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Je suis enfin rentrée chez moi. J'explique à mes frères en détail ce qui m'est arrivé. Ils n'arrivent pas à croire que ce soit Rüzgar qui m'ait sauvé.

- Qui peut être cette femme, abiler ? Leur demandais-je.

Ils haussent leurs épaules. Je pense que Rüzgar la connait, sinon il ne m'aurait pas retrouvé rapidement.

- C'est la deuxième fois où tu te retrouves seule avec Rüzgar. Me dit Eymen. Je n'aime pas ça.

Je baisse la tête sans rien dire. Ils disent ça, mais je vais bientôt vivre avec lui. Je ne sais pas non plus comment tout se passera, mais ce que je sais c'est qu'il n'y a plus d'échappatoire.

- Nihan. Entendis-je.

Je lève la tête et vois Kemal amca.

- Je me suis inquiétée pour toi, ma fille. Comment tu vas ? Me demande-t-il.

- Je vais bien. Lui dis-je d'un ton neutre.

Il s'approche de nous, puis il s'assoit.

- Je sais que ce n'est pas le moment, mais Rüzgar m'a appelé... Nous dit-il. On a parlé, et il vient ce soir.

- Pourquoi est-ce qu'il vient ? Lui demande Serhat.

Kemal amca tourne son regard vers moi.

- Pour demander la main de Nihan. Nous annonce-t-il.

Je fronce les sourcils. Je n'étais pas prête à cette annonce. Je tourne ma tête vers mes frères, ils ont la tête baissée, et la mâchoire serrée.

- Ne vous inquiétez pas, vous ne ferez rien. Vous regarderez juste. Moi, je ferais tout, en tant que son père. Dit-il.

- Tu n'es pas son père. Rétorque Serhat. Tu n'es pas notre père. On n'a plus besoin de toi dans nos vies. Tu as ruiné le futur de ma soeur, pour des histoires qui ne la concernent pas.

- Ta soeur a acceptée. Je lui ai donnée le choix, et elle a acceptée. Lui dit-il.

Mes frères se mettent à rire nerveusement.

- Ou tu te maries, ou tes frères vont mourir... C'est ça le choix que tu lui as donnée ? Lui dit Eymen, avec dégoût. Si seulement on ne t'avait jamais rencontré...

- Si vous ne m'avez pas rencontré, vous serez restés comme des chiens dans la rue ! Dit-il, énervé.

- Kemal amca... Pars. Lui dit Serhat, d'un ton sec. Pars sinon je vais dire des mots qui ne te plairont pas.

Les deux se regardent avec colère, jusqu'à ce que Kemal amca s'en aille. Après qu'il soit parti, mes frères s'assoient en posant leurs mains sur leurs têtes.

- Nihan... Me dit Serhat faiblement. Je suis désolé de ne pas avoir réussi de te sauver de ce problème.

Je m'assois à ses côtés puis lui prends les mains.

- Serhat abi, Eymen abi, vous avez fais ce que vous avez pu. Leur dis-je. Vous vous êtes battus pour moi, vous vous êtes mis en danger pour moi... Mais parfois, certaines choses nous dépassent.

Au départ, ce sujet de mariage m'étouffait. Mais maintenant, je sais que je le fais pour mes frères, alors je suis satisfaite de ma situation. Je m'unirai à cet homme et porterais son noms, pour mes frères. Et ce qui doit arriver, arrivera.

- Puis... Rien n'est encore perdu. Dis-je en souriant faiblement. Il va demander ma main ce soir, mais on ne se mariera pas tout de suite. Peut-être qu'on trouvera une solution. Peut-être que Rüzgar abandonnera de lui-même ce mariage.

Voir mes frères me regarder avec les larmes aux yeux, impuissants, me détruit. Je déteste Kemal amca pour cette raison. Il ne m'a pas laissé de choix, et il n'a pas laissé mes frères le choix. Et maintenant, malgré tous mes efforts, ils m'ont forcés à rentrer dans le monde de mes frères...

RÜZGAR

Habillé de mon costume, et tenant un bouquet de fleurs dans ma main, je sonne chez Nihan. N'ayant pas de familles, c'est Enes qui m'accompagne. Le portail finit par s'ouvrir, et on rentre.

Un de leurs hommes nous guide jusqu'à l'intérieur. Tout le monde nous attend dans le salon. Kemal vient nous saluer, puis on s'assoit. Mes yeux ne cherchent que Nihan.

Je la vois enfin arriver avec un plateau où se trouve les cafés. Sa robe lui va à merveille... Je n'arrive pas à détacher mes yeux d'elle.

- Mon frère, baisse ton regard. Me chuchote Enes. Ses frères vont te tuer.

- Je n'ai pas le droit de regarder ma fiancé ? Lui demandais-je, doucement.

Il soupire, puis tourne son regard ailleurs. Je vois Serhat se pencher vers Kemal, et lui chuchote quelque chose.

- Venons-en à la raison de votre venu... Dit Kemal.

- Messieurs, vous connaissez la raison de notre venu. Dit Enes. Conformément aux paroles d'Allah et Son Messager, nous voulons votre fille Nihan pour notre fils Rüzgar.

La phrase est dite... Je regarde à tour de rôle Serhat, Eymen et Nihan. Elle n'a pas levée la tête depuis tout à l'heure.

- D'abord, je vais demander à Nihan... Dit-il, puis il se tourne vers elle. Acceptes-tu d'être l'épouse de Rüzgar ?

Elle lève sa tête vers moi, puis me regarde longuement avant de hocher la tête.

- J'accepte. Dit-elle.

- Alors, j'accepte de donner ma fille à Rüzgar ! Dit-il en souriant.

Dans l'assemblée, Kemal est le seul à sourire. Si je n'étais pas le futur marié, j'aurais pensé qu'on était à un enterrement, pas à une demande de mariage.

Je me lève, suivis de Nihan. Une femme ramène une boîte où se trouve les bagues.

- Eymen, viens. Dit Kemal.

Kemal nous met les bagues, reliés par un fil rouge et Eymen s'approche. Kemal lui donne un ciseau, puis Eymen coupe le fil rouge sans attendre et s'éloigne.

- Qu'Allah vous accorde bonheur et bénédictions dans votre couple. Dit Kemal.

Je tourne ma tête vers Nihan, ça ne se réalisera pas. Elle sera heureuse un temps, avant que le malheur ne s'abatte sur son coeur, par ma faute. Mais aussi étonnant que ça puisse paraître, quand je la regarde, je n'y pense pas.

Oui, quand je la regarde, je ne pense pas à la finalité de notre histoire. Je ne vois qu'une femme innocente avec le coeur bon, une femme si fragile. Personne n'oserait lui faire du mal... Mais moi j'oserais. Il n'y aura que le vent (rüzgar signifie vent) qui détruira cette fleur.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant