que d'autres médecins referment le corps de la femme. J'ai réussis. Mon Seigneur ! Je sors du bloc opératoire pour annoncer la bonne nouvelle à son mari. Il se met à pleurer, en relâchant tout son stress. Inconsciemment, mes pensées se tournent vers Rüzgar et le jour de mon accouchement.

Je me dirige vers les vestiaires pour me changer, tout en continuant d'y penser. Mine de rien, j'ai hâte d'être à ce jour. J'ai hâte de tenir entre mes mains mon enfant. J'imagine déjà les jours passer comme un éclair, j'imagine déjà être mère.

Je sors de l'hôpital, monte dans la voiture de Rüzgar et le salue en l'embrassant sur la joue. Une fois qu'il démarre, je me mets à lui raconter comment s'est passé ma journée, tout ce que j'ai fais et il en fait de même.

- Je vois que tu es de plus en plus proche avec mes frères. Notais-je.

- C'est vrai. J'essaie d'oublier nos anciens différents et recommencer à zéro. Me dit-il. Ce ne serait pas judicieux d'être en guerre avec les frères de ma femme et le mari de ma sœur.

Je souris en hochant la tête.

- On m'aurait dit que tout ça allait se passer, l'année dernière, j'en aurais ris. Dis-je doucement. Rüzgar Aksoy et les Kaya dans la même maison, sans qu'aucun veuillent tuer l'autre ? C'était impossible, et pourtant...

Il rit légèrement. La pauvre Nihan de l'année dernière n'y aurait sûrement jamais cru. C'était surréaliste.

- Tu sais ? J'ai toujours su, au fond de moi, que t'allais devenir mienne. M'avoue-t-il. Depuis que nous étions en Italie. Lorsque tu avais tué cet homme pour me sauver, je te jure j'allais devenir fou. J'ai voulu le tuer une seconde fois parce que je ne pouvais pas supporter de te voir autant effrayé.

Je lève la tête vers lui face à confession. Chaque jour, j'en apprends de plus en plus...

- Mais je savais aussi que tu avais renié tous tes principes, de ne tuer personne, pour me sauver. L'ennemi de tes frères. L'homme qui t'a gardé de force. Tu pouvais bien te cacher dans la chambre froide, personne ne t'aurait trouvé. Continue-t-il. J'ai pensé à ça tellement de fois, que j'ai fais la première chose qui m'est passé par la tête : je t'ai embrassé. Je pense que j'avais besoin de te montrer que je suis là pour toi...

Je le regarde avec émotion. Je me rappelle de chaque parcelle de ce jour. C'était notre début.

- Et c'est à ce moment que j'ai fais ce plan stupide. Je voulais me forcer à te détester pour renier peu importe le sentiment que je ressentais à ton égard. Dit-il doucement. Mais c'était déjà trop tard. Dans tous les cas, jamais je ne serais allé au bout de cette "vengeance".

Il me l'avait dit autrefois... finalement, lors de son plan, nous sommes tous les deux tombés amoureux l'un de l'autre jusqu'à en devenir inséparable.

- Mais... pourquoi n'as-tu jamais rien dis à tes frères ? Me demande-t-il. Je t'avais fais beaucoup de mal... pourtant tu n'avais rien dis.

- Parce que je t'aimais toujours, Rüzgar. Si je le disais à mes frères, tu serais réellement mort. Et je le dis sérieusement. Dis-je en soupirant. Je t'ai détesté, mais je ne te voulais pas mort. Cette partie de l'histoire, personne ne la connaîtra autre que nous. Ils savent que nous nous aimons, ils n'ont pas à connaître les détails. N'est-ce pas ?

Il me regarde en souriant puis hoche la tête. Il prend ma main et l'embrasse. En l'espace d'un an et demie, tant a changé. En mieux, bien-sûr. Je n'ai pas réellement envie d'oublier le passé, parce que c'est ce qui nous a forgé, aujourd'hui. Et malgré tout, si je devais revivre cette année, je la revivrais pour le meilleur et pour le pire.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant