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J'arrive enfin à leur appartement, suivis d'Eymen. Cette femme est assise sur le canapé, et son mari fait les cents pas. Je m'approche d'eux et lorsqu'ils me voient, ils s'approchent.

- Serhat, mon fils. Me dit l'homme.

Sans plus attendre, je lui donne un coup de poing qui le projette au sol. Sa femme crie de surprise. J'attrape cet homme par le haut, en le regardant avec colère.

- Vous êtes venus, avez dis à Nihan qu'elle n'était pas voulu, je n'ai rien dis. Dis-je d'un ton sec. Je vous ai demandés de partir, mais vous ne l'avez pas fais. Et maintenant, vous tirez sur cet homme face à ses yeux !

Cet homme me pousse puis se met face à moi.

- Ne parle pas comme si tu n'allais pas lui tirer dessus, toi aussi ! Me dit-il.

- C'est vrai. J'allais le faire. Mais je n'ai pas pu quand Nihan s'est mise face à moi. Lui dis-je. Mais ne me fais pas croire que tu lui as tiré dessus parce que c'est mon ennemi. Tu as tiré, parce que tu voulais punir Nihan.

Il continue à me défier du regard. Je n'ai qu'une envie, c'est de le terminer. De nous débarrasser de lui.

- Je suis le grand frère et le père de Nihan. Si quelqu'un doit la punir, c'est moi. Si quelqu'un a des droits sur elle, c'est moi. Dis-je en colère. Mais je n'ai jamais punis Nihan, et je ne la punirais pas parce qu'elle n'a rien fait de mal. Ce n'est pas un homme qui a décidé d'apparaître vingt-cinq ans plus tard qui décidera de sa vie.

Elle est comme ça, notre relation. Lorsque Nihan fait quelque chose de mal, je lui explique son erreur, tente de la raisonner, on se parle, on se dispute parfois mais jamais je n'ai pensé à lui causer du tort. Ce jour-là avec Rüzgar, quand je l'ai vu face à moi, j'avais compris qu'elle l'aimait vraiment. Je n'allais pas lui tirer dessus...

- Donc tu es d'accord avec sa relation avec ton ennemi ? Me demande-t-il.

- Je ne suis pas d'accord, et même si je leur serais, ça ne te regarde pas. Lui dis-je froidement. Tu n'as pas plus de valeur qu'un inconnu dans la rue à nos yeux. Tu n'as aucun droit de nous parler de famille, de décider pour nous. Tu as encore moins de droit de dire qu'on a honte de notre soeur. 

Il me regarde avec colère. Il s'attendait sûrement à ce que je réagisse violemment avec elle mais ce qu'il ne sait pas, c'est que s'il n'y avait pas cette histoire avec Meryem, Rüzgar et Nihan se seraient fiancés depuis longtemps, avec mon accord et ma bénédiction.

- Serhat, ne me déçois pas. Tu es mon fils préféré. Me dit-il. Laisse Eymen s'occuper de Nihan, et viens avec nous.

- Serhat n'ira pas. Serhat n'est pas comme vous. Lui répond Eymen. Ce que vous n'avez pas compris, c'est que Serhat, Nihan et moi, nous sommes une seule et même famille. Cette famille ne survivrait pas sans l'un d'entre nous.

J'acquiesce. Nous nous sommes construis les uns avec les autres.

- On y va, mon frère ? Me demande Eymen.

- On y va. Lui dis-je puis je tourne vers cet homme. Préparez vos affaires, mes hommes viendront vous chercher demain matin. Vous allez quitter Istanbul pour toujours.

NIHAN

Plusieurs semaines sont passés et Rüzgar ne s'est toujours pas réveillé... Du matin jusqu'au soir, je reste assise à son chevet, attendant son réveil. Malgré tout, je ne perds pas espoir. Tant que son cœur battra, je ne perdrais pas espoir.

- Nihan, je dois te dire quelque chose... me dit Enes.

Je lève la tête vers lui pour qu'il continue.

- Rüzgar avait suivi tes parents. Il m'a demandé de faire des recherches sur eux. Me dit-il. Il y a une vérité que tu dois savoir...

Je fronce les sourcils. De quoi parle-t-il ? Il me tend un document que je prends puis lis.

- Je ne comprends rien. Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je.

- Tes parents ne t'ont pas abandonnés. M'annonce-t-il. Ils vous ont donnés...

Je fais les gros yeux. Chaque jour, j'apprends de nouvelles choses sur eux !

- Et ce document le prouve. Tes parents t'ont donnés à Kemal. Continue-t-il. Pendant toutes ces années, Kemal leur envoyait des nouvelles de vous. Tes parents étaient censés revenir après ton mariage avec Rüzgar, mais il y a eu énormément d'imprévus donc ils ont attendus.

Je reste figée face à cette nouvelle. Je ne sais pas comment je dois réagir. Kemal connaissait mes parents... Mes parents connaissaient Kemal... C'est à cause d'eux. Tout est à cause d'eux. Que mes frères soient rentrés dans les affaires illégales, qu'ils soient en danger chaque jour de leur vie, que je suis à l'hôpital, non pas pour soigner les gens, mais pour attendre le réveil de mon Rüzgar. Oui, tout est de leur faute !

- Je vais prendre l'air. Dis-je à Enes, d'une voix faible.

Je sors dans le jardin et me mets dans un coin. Je ferme les yeux puis mets ma tête dans mes bras. Je suis tellement fatiguée... je ne dors même plus. J'ai peur que lors de mon sommeil, il arrive quelque chose à Rüzgar. Je vis chaque instant avec frayeur.

- Docteur Nihan ? Entendis-je.

Je lève la tête et vois l'infirmière.

- Votre patient Rüzgar Aksoy... Il s'est réveillé. Me prévient-elle.

Je me relève d'un coup, puis sans plus attendre, je cours vers sa chambre. Plus je me rapproche, plus mes pas se ralentissent. J'ai peur. J'ai peur de le revoir après tout ce temps... J'arrive enfin dans la chambre et le vois avec mon professeur.

- Rüzgar ? Dis-je en souriant faiblement.

Il me regarde en fronçant les sourcils, et mes yeux se remplissent de larmes de joie. Je remercie mon Seigneur de l'avoir préservé puis m'approche de lui.

- Il va bien, hocam ? Demandais-je à mon professeur.

- Pour le moment, tout a l'air bon. Me dit-il.

Je souris. Mon Rüzgar est revenu.

- Où suis-je ? Demande-t-il, d'une voix fatiguée.

Sa voix... Mon Seigneur... Sa voix m'a tellement manquée.

- Tu es à l'hôpital. Mais tu vas bien. Dis-je en souriant.

Je lui prends la main mais il la retire rapidement.

- Qui êtes-vous ? Me demande-t-il.

Je le regarde avec incompréhension. Je tourne ma tête vers mon professeur.

- Hocam ? Dis-je faiblement.

- Monsieur Aksoy... Savez-vous en quelle année nous sommes ? Lui demande mon professeur.

Il hoche la tête.

- En 2018. Je viens de m'installer à Istanbul. J'ai dû tomber des escaliers lors de mon déménagement. Dit-il. 

Ma respiration se coupe instantanément. C'était il y a trois ans... Je secoue ma tête. Rüzgar... Rüzgar a perdu la mémoire ?

Le silence d'une âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant