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Après avoir déposé Nihan, je retourne chez moi. Je ne voulais pas la laisser à ce moment-là mais je sais que ses frères vont la réconforter.

- Alors ? Comment ça s'est passé ? Me demande Enes.

- Je n'aurais jamais dû l'emmener là-bas. Lui dis-je. Ils l'ont détruis plus qu'elle ne l'était.

Il soupire. Avec tout ces événements, je m'en fais la promesse... si un jour j'ai une fille, je la protégerai de tout le mal du monde. Je ne ferais jamais l'erreur qu'a fait mon géniteur ni ceux de Nihan. Nos enfants grandiront dans un foyer rempli d'amour, de protection, de bonheur. Je ne leur permettrais jamais d'être malheureux.

- Enes, envoie des hommes suivre les parents de Nihan. Lui ordonnais-je. Je sais qu'ils vont essayer de reprendre Nihan, mais je ne leur permettrais pas.

- Rüzgar... tu devrais laisser ses frères faire. Me conseille-t-il. Ce sont leurs parents, tu ne peux pas décider à leur place.

- Cette question concerne Nihan alors elle me concerne aussi. Pour son bien-être, ses parents doivent être éloignés d'elle. Lui dis-je. Nihan a un bon cœur, elle ne connaît pas la rancune... j'ai peur qu'elle leur pardonne et qu'ils lui refont du mal.

Enes soupire. Il doit se demander le mal d'accepter le pardon de ses parents mais moi, je les ai vu. Je sais que leur intention n'est pas nette.

- Enes, j'ai vu dans leurs yeux qu'ils ne regrettent pas. Lui dis-je. Fais seulement ce que je t'ai dis, et tu verras que j'ai raison.

Il hésite pendant un moment puis il hoche la tête. Je sais qu'ils cachent quelque chose et je compte bien le découvrir. Je vais tout faire pour protéger ma Nihan de ces soit-disant parents.

NIHAN

Après mon retour à la maison, je raconte tout ce que mes géniteurs m'ont dit à mes frères. Eux-mêmes n'en croient pas leurs oreilles.

- Encore heureux qu'ils ne m'ont pas pris ! Grogne Serhat. Je l'aurais tué.

- Je m'en fiche qu'ils aient décidés de m'abandonner, mais je n'arrive pas à ignorer ceux qu'ils ont dit sur Nihan. Rétorque Eymen.

- C'est ce qui me met le plus en rogne ! Dit Serhat, avec rage. Comment peuvent-ils penser que mon coeur serait source de malheur ? Notre seule source de malheur, c'est eux. Pas notre soeur !

Je baisse la tête. M'en rappeler me fait tellement mal. Ils avaient imaginés pour moi un avenir que, jusqu'à présent, je ne l'ai jamais vécu. Ils ont crus que j'allais les déshonorer, que j'allais être en constant danger... et même si c'était le cas, son rôle était de me protéger !

- Ils n'ont même pas pris la peine de me nommer... Dis-je doucement.

- Comment ça ? Me dit Eymen. Ton nom était écrit sur la feuille...

Je hoche la tête.

- Selon lui, ce n'était pas nécessaire de nommer un bébé qu'il allait abandonner. Dis-je en soupirant. Il a seulement gardé "Nihan", parce que c'est comme ça que m'a appelé Serhat.

Serhat me regarde avec incompréhension.

- Je ne comprends pas... me dit-il, confus.

- La première fois que tu m'as vu, tu m'as appelé Nihan. Dis-je en souriant faiblement. Et ils ont décidés de le garder ainsi. Ce n'est pas mon géniteur qui m'a donné mais mon grand frère.

Il me regarde en souriant faiblement. À vrai dire, cette nouvelle resserre mes liens avec mes frères mais d'un autre côté, je comprends que mon existence est insignifiante pour ceux qui sont censés être mes parents.

- Nihan, je ne veux plus que tu ailles les voir. Me dit Eymen. On a eu nos réponses, maintenant, on a compris plus que jamais qu'il n'y a que nous trois.

- Exactement. Il n'y a que nous trois. Répète Serhat. Nous n'avons besoin de personne d'autre. Je sais que je ne suis pas le meilleur grand frère, mais j'essaie et j'ai toujours essayé d'être là pour vous, de vous rendre heureux.

A ces mots, je le prends dans mes bras avec Eymen.

- Par contre, je suis aussi un grand frère. On est jumeau, je te rappelle. Le prévient Eymen en riant.

Je me mets à rire et Serhat lui donne un petit coup sur l'arrière de la tête pour rire. Heureusement qu'ils sont présents dans ma vie, s'ils n'étaient pas là, je ne sais pas comment j'aurais pu tenir le coup. Quand je suis avec eux, je ne veux même plus penser à mes parents.

Après notre longue discussion, je monte dans ma chambre. Je m'allonge sur mon lit et regarde les photos de mes frères et moi, étant petits. Le temps est passé si vite... la moi enfant aurait rêvé de ce jour où elle retrouve ses parents, elle allait pouvoir s'échapper de cet orphelinat où elle a vécue l'enfer. Mais peut-être qu'elle quitterait l'enfer pour en entrer dans un autre ?

Je soupire et chasse ses pensées de ma mémoire. Je prends mon téléphone et parle à Rüzgar en message. Il s'inquiète beaucoup pour moi, et je sais qu'il s'en veut de me laisser seule en ce moment, mais ce n'est pas de sa faute... après plusieurs messages, il finit par m'appeler.

- Alors, tu as tout dit à tes frères ? Me demande-t-il.

- Oui... aucun de nous ne compte les revoir. Lui dis-je. Mais je suis contente que tu sois venue avec moi aujourd'hui... je ne sais pas ce que j'aurais fais sans toi.

Je le sens soupirer.

- J'aurais dû t'empêcher d'y aller, Nihan. Souffle-t-il. Ce n'était pas une bonne idée.

- Ce qui est fait est fait. J'avais besoin de l'entendre d'eux-mêmes pour que je coupe mes liens une bonne pour toute. Lui dis-je.

Il reste silencieux pendant quelques secondes.

- Nihan... nos enfants ne souffriront pas comme nous avons soufferts. Me dit-il doucement. On leur donnera tout ce qu'on a jamais pu avoir.

Je me mets à rougir. Nos enfants... ces mots sonnent comme du miel dans mes oreilles.

- Je sais que tu seras le meilleur des pères, Rüzgar. Dis-je en souriant.

- Et toi, la meilleure des mères. Me dit-il.

J'étais en train de sourire quand j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Je lève la tête et vois Serhat. Son regard n'est plus comme celui de tout à l'heure...

- Tu parles à Rüzgar ? Me demande-t-il.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant