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Je rentre au restaurant avec Eymen, on rejoint le grand patron, Kemal amca et les autres hommes dans notre table habituel.

- Nihan n'est pas là ? Nous demandent-ils.

- Non, elle a dit qu'elle allait finir tard. Leur dis-je.

Ils hochent la tête. Bien. Ils n'ont rien remarqués, pour l'instant. Enfin, bref, on commence à dîner en parlant d'affaires.

- Nihan aurait dû arriver depuis longtemps... Dit Eymen. 

Je hoche la tête. Je sors mon téléphone et l'appelle. Comme prévu, elle ne répond pas.

- Elle ne répond pas. Dis-je.

Kemal amca fronce les sourcils puis sors son téléphone.

- Son téléphone doit être déchargé. Nous dit-il. Je vais demander à mes hommes.

Je le regarde appeler quelqu'un. Il va bientôt comprendre qu'elle s'est enfuie, mais ce sera trop tard. 

- Vérifiez à l'intérieur de l'hôpital. Dit-il au téléphone. Peu après, Kemal amca jette son téléphone sur la table et nous regarde.

- Elle s'est enfuie ! Dit-il.

Le grand patron nous regarde aussi.

- C'est vous qui l'avait aidé ? Nous demande-t-il.

- Comme vous, on pensait qu'elle était à l'hôpital ! Dis-je, d'un ton énervé. Je suis sûr que Rüzgar est derrière tout ça ! Nihan ne serait jamais parti sans nous prévenir.

Je me lève alors de la table.

- Continuez à dîner, moi, je vais aller chercher ma soeur. Leur dis-je.

- Je viens avec vous. Nous dit Kemal amca.

Je hoche la tête. Au moins de cette façon, il pourra témoigner en notre faveur. Je vais les laisser chercher, mais ils ne la trouveront jamais. Tant que Rüzgar est en vie, personne ne la trouvera. C'est pour ça que je dois en finir avec lui, pour que ma soeur revienne rapidement.

NIHAN

Une demi-heure est déjà passée depuis que l'avion a décollé. Je détache ma ceinture, puis mets mes écouteurs. Je mets ma tête contre le hublot, puis ferme les yeux.

- Docteur ? Entendis-je.

J'ouvre grand les yeux en entendant cette voix. Je me tourne et le vois... Rüzgar.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demandais-je.

Il s'assoit à mes côtés puis me regarde.

- Généralement, les filles courent derrière moi, mais toi, tu fuis. Dit-il. Tu devrais profiter. Pas tout le monde a la chance de se marier avec moi.

- Une chance, tu dis ? Une malédiction, plutôt ! Dis-je, d'un ton sec. Ecoutes moi, dès qu'on arrive, tu t'achèteras un billet et tu retournes en Turquie. Tu ne m'as pas vu, compris ?

- Je t'ai vu, Nihan. Je ne suis pas un homme qui aime mentir. Me dit-il.

Je serre mes poings. Il va gâcher tous nos plans.

- On va passer de bonnes vacances ensemble. Me dit-il en riant légèrement. Ne t'inquiètes pas, je ne ferais pas sentir l'absence de tes frères.

- Rüzgar, laisse moi tranquille. Lui dis-je. Je ne veux pas te voir. Qu'est-ce qu'il y a de dur à comprendre ?

- Mais moi, je veux te voir. Dit-il en souriant. On fait comment, alors ?

Je roule des yeux, puis tourne ma tête vers le hublot. Il ne manquait plus que lui... Une fois arrivé, je dois prévenir mes frères. 

- Tu ne veux pas me parler de toi ? Je ne connais rien d'autre que ton prénom. Me dit-il. 

Je ne lui réponds pas.

- Une conversation c'est deux personnes, pas une. Ce serait gentil de me répondre. Continue-t-il.

- Tu ne te fatigues pas ? Lui demandais-je. Tu vois bien que je ne veux pas te parler.

Il secoue sa tête.

- Je ne comprends pas pourquoi tu me détestes tant. Me dit-il. Je suis l'ennemi de tes frères, pas le tien.

- Les ennemis de mes frères sont mes ennemis. Lui dis-je. A quoi tu t'attendais ?

- Je ne comprend pas comment tu peux être aussi attaché à ses frères. Dit-il. Surtout en sachant tout ce qu'ils font d'illégal.

Je me tourne vers lui.

- Comment tu peux comprendre, de toute façon ? Lui demandais-je. Un homme comme toi ne pourrait pas comprendre l'amour entre un frère et une soeur.

Après ma phrase, je le vois baisser sa tête et sa mâchoire se contracte. Il ne parle plus... Je crois que j'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas.

- Rüzgar... Je suis désolé... Dis-je doucement.

- Pourquoi tu t'excuses ? Me dit-il, froidement. Tu as de la pitié pour l'ennemi de tes frères, maintenant ?

Je le regarde sans rien dire. Il a sûrement vécu quelque chose de douloureux avec ses frères et soeurs, et moi, je l'ai rappelée de tout ça. Je voulais lui faire du mal avec mes paroles, mais maintenant, je regrette !

Le voyant fermer ses yeux, je tourne ma tête de l'autre côté. Je me demande ce qu'il a vécu... Je me demande qu'est-ce qui a fait de lui cet homme froid, sans coeur. Il faut que j'oublie ces questions, parce que je n'aurais jamais de réponses.

...

Après plusieurs heures, on atterri enfin. Je n'ai pas de valises, alors je sors directement de l'avion. Bien-sûr, Rüzgar me suit. On n'a pas parlé depuis tout à l'heure... ça ne me dérange pas, mais je me sens mal. Je n'aime pas faire du mal aux gens comme ça, je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Un de mes hommes nous attend dehors. Me prévient-il.

- Vas-y, toi. L'homme de mes frères m'attend. Lui dis-je.

- Tu vas rester avec moi, je t'ai dis. Me dit-il.

Je soupire. J'ai fuis la Turquie à cause de lui, mais je dois rester avec lui ! N'ayant pas le choix, je sors avec lui de l'aéroport et monte dans sa voiture.

- On va rester un mois, ici. M'informe-t-il. Après ça, on retournera en Turquie pour notre mariage.

Il n'a toujours pas abandonné cette idée de mariage. Mais hors de question que je reste ici un mois avec lui. 

- Ton téléphone. Me dit-il.

Je le regarde en fronçant les sourcils. Voyant que je ne réagis pas, il prend mon sac de force et prend mon téléphone.

- Je te kidnappe en quelque sorte, donc pas de téléphone. Dit-il. Personne ne saura qu'on est ensemble.

Super ! Je vais être coincée ici pendant un mois, sans pouvoir même contacter mes frères. Ô Allah, fasse que ça passe vite ! Après quelques minutes, on arrive devant une grande maison. Je sors de la voiture et on rentre à l'intérieur. Elle est encore plus grande que ma maison. 

- Choisis la chambre que tu veux. Me dit-il.

- On va rester dans la même maison ? Lui demandais-je.

- Oui. Et n'essaie même pas de t'enfuir, mes hommes entourent la maison. Me prévient-il. Je veux passer ce mois de vacances dans le calme.

Il me force à rester avec lui, et il me parle de vacances ? Je monte alors, prend une des chambres comme me l'a dit Rüzgar et m'allonge sur le lit. Faites que ce mois passe rapidement...

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant