Le silence d'une âme

52.

Serhat regarde l'heure sur son téléphone. Treize heures. Tout le monde est réveillé, sauf sa soeur.

- Eymen, je vais aller voir Nihan. Elle avait l'air étrange hier, et ce n'est pas dans ses habitudes de se réveiller tard. Lui dit Serhat.

Il hoche la tête puis Serhat monte. Il toque à la porte mais aucune réponse.

- Nihan ? T'es réveillée ? Demande-t-il.

Ne voyant aucune réponse, il ouvre la porte.

- Nihan, tu vas bien ? Dit-il.

Il retire la couverture de sa soeur mais il trouve le lit vide. Il fronce les sourcils.

- Nihan ? Dit-il.

Il court jusqu'en bas.

- Quelqu'un a vu Nihan aujourd'hui ? Demande-t-il.

Tous répondent à la négative. Serhat appelle toutes les personnes qui sont susceptibles d'avoir croisé sa soeur, Adil hoca, Kemal, Kenan. Il les appelle tous mais aucun ne sait où elle se trouve.

- ... Nihan a disparu. Dit-il, n'y croyant pas.

Pendant ce temps, Nihan monte dans le jet privé suivi de Kadir. Elle se demande si ses frères ont remarqués son absence... S'ils croient que Kadir est réellement mort, alors ils penseront qu'elle a fuguée. Peut-être...

- Ne t'inquiète pas, princesse, tu oublieras vite ta vie d'ici. Lui dit Kadir. Tu auras le luxe servi sur un plateau d'or.

Elle le regarde sans rien dire. Elle pouvait se permettre d'acheter tout le luxe qu'elle voulait avec ses frères, mais elle a toujours préféré rester modeste. Ce ne sera pas l'argent qui la fera oublier ses proches qu'elle a abandonnée..

- Nihan ! Crient Serhat et Eymen dans les rues. Nihan !

Tout le quartier s'est mis à sa recherche. Ses frères savent qu'elle n'est pas partie de son plein gré sinon elle aurait laissé un mot ou quelque chose de ce genre. Mais bien-sûr, la nouvelle ne tarde pas à arriver aux oreilles de Rüzgar...

- Rüzgar... Lui dit Enes faiblement. Nihan a disparu.

Il fait les gros yeux. Depuis hier soir, il ressent un manque de tranquillité dans le coeur, un sentiment qui l'a empêché de dormir. Il se rend compte que c'est pour cette raison.

- On sait qui l'a enlevé ? Lui demande Rüzgar.

- On ne sait pas si elle a été enlevé. Lui répond Enes.

- Elle a été enlevé ! Crie-t-il. Nihan ne partirait pas sans me le dire ! Et je suis sûr que Kadir est derrière ça...

Il repense aux paroles de Nihan. Il finit par tomber à genoux en se frappant le haut de la tête avec ses mains.

- Elle m'a fait ses adieux, hier ! Dit-il désespéré. Je n'aurais pas dû la laisser partir !

- Rüzgar... Mon frère... Ne fait pas ça. Lui dit Enes. Lève toi, on va la chercher partout. Allez.

Rüzgar hoche la tête puis se lève.

NIHAN

Nous sommes arrivés en Sicile après plusieurs heures de vol. C'est tellement loin de chez moi... Le van s'arrête, je comprends que nous sommes arrivés chez Kadir. On m'ouvre la porte alors je descends.

- Bienvenue chez nous, princesse. Me dit Kadir.

Il pose alors sa main sur ma taille pendant que l'on marche, je me raidis à son geste. Je lève les yeux et vois l'endroit où je vais "vivre". C'est une très grande villa, qui ressemble à un palace. Mais je ne m'éblouis pas devant. Je reste neutre.

- Tu désires quelque chose, princesse ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Je veux un Coran, une tenue de prière et un carnet avec un stylo. Lui dis-je.

Il hoche la tête puis parle à un de ses hommes en italien.

- Pedro, accompagne Madame jusqu'à sa chambre. Dit-il à son homme.

Ce fameux Pedro hoche la tête et me demande de le suivre. Il m'emmène dans ma chambre comme lui a ordonné Kadir.

- Nous allons bientôt vous ramener ce que vous avez demandés. Me dit-il. Désirez-vous autre chose ?

- Non, je veux rester seule. Lui dis-je.

Il hoche la tête puis s'en va. Je me lève et ferme la porte à clé. Une fois complétement seule, je me mets à pleurer comme jamais je ne l'ai fais. Je suis dans un autre pays que le mien, loin de mes frères et de celui que j'aime. Ils doivent être tellement inquiet, et je ne peux pas les rassurer...

Mais je n'avais d'autre choix que de partir. Allais-je regarder ma famille mourir sur ce petit écran de téléphone ? Je me serais tiré une balle dans la tête, sans attendre. Je dois donc vivre avec cet homme pour la survie de mes êtres chers.

Je pose ma tête sur l'oreiller en pleurant et pensant à mon destin. Serais-je condamnée à vivre et mourir ici ? Ne reverrais-je plus jamais mes frères et mon Rüzgar ? Je finis par fermer les yeux.

- Allah belasını versin, Kadir. (Qu'Allah te maudisse, Kadir.) Dis-je en m'endormant.

...

Je me réveille et vois Kadir assis sur un fauteuil face à moi. Je me relève rapidement.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demandais-je.

- Je te regarde. Me dit-il en souriant. Ma brune est devant moi, je ne vais pas saisir l'occasion ?

Il me dégoûte. Je pense que je vais renfermer ma tristesse dans cette chambre, et me montrer plus forte à l'extérieur. Je vais leur montrer que je suis la soeur des Kaya.

Je vais me battre pour survivre parce que je sais qu'un jour, je vais retourner chez moi. J'ai toujours cet espoir, et je ne le perdrais jamais. Mais pour cela, j'ai seulement besoin de rester en vie.

- Je t'ai ramené les affaires que tu voulais. Me dit-il. Mais je ne savais pas que tu étais religieuse.

- Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas de moi. Lui dis-je. La religion est ce qui est le plus important dans ma vie, après ça, c'est ma famille.

Il hoche la tête puis s'approche de moi et pose sa main sur ma joue. Je bouge ma tête pour qu'il l'enlève.

- Nihan Kaya, n'oublie jamais que tu m'appartiens. Dit-il en souriant.

Je serre mes poings. Je veux lui cracher à la figure. Il ne mérite que ça.

- A partir d'aujourd'hui, tu es ma femme. Me dit-il. La femme de Kadir Giovanni Moretti.

Sa phrase me donne envie de vomir. Mais c'était la suite logique... Il veut me considérer comme sa femme, mais mon coeur appartient à Rüzgar, et à personne d'autre. Je soupire. Je dois patienter... Et un jour, je sortirais de là.