Le silence d'une âme

8.

J'ai annoncée à la famille de la petite fille qu'elle avait une leucémie. Chaque fois que je dois annoncer une mauvaise nouvelle aux familles, mon coeur se brise à chaque fois que je vois leur larmes. Je pense que je n'arriverais jamais à m'habituer... Pour guérir, elle doit faire une chimiothérapie. Elle va beaucoup souffrir...

- Nihan, on est assise comme ça depuis une demi-heure. Tu ne vas pas me dire ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Me demande Aylin.

Je soupire. J'avais oubliée.

- ... Tu ne dis rien à personne. D'accord ? Lui dis-je.

Elle hoche la tête.

- Pour que Rüzgar et mes frères ne se fassent plus la guerre, Kemal amca veut me marier à lui. Lui expliquais-je.

Elle me regarde, surprise.

- Tu n'as pas acceptée, pas vrai ? Me dit-elle.

Je ne réponds pas, alors elle comprend. Elle se met à soupirer.

- Nihan, tu vas te marier avec ce malade ? Me demande-t-elle. C'est du suicide !

- Qu'est-ce que tu voulais que je fasse, Aylin ? Dis-je en grimaçant. Tu le sais, je n'ai personne d'autres que mes frères. S'ils les tuent parce que j'ai refusée ce mariage, comment je vais vivre après ça ? Je ne pourrais plus vivre...

Elle ne dit rien, et se contente de me regarder tristement. N'importe qui à ma place aurait fait pareil, sûrement. Certains vont peut-être dire que ce sont mes frères qui ont choisis cette voie, et qu'ils doivent en subir les conséquences eux-mêmes...

Oui, j'aurais aimé qu'ils n'empruntent pas cette voie. A ce moment-là, je n'aurais rien vécue de tout ça, mais le mal est fait. Même si je dois mourir pour mes frères tout de suite, je mourais sans hésiter une seule seconde. Alors qu'est-ce que se marier à son ennemi face à la mort ?

- Il n'y a vraiment aucune solution ? Me demande Aylin.

- Serhat a dit qu'il va essayer de trouver une solution, mais pour le moment, il n'y a rien qui peut être fait. Dis-je en soupirant. Je vais devenir l'épouse de cet homme.

Je me mets à fixer le vide. Les seuls fautifs dans cette histoire sont mes parents. S'ils ne nous avaient pas abandonnés, alors on aurait eu une vie normale, avec mes frères. Et je les tiendrais responsable jusqu'à la fin de ma vie...

SERHAT

Après que Kemal amca soit parti, je me tourne vers Eymen. On a parlé avec lui et même avec le grand patron, mais aucun des deux n'a changé d'avis.

- Qu'est-ce qu'on va faire, Serhat ? Me demande Eymen. On va lui laisser notre soeur ?

- Non, jamais ! Lui répondis-je. On va la faire fuir.

Il fronce les sourcils.

- Ce soir, on aura un dîner avec Kemal amca et le grand patron. Lui expliquais-je. Nihan aussi est invitée. Pendant le dîner, on l'appellera pour savoir elle est où devant eux, mais à ce moment-là, elle aura déjà quittée la Turquie. Donc elle ne répondra pas.

- Je vois. Donc comme ça, Nihan ne se mariera pas, et personne pourra nous blâmer puisqu'elle s'est enfuie sans qu'on le sache. Continue Eymen.

Je hoche la tête.

- Je vais monter préparer ses valises, alors. Me dit-il.

- Non, ne fais rien. Lui dis-je. Elle s'achètera de nouvelles affaires. S'il voit sa chambre intacte, ils comprendront qu'elle s'est directement enfuie depuis son travail, et que l'on n'a vraiment rien à voir dedans.

Il hoche la tête en souriant. Tout est prêt.

- On va aller la chercher de son travail maintenant, ensuite elle s'en ira. Dis-je.

On prend nos vestes puis on s'en va. Arrivé devant l'hôpital, on remarque des voitures noires.

- Mince, ils la surveillent... Me dit Eymen.

Je soupire mais mon regard se tourne sur l'ambulance.

- J'ai une idée. Viens. Lui dis-je.

On sort, puis on contourne l'hôpital. Je vais à côté de l'ambulance, et prend l'uniforme des ambulanciers. On se cache derrière un mur, puis on s'habille. Une fois fait, on rentre à l'intérieur de l'hôpital. J'appelle Nihan, et lui dit de nous rejoindre aux urgences. C'est ce qu'elle fait.

- Serhat abi, Eymen abi, qu'est-ce que... ? Nous demande-t-elle.

- On n'a pas le temps, je t'expliquerais sur le chemin mais on doit te sortir de là. Lui dis-je.

Elle nous regarde puis hoche la tête.

- Ramène un brancard, Nihan. Lui dis-je.

Elle nous demande alors de la suivre jusqu'au brancard.

- Allonge toi dessus, je vais t'emmener jusqu'à l'ambulance. Lui expliquais-je.

Elle fait alors ce que je lui dis. Je mets le drap sur son corps, et son visage.

- Parfait. Chuchotais-je.

Je la sors alors à l'extérieur de l'hôpital, et la fais monter dans l'ambulance, avec l'aide d'Eymen, qui s'en va au devant pour conduire. Une fois qu'il démarre, je découvre Nihan.

- Abi, explique moi, qu'est-ce qu'il y a ? Me demande-t-elle.

- On te fait sortir du pays. Lui dis-je. Je t'avais dis que je ne te laisserais pas te marier avec lui.

- Abi, ils vont vous tuer... Dit-elle.

Je secoue ma tête.

- Tout le monde pensera que tu t'es enfuis, sans que l'on sache. La rassurais-je.

Elle grimace.

- Qu'est-ce que je vais faire sans vous, abim ? Dit-elle tristement.

Puis elle me prend dans ses bras.

- Ne t'inquiète pas, mon coeur. On se reverra. On se reverra très vite. Lui dis-je doucement.

- On a jamais été séparé... Dit-elle les larmes aux yeux. Je ne sais pas comment vivre sans vous. Abi, promets moi une chose.

Je hoche la tête pour qu'elle continue.

- Personne d'entre nous ne va mourir avant que l'on soit réunie de nouveau. Dit-elle doucement.

- ... Promis. Lui dis-je en souriant faiblement.

Je la prends encore une fois dans mes bras, puis je remarque qu'on est arrivé. La porte s'ouvre sur Eymen, alors on descend.

- T'as profité de ma soeur pendant tout le trajet, laisse moi profiter d'elle un peu. Nous dit-il.

Je ris légèrement, et Nihan saute dans ses bras. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais gardé toujours auprès de moi, mais c'est pour son bien...

- On ne pourra pas t'accompagner à l'intérieur à cause des caméras, Nihan. La prévenais-je. Mais dès que tu atterris là-bas, un de nos hommes t'accompagnera.

Elle hoche la tête, puis on la prend une dernière fois dans nos bras, avant qu'elle ne se tourne et ne s'en aille complètement...