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J'ouvre les yeux, et vois que je suis dans une chambre blanche. Je reconnais les chambres froides, neutres de mon hôpital. Je me rappelle de ce qui m'est arrivé... je me suis évanouie au mariage de Rüzgar.

La dernière chose dont je me rappelle est sa voix. Je regarde autour de moi, espérant qu'il soit venu, mais je vois Inaya, assise sur une chaise. Elle relève sa tête et court vers moi, en me voyant réveillé.

- Nihan... Dit-elle doucement.

Je la regarde, puis éclate en pleurs dans ses bras.

- Il s'est marié, Inaya. Dis-je en pleurant. Comment je vais faire pour l'oublier ?

Elle me serre contre elle. Je ne veux plus souffrir pour lui. Et je ne peux pas lui pardonner... il pensait que j'étais une femme aux mœurs légères, qui pourrait se donner à lui facilement, et qui en retour me déshonorerai.

D'un coup, quelqu'un toque à la porte. Je sèche mes larmes au cas où se sont mes frères.

- Nihan. Me dit Aylin.

Elle rentre puis regarde rapidement Inaya avant de se reconcentrer sur moi.

- J'ai un message pour toi. Me dit-elle. Rüzgar est venu.

Je fronce les sourcils.

- Il te dit de l'oublier. Sa femme est en colère depuis que tu as perdu connaissance à son mariage, et il veut que tu ne lui causes plus de problème. Dit-elle. Il dit qu'il est heureux avec sa femme, qu'il l'aime et qu'il ne te laissera pas détruire leur bonheur.

Je reste choquée. Comment peut-il me dire tout ça ?

- Je dois y aller, mon patient m'attend. Me dit-elle.

Puis elle s'en va rapidement. Je regarde dans le vide. Je n'avais donc aucune valeur à ses yeux ? Ses mots me blessent plus que ses actions. Pour qui m'a-t-il prise ? Les larmes me montent rapidement aux yeux.

- Non, Nihan ! Me dit Inaya. Ne la crois pas. Je suis sûr qu'elle ment.

- Pourquoi mentirait-elle ? Lui demandais-je. C'est ma meilleure amie.

- Pourquoi, je ne sais pas, mais je le sens. Elle ne dit pas la vérité. Dit-elle. Je ne sens pas cette fille. Tu devrais faire plus attention.

J'allais lui répondre mais la porte s'ouvre sur mes frères. Je souris en les voyant.

- Je suis contente de voir que tu vas mieux, ma chérie. Je repasserais une autre fois, in shaa Allah. Me dit-elle en souriant.

Je hoche la tête puis elle s'en va. Serhat et Eymen s'approchent de moi.

- Tu nous as fais peur. Me dit Eymen. Tu vas mieux, pas vrai ? 

- Je vais mieux, ne vous inquiétez pas. Leur assurais-je. Je n'avais juste rien mangée depuis ce matin, et avec le stress du travail...

Ils hochent la tête puis s'assoient.

- Abi... Dis-je doucement. Pourquoi on est partit au mariage de votre ennemi ?

Serhat et Eymen se regardent entre eux. Je ne parlais jamais de ça avec eux.

- Pour leur faire croire qu'on a fait la paix. Me répond Serhat. 

Je deviens blême. Ils vont continuer à se faire la guerre... J'essaie de contrôler mes émotions face à eux, mais mon coeur se serre. Cette guerre ne finira jamais. Alors que j'avais l'espoir d'être la raison de la fin de cette guerre, cet espoir s'est envolé le jour où Rüzgar m'a lâché.

Mes frères restent un peu avec moi, puis s'en vont pour que je me repose en ordonnant à Kenan de prendre soin de moi. Je m'endors en regardant par la fenêtre. Mon Seigneur... quand est-ce que mon coeur connaîtra le repos ?

RÜZGAR

Après que le soleil se soit levé, je sors de chez moi en faisant bien attention de ne pas réveiller Arzu. Je vais dans ma seconde maison, où se trouve ma soeur.

Je rentre dans sa chambre, elle dort encore. Je m'assois face à elle puis lui tient sa main.

- Je n'ai pas pu dormir cette nuit, abla. Dis-je doucement. Nihan me vient en tête. Tout le temps...

Je baisse la tête face à elle.

- C'est pour ça, que j'aimais ma solitude. Dis-je en soupirant. Je n'avais pas à m'inquiéter pour quelqu'un, à avoir peur d'être séparée d'elle, à penser à elle au point de me perdre dans mes pensées.

Je passe ma main sur mon visage.

- Hier, je m'étais promis que je n'irais pas la voir à l'hôpital, mais j'y suis allé et j'ai laissé un message à une de ses amies. Lui dis-je. Je ne sais pas si elle lui a dit, mais je regrette un peu... Elle va souffrir encore plus, et je ne veux pas qu'elle souffre, abla.

Je soupire.

- Je dois la lâcher mais je n'y arrive pas, abla. Dis-je tristement. Son âme a touché la mienne, elle m'a écoutée, m'a comprise... Et tu sais ? Je sais que si j'ai des problèmes, elle viendrait m'aider, parce qu'elle ne connait pas la rancune. Je n'ai jamais vu quelqu'un aimer d'une aussi belle manière qu'elle. Elle m'aimait de cette manière, mais j'ai tout gâché...

Je relève ma tête. Encore une fois, j'ai repensé à elle. Et j'ai l'impression qu'à chaque fois, je l'aime encore un peu plus. Je la veux à mes côtés, mais ce n'est plus possible... Je me lève et sors de la maison pour prendre l'air. Il faut que je me ressaisisse. Je ne me reconnais plus.

Je prends ma voiture et conduis, sans savoir où aller. Mais d'un coup, je remarque deux voitures garés sur la route. Je m'arrête et sors en prenant mon arme au cas où. Je m'avance, un homme arrive... Je le reconnais, c'est Serhat.

- Serhat, qu'est-ce que tu veux ? Lui demandais-je.

- C'est à moi de te le demander, qu'est-ce que tu veux ? Me demande-t-il. Qu'est-ce que tu as fais à ma soeur ?

Je fronce les sourcils. Il l'a su ?

- Elle ne va pas bien depuis l'annulation du mariage. Qu'est-ce que tu lui as fais ? Me redemande-t-il d'un ton sec. Tu as décidé de recommencer le passé ? 

Je serre mon poing.

- Ce sujet nous concerne tous les deux, et ton frère Eymen, qui t'a aidé. Lui dis-je. Je n'impliquerais pas Nihan dedans, ne t'inquiète pas.

Il s'approche de plus en plus de moi.

- Reste loin de ma soeur, et surtout de son coeur. Me menace-t-il. Sinon, je laisserais nos armes parler.

Puis il s'en va avec ses hommes. C'est trop tard, Serhat. J'ai déjà le coeur de ta soeur... Mais je ne l'utiliserais pas contre toi, car elle aussi, a mon coeur entre ses mains.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant