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Alors que le soleil est sur le point de se coucher, j'entends la porte sonner. Je m'essuie les mains avec le chiffon puis pars ouvrir la porte. J'accueille Eymen, Eylem, les enfants et Meryem. Je les prends chacun dans mes bras avant de les inviter à l'intérieur.

- Nihan, Serhat arrive bientôt. Me prévient Eymen. Il devait rencontrer quelques personne. Il est en route.

Je hoche la tête. Alors on l'attendra pour le repas. Je m'assois à côté des filles puis discute avec elles. Eymen et Rüzgar se parlent, et les enfants jouent ensemble. D'un coup, Eymen reçoit un message. Il le lit puis lève sa tête vers moi.

- Serhat arrive. Me prévient-il.

Je m'excuse avant de me lever puis prépare la table. Je pose les divers plats, puis les verres, les assiettes et les couvercles. Je regarde la table. Parfait. Tout est parfait.

Je prends la dernière assiette mais un énorme bruit m'arrête. Au début, je pensais qu'un des enfants est tombé mais le bruit se répète et je reconnais les coups de feu. Je regarde par la fenêtre et vois un corps à l'extérieur au sol. Enfin, plusieurs corps. Je lâche l'assiette qui se brise en mille morceaux et je cours à l'extérieur.

- Non, non, non ! Dis-je en panique.

Serhat était aussi sol, baignant dans son sang. Les gardes autour étaient aussi au sol, morts. Je cours vers Serhat, il bouge encore.

- Serhat abi ! Dis-je avec inquiétude. Abi, je suis là... je suis là !

Son corps est affaiblit. Très affaiblit. Il a perdu énormément de sang. J'enlève ma veste et tente de stopper le sang de couler. Rapidement, tout le monde sort de la maison et s'approche de nous.

- Abi... tiens bon. Lui dis-je doucement. On va appeler l'ambulance, je vais te sauver, abi.

Rüzgar appelle l'ambulance, et Eymen se met à genoux à nos côtés. Serhat respire difficilement. Mes mains tremblent. Non. Ce n'est pas la première fois qu'il se fasse tirer dessus... il va survivre ! Il a survécu jusqu'ici, alors il va survivre. Mais alors pourquoi mon âme s'apprête à s'en aller avec lui ?

- Abi... Dis-je les larmes aux yeux. Je t'en supplie, ne me lâche pas. Ne pars pas. Qu'est-ce que je vais faire sans toi, moi ? Abim, babam... mon grand frère, ma moitié, mon meilleur ami, mon protecteur, mon père.

Il me sourit faiblement puis pose sa main sur ma joue.

- Mon... mon cœur. Murmure-t-il.

Je commence à voir flou à cause de mes larmes. Mes lèvres tremblent et mes joues me font terriblement mal. Je prends sa main et la pose sur mon ventre.

- Abi... tu vas devenir tonton de jumeaux. Une fille et un garçon. Lui dis-je tristement. Ne nous laisse pas...

Je vois son corps entrain de trembler mais il sourit tout de même face à ma nouvelle.

- Je... je ne peux pas. Dit-il les larmes aux yeux. Mon cœur... kalbim...

- Tu... Tu ne peux pas quoi, abi ? Répétais-je, le cœur lourd. Abi... l'ambulance arrive bientôt. Je vais te sauver, d'accord ?

Il secoue sa tête, avec un regard désolé. Je serre sa tête contre moi en lui caressant la joue.

- Tu vas survivre, abi. Dis-je en essayant de m'en convaincre. Tu vas voir mes enfants, et je verrais les tiens. Tu ne mourras pas, abi !

Sa respiration devient de plus en plus lourde, et bientôt, ma veste n'empêche plus le sang de couler.

- Je... je t'aime, mon cœur. Chuchote-t-il. Tu es la plus belle... chose qui me soit arrivé. Ma sœur... mon cœur... ma fille... ma vie.

- Abi... ne me parle pas, je t'en supplie. Dis-je les larmes aux yeux. Ne perds pas ton énergie. L'ambulance arrive.

- Je suis désolé... De t'avoir fait de la peine. J'ai toujours voulu... te rendre heureuse. C'était mon... unique but... dans cette vie. Murmure-t-il. Je suis... heureux d'être... ton frère. Je suis...  heureux... de mourir dans tes bras.

Je regarde autour de moi avec désespoir. Tout le monde pleure.

- OÙ EST CETTE AMBULANCE, BON SANG ?! Criais-je.

Puis je me tourne vers mon frère qui perd de plus en plus de ses forces.

- Je t'aime, abi ! Dis-je en pleurant. Tu es le meilleur grand frère, tu ne m'as jamais rendue malheureuse... je t'en supplie, abi. Ne me laisse pas tout seule, ne m'abandonne pas. Je ne sais pas quoi faire sans toi. Je ne veux pas vivre sans toi. Abi... je t'en supplie.

Il me regarde tristement. Il ne peut rien y faire.

- Mon cœur... Dit-il doucement.

Eymen s'approche, puis on s'enlace tous les trois. Et c'est dans cette dernière étreinte que Serhat lâche son dernier souffle. Je sens ses bras se détacher de nous. Je me recule alors et vois que ses yeux se sont fermés.

- Abi, non ! Dis-je en pleurant. Réveille toi, abi ! Ne pars pas ! Abi !

Je secoue son corps, mais rien n'y fait.

- ABI ! Criais-je en sanglotant. Abi, réveille toi ! Ne me laisse pas ! Abi ! Serhat !

Je continue à secouer son corps jusqu'à ce que l'ambulance arrive enfin. Les ambulanciers arrivent rapidement et le prennent. Eymen et moi, nous montons avec eux. Je tiens la main de Serhat.

- Ne pars pas... Chuchotais-je.

Les ambulanciers me préviennent que son pouls est très faible. Mais même si c'est faible, il y a encore de l'espoir ! Il y a encore de l'espoir pour moi.

Arrivé à l'hôpital, on le descend avec le brancard puis je cours avec les infirmiers et médecins jusqu'au bloc opératoire. Une infirmière me bloque dans ma course.

- Docteur Nihan, il ne vaudrait pas... Dit-elle.

- Non ! Je vais rester avec mon frère ! Dis-je.

Je la pousse et cours à l'intérieur. Mon professeur a déjà commencé à stopper le sang, alors je le rejoins. Tout se passer tellement rapidement mais je n'y fais pas attention. Mon seul objectif est de faire survivre mon frère.

Peu après, mon professeur s'arrête.

- Nihan... c'est trop tard. Souffle-t-il.

Je secoue ma tête et continue à tenter de stopper le sang. Je continue jusqu'à entendre la machine cardiaque faire ce bruit strident. Je recule, comme si je venais de me faire brûler. Je regarde le corps de mon frère... non...

- Sortez... Murmurais-je.

- Nihan... dit mon professeur.

- Sortez ! Laissez moi seule avec mon frère ! Criais-je.

Alors rapidement, la salle se vide. Lorsque la porte se ferme, je la bloque pour que personne n'y entre. Je prends la main de mon frère et pleure. Je me laisse glisser au sol. Mon frère est mort. Serhat est mort. En fait, je ne le réalise pas. Serhat est mort.

Je prends la machine à anesthésiant et la pose sur ma bouche. Si mon frère est réellement mort, je ne peux plus vivre. S'il est partit, je vais partir avec lui.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant