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Une semaine est déjà passée depuis mon arrivée dans ce pays. Le temps passe extrêmement lentement, et malgré tout, j'ai un espoir que mes frères me retrouvent. Ils doivent s'inquiéter que je ne les ai pas appelés depuis une semaine.

Alors que j'étais perdue dans mes pensées, j'entends la porte s'ouvrir. Je ne prends pas la peine de tourner ma tête, puisque je sais que c'est Rüzgar. Il s'approche de moi et pose un plateau de nourriture devant moi.

- Tiens, tu n'as rien mangé depuis hier. Me dit-il.

Je tourne ma tête vers le ciel, sans lui répondre.

- Nihan, tu vas finir par t'évanouir si tu continues comme ça. Dit-il.

- Depuis quand tu penses à ma santé ? Lui demandais-je.

Il me regarde longuement.

- Allez, mange. M'ordonne-t-il.

Je secoue ma tête.

- Je n'ai pas faim. Lui dis-je.

- Comme tu le voudras. Me dit-il. Mais dans ce cas, on restera ici deux mois au lieu d'un.

- Non ! Tu ne peux pas me faire ça ! Dis-je, désespérément.

En le voyant me regarder sérieusement, je prends la cuillère et me mets à manger. Je compte les jours pour partir, je ne resterais pas un jour de plus. Une fois finis, il éloigne le plateau de moi.

- Tu vois, ce n'était pas compliqué. Me dit-il.

Je lui lance un regard noir.

- Tu n'as jamais cherché à savoir où sont tes parents ? Me demande-t-il.

Je tourne ma tête vers lui. Je ne m'attendais pas à cette question...

- Comment tu le sais ? Lui demandais-je.

- Grâce à tes frères. J'ai fais des recherches sur leur famille. Me dit-il. Alors, tu n'as vraiment jamais cherché ?

- ... Non. Dis-je, d'un ton neutre. S'ils nous ont abandonnés, c'est qu'ils ne voulaient pas de nous. Pourquoi je vais courir derrière quelqu'un qui ne me veut pas ?

- Parce que tu les aimes ? Me dit-il doucement.

Je secoue ma tête.

- Ils ne m'ont même pas laissés l'occasion de les aimer. Dis-je tristement. Je ne sais rien sur eux, ni leurs noms, ni leurs visages, ni leurs voix, rien. Je ne les aime pas plus qu'un étranger que je croise dans la rue.

Je tourne ma tête vers le ciel.

- C'est pour ça que je tiens énormément à mes frères. Ils ont joués tous les rôles, ils sont devenus mes frères, mon père et ma mère. Dis-je.

Je ne sais même pas pourquoi je lui dis tout ça, il doit en avoir rien à faire, mais je voulais me vider le coeur.

- Bon, je vais aller prendre l'air dans le jardin. Le prévenais-je.

Il hoche la tête puis je me lève et sors de la chambre.

EYMEN

On a cherché Nihan partout en Turquie, on a même envoyé nos hommes en Italie, là où l'a envoyé, mais rien.

Le soir, un jour après le départ de Nihan, je regarde mon téléphone. Elle aurait dû arriver le matin, et nous appeler, mais aucune nouvelle.

- Serhat, tu as appelé l'homme qui devait récupérer Nihan ? Lui demandais-je.

Il secoue sa tête.

- Je vais l'appeler, attends. Me dit-il.

Je hoche la tête. Il compose le numéro, puis appelle, ça sonne quelques secondes puis l'homme répond enfin.

- Adem, ma soeur est avec toi ? Lui demande Serhat.

- Non, patron. Elle n'est toujours pas venue. Dit-il.

- Comment ça ? Dit-il. Elle était censée arriver ce matin.

Depuis ce jour, on ne fait que de la chercher. Et même les vidéos des caméras de l'aéroport ont été supprimés...

- Eymen, la police est là. Me dit Serhat.

Je fronce les sourcils, je les vois venir. Je sors les rejoindre avec Serhat.

- Eymen et Serhat Kaya ? Nous disent-ils.

- Oui, c'est nous. Leur dit-on.

Ils nous tendent un haut, tâché de sang. Je le regarde en fronçant les sourcils.

- ... Nous avons trouvés ce pull sur la route. Nous dit le policier. Nous l'avons envoyés chez la police scientifique et... le sang appartient à votre soeur, Nihan Kaya.

Je reste figé, sans rien dire.

- Vous avez dû vous tromper, ce sang n'appartient pas à ma soeur. Ma soeur est en Italie. Leur dis-je.

- Je suis désolé... Dit-il.

Je prends le pull de ses mains, puis tombe à genoux.

- Nihan... Chuchotais-je.

Je n'entends plus rien autour de moi. Ma petite soeur... Je me relève rapidement, et cours jusqu'à ma voiture, suivis de Serhat. Je roule jusqu'à chez Kemal amca. Une fois arrivé, je descends et me rentre en furie. En les voyant, je cours vers lui et l'attrape par le col.

- A CAUSE DE TOI ! Criais-je. A CAUSE DE TOI MA SOEUR EST MORTE !

- C'est toi qui les a ordonné de la tuer, hein ? Dit Serhat.

- Je n'ai rien fais ! Eymen, Serhat, écoutez moi, je viens d'apprendre son décès, par vous... Nous dit-il.

Mes mains se mettent à trembler.

- Si tu ne l'avais pas... obligé à épouser Rüzgar... Dis-je, difficilement.

Je commence à voir flou, les larmes brouillent ma vue. J'entends des sifflements autour de moi, je finis par relâcher Kemal amca et je tombe à genoux.

- Eymen ! Entendis-je.

Alors que je me sentais secouer, je ferme les yeux et tombe inconscient.

...

Quelques heures après, je me réveille doucement à l'hôpital. Je regarde autour de moi et vois Serhat assis avec la tête baissée.

- Serhat. Dis-je doucement.

Il tourne sa tête vers moi.

- Mon frère ! Tu vas bien ? Me demande-t-il.

Je me relève un peu.

- C'était un cauchemar, n'est-ce pas ? Nihan est en vie ? Lui demandais-je, avec espoir.

Ses yeux se remplissent de larmes, puis il secoue sa tête. Je ferme les yeux en posant ma tête contre lui. Mes larmes se mettent à couler doucement. Tous mes espoirs se sont envolés. Ma soeur... Ils ont pris ma soeur.

- Tant que je ne verrais pas son corps, je n'y croirais pas. Me dit Serhat. Je sais que Nihan est en vie, et on va la retrouver.

Je hoche la tête. Une part de moi veut le croire. Et je vais le croire. Parce que si je crois que ma soeur est... est décédé, je n'arriverais plus jamais à me relever. Je me tirerais une balle dans la tête, et je partirais avec elle. Ce petit espoir me fera vivre, jusqu'à ce que la retrouve.

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant