Le silence d'une âme

33.

Je rejoins Kemal amca avec Rüzgar dans notre salle de réunion. 

- Qu'est-ce qu'il se passe, Serhat ? Me demande Kemal. Pourquoi tu nous as appelés ?

- Ce soir, il n'y aura pas de mariage. Leur annonçais-je. Faites ce que vous voulez, mais je ne vous donnerais pas ma soeur. Surtout si elle redoute ce mariage au point d'en devenir malade.

- Nihan est malade ? Elle va bien ? Me demande Rüzgar.

Je fronce les sourcils.

- En quoi ça te regarde ? Lui dis-je, froidement. J'ai dis ce que j'avais à dire, maintenant, appelez votre grand patron qu'il me tue. Mais sachez que je me relèverais de ma tombe, et je ne vous donnerais toujours pas ma soeur.

Kemal regarde Rüzgar puis me regarde.

- Le mariage a été annulé de toute façon. M'annonce-t-il. Rüzgar a abandonné au dernier moment. Tu peux donc retourner chez toi paisiblement.

Je les regarde surpris. Je me demande ce qui l'a fait changer d'avis au dernier moment, mais cette nouvelle apaisera le coeur de ma soeur.

- D'ailleurs, Rüzgar va se marier dans deux semaines. Toi, Eymen et Nihan êtes invités. Continue Kemal.

Rüzgar le regarde soudainement, comme s'il avait dit une erreur. Mais je comprends mieux... Rüzgar a dû aimer quelqu'un, et pour cette raison, il a annulé le mariage. A vrai dire, ça me rassure, je pensais qu'il ressentait quelque chose pour Nihan.

- On viendra avec plaisir. Leur dis-je en souriant.

NIHAN

Une semaine est passée. Je commence à aller de mieux en mieux. J'ai compris que je n'ai pas à devenir malade pour quelqu'un qui ne le mérite pas. Et personne n'est au courant de la raison de ma soudaine tristesse.

J'ai dû faire semblant d'être heureuse face à mes frères lorsqu'ils m'ont annoncés que je ne marierais pas. Ils m'ont dit qu'on fêtera ça la semaine prochaine. A vrai dire, j'en n'ai pas envie mais est-ce que j'ai le choix ?

- Nihan ? Entendis-je.

Je lève la tête et vois Inaya. Je lui dis de rentrer et venir s'asseoir.

- Je voulais venir plutôt mais quand tes frères ont dit à Ryad que tu étais malade, je ne voulais pas te déranger. M'explique-t-elle.

- Tu ne me déranges pas du tout, au contraire. La rassurais-je.

Elle me sourit légèrement.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Rüzgar ? Me demande-t-elle. Tes frères ont soupçonnés quelque chose ?

Je secoue ma tête. J'hésite à lui dire pendant quelques secondes. Je me mets à soupirer. Je peux faire confiance à Inaya, je le sais.

- Rüzgar ne m'a jamais aimé, Inaya. Il jouait avec moi. Dis-je doucement. Il devait entaché mon honneur, pour se venger de mes frères.

Elle fait les gros yeux.

- Rüzgar ? Dit-elle surprise. Mais quel... je n'arrive pas à y croire !

- Du coup, il a annulé le mariage à la dernière minute. Dis-je faiblement. Je pense que j'ai trop rêvée, j'ai trop attendu de lui...

Elle me regarde tristement puis met sa main sur mon épaule.

- Et si tes frères ont su pour vous deux, et l'ont menacés ? Me dit-elle.

- Si je ne le connaissais pas, j'aurais été d'accord. Dis-je en soupirant.

Puis je baisse la tête.

- Si Rüzgar m'aimait... il aurait pu mourir, mais ne m'aurait jamais lâché. Dis-je les larmes aux yeux.

En y repensant, je me rappelle à quel point j'étais méfiante mais au bout d'un moment, je ne faisais plus attention... et mes cauchemars qui n'en finissaient pas la semaine avant le "mariage". J'ai été tellement prévenu, mais mon cœur faisait plus de bruit que le reste, pour que je n'écoute que lui.

- Inaya, et si je le croise encore ? Comment je dois faire ? Dis-je, inquiète.

- Ignore le. Me dit-elle. Tu dois lui montrer que tu vis bien sans lui.

Mais c'est le contraire. Je ne fais que penser à lui. Est-ce que je vais pouvoir faire semblant de ne rien ressentir face à lui ?

- Et maîtrise ta colère. Me conseille-t-elle. Si tu restes indifférente face à lui, ça lui fera plus de mal, crois moi.

Je hoche la tête. L'indifférence fait bien plus de mal que la haine. Ils disent qu'il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour, alors qu'il y a un océan entre l'amour et l'indifférence...

- Nihan abla. Entendis-je.

Je lève ma tête et vois un des hommes à mon frère.

- Un homme vous attend devant le portail. Me dit-il.

Je regarde Inaya. C'est lui ? Non... il n'oserait pas venir ici. Je me lève pour voir qui est-ce, en n'oubliant pas mon arme, cette fois. Je m'avance lentement et vois Enes au loin.

- Enes ? Dis-je, surprise.

- Nihan, je suis désolé de t'avoir dérangé. Me dit-il.

Je le regarde en attendant qu'il dise ce qu'il veut.

- Je sais que tu es en colère contre Rüzgar, mais crois moi, il regrette. Me dit-il.

- Qu'il regrette ! Lui répondis-je. Dis lui que dans ce monde, mes parents m'ont fait tellement de mal. J'ai souffert à cause d'eux, ils m'ont abandonné, jeté à la rue, sans se soucier de moi mais dis lui qu'il a réussi à me faire plus de mal qu'eux... parce que lui, je l'ai connu, aimé et malgré ça, il a joué avec moi !

Il baisse la tête.

- Il t'a raconté l'histoire de sa sœur ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Il m'a raconté mais je ne le crois pas. Lui dis-je. Je ne crois plus rien de tout ce qu'il me dit. Maintenant, s'il te plaît, va-t'en Enes.

Je lui tourne le dos mais il m'arrête.

- Nihan, s'il t'a avoué son plus grand secret, c'est que tu es quelqu'un pour lui. M'avoue-t-il.

J'arrête alors tout mouvement après sa phrase.

- Et je peux te l'assurer. Me dit-il doucement. Il a voulu jouer avec toi, c'est vrai, mais il t'a aimé. Il voulait continuer avec toi, mais il t'a avoué ses plans avant qu'il ne tombe amoureux de toi.

Les larmes me montent aux yeux. Si seulement c'était vrai... mais Rüzgar est un homme qui n'a pas de cœur. Il ne peut pas aimer.

- N'importe quel homme aurait caché ce plan, pour ne pas risquer de te perdre. Mais lui, il a pris le risque. Continue-t-il. Il voulait être honnête avec toi, et recommencer tout depuis le début.

Je finis par me tourner vers lui.

- Je ne te dis pas de lui pardonner tout de suite, mais penses-y. Me dit-il. Tu n'es pas n'importe qui à ses yeux... tu as ouvert le cœur de Rüzgar, tu as soigné ses blessures, mais tu n'en est pas encore consciente.

Voyant que je ne dis rien, il se tourne et s'en va. Moi, je reste figée à penser à ce qu'il vient de dire. Je pense faire quelque chose, mais je dois d'abord en parler avec mes frères et Adil hoca...