Le silence d'une âme

81.

L'heure de la réunion est arrivée. Mon cœur bat de plus en plus rapidement lorsque tous les hommes rentrent. Je me tiens près de mes frères et m'assois à leur côté.

- Ne stresse pas, mon coeur. Me chuchote Serhat. Cette réunion se finira rapidement, puis on ira d'ici.

Je hoche la tête. Au même moment, Rüzgar rentre dans la salle. Il se fige en me voyant mais se reprend très vite et se dirige vers son siège.

- Bien. Puisque tout le monde est là, la réunion commence. Dit Kemal.

Je serre les poings en les voyant. C'est de sa faute, si Rüzgar a perdu sa mémoire. S'il n'avait pas dis à mes parents où j'étais, mon géniteur n'aurait jamais tiré sur Rüzgar.

- Que fait cette femme ici ? Demande un homme. Je pensais qu'il n'y avait que des hommes ici.

- Ça ne vous regarde pas. Dit Serhat en serrant les dents.

- Ça nous regarde. Rétorque un autre homme. Ici, on parle d'affaires d'hommes. Si elle veut vraiment être entouré d'hommes, qu'elle aille à l'hôtel ou au casino !

Mon frère allait se lever, mais je vois la tête de l'homme se cogner violemment contre la table. Il se relève en tenant son nez ensanglanté. C'est Rüzgar qui l'a cogné...

- Comme ça tu tourneras ta langue sept fois avant de prononcer de sales paroles. Dit-il, en colère.

Je fais les gros yeux. Rüzgar... vient de me défendre ?

- Si d'autres ont des commentaires à faire, je vous en prie. Ça ne me dérangerait pas de couper vos langues. Dit-il d'un ton froid. Si vous n'avez rien à dire, que la réunion commence.

Mon cœur se met à battre rapidement. Plus rien ne m'importe dans cette salle. Rüzgar vient de me défendre devant tous ces hommes. Je vois que mes frères sont aussi surpris que moi, mais je ravale ma joie. Il l'a sûrement fait par bonne conscience.

- Cette femme, messieurs, est la sœur de Serhat et Eymen Kaya. Dit Kemal. Certains d'entre vous êtes nouveau, donc je mets ces paroles sur le compte de l'ignorance.

Puis après cela, il entame son discours sur la paix. Proposant des solutions aussi farfelues les unes que les autres. Bien-sûr, ni mes frères ni Rüzgar n'ont acceptés. Je savais que rien n'allait marcher.

Après un long moment de négociations, tous les hommes s'en vont, à l'exception de mes frères et Kemal.

- On doit parler avec Kemal, abiler. Dis-je à mes frères.

- Ça a oublie le "amca" (oncle) aussi rapidement ? Demande Kemal.

Je lui lance un regard noir. Je sors un papier de mon sac et le tends à mes frères.

- Nos parents et Kemal se connaissaient dép longtemps. Après notre naissance, il devait s'occuper de nous. Leur expliquais-je. Il donnait de nos nouvelles régulièrement à nos parents. Et il savait qu'ils avaient revenir...

Je vois Kemal devient blême.

- Quoi ? Disent mes frères.

- À cause de lui, nos parents sont revenus. A cause de lui, Rüzgar a perdu la mémoire. Dis-je en colère. C'est même nos parents qui lui ont suggérés un mariage avec Rüzgar, avant que je ne devienne vieille fille, et que je déshonore la famille.

Mes frères serrent leurs mâchoires.

- Tu as aimé joué et mentir à des enfants, hein ? Dit Eymen en riant nerveusement. J'aurais aimé t'insulter mais je ne vais pas me salir la bouche pour une pourriture comme toi.

- Et tu sais quoi ? Lui dit Serhat. On quitte la table. Dis au grand patron que Serhat et Eymen Kaya ne travailleront plus pour toi.

Kemal fait les gros yeux.

- Mes fils... je vous en supplie, ne le faites pas ! Dit-il. On va perdre beaucoup et le grand patron me tuera...

Serhat se met à rire puis sors suivis d'Eymen. Je les suis mais m'arrête quand Kemal m'appelle.

- Nihan, tu me dois quelque chose. Me dit-il. Si je ne t'avais pas dis de te marier avec Rüzgar, tu ne l'aurais jamais aimé !

- Je ne te dois rien, Kemal. Dis-je en colère. Même si j'ai connu Rüzgar "grâce à toi", je l'ai perdu à cause de toi. Si mes parents n'étaient jamais venus, ils n'auraient pas tirés sur Rüzgar, et Rüzgar ne m'aurait pas oublié.

Il me regarde sans rien dire.

- Au lieu de t'occuper de nous, occupe toi de comment tu vas rester en vie, Kemal amca. Dis-je avant de sortir de cette salle.

RÜZGAR

Je me cache derrière le mur en voyant Nihan sortir de la salle. Alors comme ça ce sont ses parents qui m'ont tirés dessus, à cause de Kemal. Sans le savoir, elle m'a donnée une information cruciale. Et honnêtement, ça m'a surpris que les Kaya ne travaillent plus pour Kemal. Du loin que je m'en souvienne, ils étaient de grands alliés.

Mais de ce que j'ai compris, leur relation a été dégradé lorsque Nihan devait me marier. Je me demande comment j'ai pu accepter cette proposition. À vrai dire, elle est une jeune femme très charmante avec un bon cœur, n'importe quel homme rêverait de l'avoir à ses côtés, mais je ne peux pas accepter un mariage qu'elle ne veut pas.

Malgré toute ma haine pour son frère, elle reste la seule innocente dans cette histoire. Je n'arrive pas à croire que j'ai accepté de mon plein gré un mariage forcé. Je me sens tout d'un coup honteux, elle a dû beaucoup souffrir.

Et en parlant d'elle... j'ai eu un autre souvenir lorsque je l'ai vu dans cette salle. Je pense que c'était le jour où on nous a annoncé qu'on allait se marier. Des mini flashs ont continués jusqu'à que je me fasse couper par la voix de ces hommes. La façon dont il lui parlait m'ont énervés, et je n'ai pas pu me retenir. Si nous n'étions pas en réunion, j'aurais fais pire que juste lui casser le nez...

Je soupire puis sors d'ici. Je commence à devenir plus doux envers elle. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. Je me résigne en me disant qu'elle sera une femme mariée. Même si rien qu'à cette pensée mon coeur bouillit, je suis un homme de principe. Et puis... je pense que ce mariage sera pour le mieux. Pour elle, et pour moi.