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Alors que j'étais dans ma chambre, en train de chercher des informations sur Kadir, mon téléphone se met à sonner. Numéro inconnu. J'y réponds en espérant que cela soit Nihan.

- Allô ? Dis-je.

J'entends seulement une respiration. Ce n'est pas Nihan, je le sens.

- Qui es-tu, allô ? Répétais-je.

- ... Vous avez découvert que j'étais en vie. Bravo. Entendis-je.

Le sang me monte à la tête. Kadir. Une soudaine envie de l'étranger me vient.

- Où est Nihan ? Lui demandais-je, en essayant de me contenir du mieux que je peux.

Irrité, je l'entends rire à l'autre bout du fil. Je tente de rester calme pour Nihan.

- Je te donne une adresse, dans une heure tu dois y être. M'informe-t-il.

- Nihan sera là ? Demandais-je, avant qu'il ne me raccroche à la figure.

Je vois rouge. Je frappe la table du poing. Il me provoque. Bien, Kadir. J'arrive. Je prends une veste puis sors de la maison sans me faire remarquer. Je prends ma voiture et mets l'adresse qu'il m'a envoyé sur le GPS.

Au bout d'une heure de route, j'y arrive enfin. Je sors mon arme au cas où c'est un piège. Tout à l'air calme... je m'avance doucement et vois au loin deux voitures.

- Deux voitures sont face à toi. Laquelle choisiras-tu ? Me demande-t-il dans un sorte de haut-parleur.

Je regarde les deux voitures, anxieusement. Laquelle vais-je choisir ? Je m'approche de la deuxième. J'entends la voix de Nihan criant à l'aide. Je fais les gros yeux. Elle est là.

- Je suis là, Nihan. Je suis arrivé, aşkım. La rassurais-je.

Je remarque que la portière est fermée. J'essaie de l'ouvrir avec mon arme, en vain.

- Éloigne toi et protège toi, Nihan. Je vais briser la vitre. La prévenais-je.

Elle continue à pleurer en criant à l'aide. Je casse alors la vitre et réussis à ouvrir la portière.

- Je suis là, aşkım, je suis là. Dis-je doucement.

Mais je perds rapidement mon sourire en constatant qu'elle n'est pas là. Il y a un petit microphone, caché dans un sac. Je tourne alors la tête et regarde l'autre voiture. Je lâche tout ce que j'ai en main et cours vers celle-ci.

Plus je m'approche, plus j'entends ses cris en continue. Ses cris qui me sont insupportables à écouter. Je suis à deux pas de la seconde voiture mais... une explosion. Je me fais projeter en arrière violemment. La voiture a explosé. La voiture a explosé et Nihan est à l'intérieur !

- NIHAN ! Criais-je, en courant vers la voiture. NON !

J'allais rentrer dans les flammes mais quelque chose m'en empêche, alors je me contenter de regarder la voiture qui prend feu, tout en criant de rage. Quelque chose à l'intérieur de moi se passe... quelque chose d'étrange... comme si je prenais feu de l'intérieur. Un feu que personne ne peut éteindre.

- Nihan... Dis-je les larmes aux yeux. Nihan, ne pars pas...

Ma voix se brise totalement. Je n'arrive plus à prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. Tantôt je cris, tantôt je pleure. Mon corps s'est arrêté à ces deux réactions. Je n'ai même pas la force de prendre mon arme et me tirer en pleine tête. Pourtant, c'est la seule chose que je souhaite. Mais je me torture à regarder encore et encore cette voiture brûler. C'est de ma faute. Je n'ai pas pu la protéger.

Je continue à contempler cet affreux spectacle jusqu'au matin. Les flammes se sont éteintes, enfin. Mais Nihan n'est pas sorti. Elle n'est pas sortie. Je l'attendais mais elle n'est pas venue.

- Rüzgar ! Entendis-je.

Je vois Enes, Serhat et Eymen courir jusqu'à moi. Enes se met face à moi, inquiet.

- Mon frère, que s'est-il passé ? Me demande-t-il.

Après sa question, je me mets à vomir. Je prends mon arme et la lui tends.

- Je n'ai pas pu le faire... Dis-je. Tue moi.

Il me regarde comme si j'étais fou. Il ne comprend rien à la situation mais moi, je n'ai pas la force de lui expliquer.

- Dis nous ce qui s'est passé. Me disent Serhat et Eymen. C'est Kadir ?

Après son nom, je l'insulte de tous les noms. Puis je me tourne vers eux.

- Nihan... Dis-je la voix brisée, en pointant la voiture du doigt.

Et je me remets à vomir. Je ne suis pas moi-même. Je parle et agis comme si j'étais complètement ivre, bien que je n'ai pas pu. Quant à Serhat et Eymen, ils tombent à genoux, en pleurant. Leur sœur est partit, ma femme est partit. Ma femme est partit ? Non... elle m'attend sûrement. Non, ma femme n'est pas partie. Mon amour n'est pas parti.

- Rüzgar, mon frère, regarde moi. Me dit Enes, en larmes.

Je finis par me relever et tituber en marchant jusqu'à la voiture. Je m'agenouille face à elle, puis pleure.

- Nihan, reviens. Dis-je en pleurant. Je ne peux pas sans toi. Je t'en supplie !

Enes tente de me réconforter mais mon cerveau semble dérailler. Pendant un court instant, j'accepte sa mort et ensuite, je nie. Parce que oui, ma femme ne peut pas mourir ! Elle ne peut pas me laisser !

Je relève ma tête pour un instant, et je la vois au loin. Elle me sourit. Je me relève rapidement et cours vers elle, en trébuchant plusieurs fois. Je trébuche, tombe et me relève, mais je continue à lui courir derrière.

- Nihan ! Ne me fais pas courir ! Je suis fatigué ! Lui criais-je.

Mais elle continue à courir, tout en se retournant quelques fois vers moi en riant. Son rire me fait sourire. Elle est si belle.

- Ma Nihan ! Attends moi, je t'en supplie ! Lui criais-je. Ne t'en vas pas.

Elle s'arrête alors de courir, je réussis donc à la rattraper.

- Tu cours vite. Dis-je en riant, essoufflé.

Mais à peine ai-je levé la tête que je ne la vois plus. Elle a disparu. Je regarde autour de moi, mais la seule chose que je vois est Serhat et Eymen, pleurant et criant. Mes yeux s'embuent de larmes. Je suis revenu à la réalité... Nihan... Nihan est partie.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant