Le temps semblait passer lentement, comme s'il se plaisait à voir les arbres perdre leurs feuilles avec flegme. Baudoin avait laissé Circé seule à nouveau car il voulait lui ramener une surprise. C'était ce qu'il lui avait dit mais elle sentait le mensonge. Il était devenu distrait depuis quelques jours, pensif et elle savait que certaines nuit il la quittait pour disparaître pendant des heures puis revenir avant le lever. Elle ne disait rien même si ça lui faisait peur. Elle avait pensé en parler au seul homme que Baudoin respectait comme un troisième grand-père, mais elle se sentait idiote d'être aussi égoïste alors que le monde devenait de plus en plus sombre et que les journaux annonçaient des disparitions ou des morts.
Elle voulait revivre leurs années d'insouciance, leurs années où ils étaient comme des dieux, profitant de ce jardin secret. Elle s'occupait alors à préparer son mariage qui se ferait à la fin de ce mois. Elle avait hâte et en même temps avait peur de la vraie signification derrière cette demande de Baudoin. C'était comme s'il préparait un avenir incertain et voulait être sûr qu'elle ne serait qu'à lui, même s'il ne revenait pas. Elle avait peur, terriblement peur. Ses rêves d'autrefois semblaient d'un coup bien enfantins et si loin de la réalité. Elle s'en voulait d'avoir eu envie d'être une reine et d'avoir poussé Baudoin si loin. Au fond, il se retrouvait dans une guerre qu'ils n'avaient jamais voulu, dans une quête de vengeance pour la mort de leurs parents qui n'avaient eu non plus pas choisi ce destin.
Et Baudoin n'avait plus l'impression d'être libre de son destin. Il faisait pourtant en sorte de changer ou plutôt de faire que son destin se passe mieux que ce qu'une prophétie semblait dire. Il doutait d'être vraiment l'élu qui battrait Voldemort et ça l'énervait un peu. L'avenir radieux qu'il avait eu envie d'offrir à Circé était compromis. Il se sentait n'être qu'un pion sur un immense plateau, et plus le roi ou même le maître. Il était furieux de sa situation. Déjà il était libre de choisir de tuer qui il voulait et Dumbledore ne faisait pas parti de sa liste. Il s'arrêta en plein milieu de la rue vide et tortueuse. Il eut un sourire à cette pensée. Finalement il devait le reconnaître : il aimait bien Dumbledore, autant que Gellert. D'ailleurs il espérait que l'ancien mage noir serait présent pour le mariage. Il avait besoin de témoins et à part les deux vieux mages, Baudoin ne voyait personne d'autre. Il se demandait ce qu'en penseraient ses parents ou Dorian. Il reprit son chemin et descendit dans l'allée des Embrumes. Il ne voulait pas n'importe quelles alliances. Il entra dans la boutique où il était sûr de trouver quelque chose qui ressemblerait à ce qu'il voulait.
La boutique d'antiquités d'artefacts magiques était silencieuse et vide. Baudoin tendit l'oreille et comprit qu'il y avait des clients à l'arrière boutique. Il s'approcha du comptoir noir et appuya du bout du doigt sur la sonnette. Il attendit une seconde et recommença encore et encore.
— Oui ! J'arrive !
Baudoin continua pourtant jusqu'à que le vendeur se présente enfin avec une grimace, qui se transforma en un sourire de soumission lorsqu'il reconnut son client.
— Mr Rosier... que puis-je pour vous ?
— Je cherche des alliances, répondit Baudoin. Montres moi toutes celles que tu as volé.
Le marchand fit un rictus. Il baissa la tête en hochement de soumission.
— Par ici, dit-il.
Il conduisit Baudoin jusqu'à des vitrines. Le jeune sorcier se pencha.
— Enlève moi cette vitrine, ordonna-t-il.
La vitrine disparut. Baudoin attrapa un anneau épais avec de très fines gravures à l'intérieur. Il sourit heureux. Ses informations avaient donc été bonne. Il souffla et se tourna vers le minable sorcier et voleur.
VOUS LISEZ
Les Roses Noires
FanfictionSang aussi pur que froid, elle se jura cette nuit là, tenant dans ses bras son bébé de venger la mort de cet homme qui avait fait battre son cœur, qui avait su faire réchauffer ce sang pur en elle, qui avait offert sa semence pour offrir au monde un...