Le silence d'une âme

38.

Je rentre enfin chez moi. Cette journée a été très éprouvante... j'enlève ma veste et mes chaussures puis rentre à l'intérieur.

- Abilerim. Criais-je.

Personne ne répond. Je les cherche dans le salon, mais rien. J'allais les appeler quand j'entends deux petites voix.

- Tata ! Entendis-je.

Je me tourne et vois ma nièce et mon neveu. Je souris et me baisse à leur hauteur pour les prendre dans mes bras.

- Mes chéris ! Leur dis-je en souriant. Comment allez-vous ?

- Très bien, tata. Me répond ma nièce Eda. Viens, maman est là aussi.

Ils me prennent tous les deux par la main et m'emmènent dans le jardin. Tout le monde est là, mes frères, Eylem ma belle-sœur, Inaya et son frère Ryad. Je les salue tous, puis m'assois près d'eux.

- Vous êtes la meilleure nouvelle que j'ai eu aujourd'hui. Dis-je à Eylem en souriant. Vous allez rester là définitivement ?

Eylem regarde mon frère puis hoche la tête.

- Ils seront plus en sécurité à mes côtés. Me dit Eymen. Et mes enfants m'ont manqués...

Je souris. C'est encore une plus belle nouvelle. Eylem est comme ma grande sœur, je suis contente que mon frère l'ai trouvé. Je ne l'imagine avec personne d'autre qu'elle.

- Puisque vous êtes tous là, on va dîner ensemble. Dit Serhat.

Puis il se lève pour mettre la table. Je me lève pour l'aider. Une fois prêt, on se met tous à manger, dans la joie et la bonne humeur. Après avoir mangé et ramassé, je monte dans ma chambre pour quelques minutes.

Je m'assois sur mon lit et me rappelle de Rüzgar. Je ressens un petit pincement au coeur... Je ferme les yeux quelques secondes, avant que la porte ne s'ouvre. C'est encore Inaya. J'ai l'impression qu'elle sent quand je me sens mal.

- Je peux rentrer ? Me demande-t-elle.

- Bien-sûr, viens ! Lui répondis-je.

Elle vient alors s'asseoir à mes côtés. 

- Tu te fais du mal pour rien, Nihan. Me dit-elle doucement. Ne pense plus à lui. Oublie le.

- Je n'y arrive pas, Inaya. Je ne peux pas. Dis-je. Si l'on te demandait de ne plus penser à Erkan, de l'oublier, arriveras-tu ?

Elle me regarde puis secoue sa tête.

- Nihan... Me dit-elle, hésitante. Je dois te dire quelque chose mais ne t'énerves pas.

Je hoche la tête.

- J'ai remarquée que tu t'es rapproché de mon frère ces derniers jours... Je te vois bien avec lui. M'avoue-t-elle. Je me disais que tu devrais lui laisser une chance, c'est le seul moyen pour oublier Rüzgar.

Je secoue ma tête. C'est impensable.

- Ryad est comme Serhat et Eymen pour moi. Lui dis-je faiblement. Et... Je ne veux pas le remplacer.

... Et même si je le voulais, je ne pourrais pas. Je ne peux pas décider qui aimer.

- Personne d'entre vous ne veut comprendre... Rüzgar est encré en moi. Dis-je les larmes aux yeux. Il peut m'avoir fais la pire des choses mais il a sa place dans mon coeur. Je l'aime, Inaya... 

Je baisse la tête. Voilà la seule réalité que je connais. Je l'ai peut-être détesté pendant un moment, mais ma colère a disparu... J'aime Rüzgar, mais je ne peux pas revenir vers lui. 

- Et c'est ce que je vais fuir. Lui dis-je. 

Elle me regarde avec incompréhension.

- Je vais demander à être transféré dans une autre ville. Peut-être même dans un autre pays. Lui annonçais-je. Je vais partir et revenir quand tout rentrera dans l'ordre. 

- Nihan... Dit Inaya. Tu penses que c'est une bonne idée ?

- Je ne sais pas... Dis-je en soupirant. Mais est-ce que j'ai un autre choix ? Tout me rappelle de lui, je le vois partout. Même si ce sera dur, je dois oublier. Et rester dans cette ville ne m'aidera pas.

Elle hoche la tête en soupirant. Je dois en parler avec Adil hocam pour qu'il fasse la demande, et avec mes frères, pour leur accord. Je ne sais pas si je suis prête, mais il faut que je m'en aille, sinon je ne survivrais pas ici.

RÜZGAR

Je retourne chez moi les mains vides, comme je le pensais. Mais j'ai été déçu quand elle m'a parlé de ma "femme". Je suppose que son amie l'infirmière ne lui a pas transmis mon message.

Peut-être que c'est pour le mieux. Les hostilités ont repris avec Serhat et Eymen, et je ne veux pas qu'elle souffre de cela. Elle ne doit pas me pardonner, sinon elle sera de nouveau coincée entre moi et ses frères.

- Rüzgar, quand est-ce qu'on ira en lune de miel ? Me demande Arzu.

- On n'ira pas. Lui dis-je. Notre mariage était juste un accord, rien de plus.

Elle me regarde tristement. Je sais que je suis dur avec elle mais je n'y peux rien. Elle essaie de se rapprocher de moi mais je l'ai prévenu que je ne veux pas. Je la laisse alors et rejoins Enes dans mon bureau.

- Rüzgar, tu n'aurais pas dû aller à l'hôpital tout à l'heure. Me dit Enes. Ses frères pouvaient le savoir. 

Je hausse des épaules. C'est mon dernier soucis.

- Fermons le sujet, c'est mieux. Lui dis-je. Je dois m'occuper l'esprit avec autre chose. Tu as fais ce que je t'ai dis ?

Il hoche la tête puis me montre son téléphone. Je lui avais demandé des informations sur mon géniteur. J'ai été occupé avec Nihan ces derniers jours que j'en ai oublié ma vengeance. Je ne peux ni pardonner à Serhat ni à mon géniteur.

- Il y a plus de 12 ans, il s'est enfui de prison. Me dit-il. Officiellement, il est reconnu comme mort en Turquie mais c'était une technique pour s'enfuir.

- Donc il a sûrement pris une autre identité, c'est ça ? Lui demandais-je.

- Exactement. Dit-il. Je cherche encore mais ce qu'on sait, c'est qu'il change souvent de place. 

Je passe ma main sur ma barbe. Il se cache bien mais un jour ou l'autre, je finirais par le trouver. Il n'a plus aucun échappatoire. Après lui sera le tour de Serhat, et ça s'annoncera plus compliqué. Il est le frère de la femme que j'aime, s'il lui arrive quelque chose, elle mourra. 

C'est pour ça que je le laisse en dernier. Mais si Nihan se fait quelque chose par ma faute, je ne supporterais pas. Tout est devenu compliqué, malgré moi. Mais finalement, ma vengeance sur mon géniteur me calmera peut-être...