La marque

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Autrefois le manoir avait été somptueux...
Maintenant la peur y réside...
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Baudoin était devant une haute et belle fenêtre qui donnait sur une vaste pelouse sombre. Derrière lui, les Mangemorts s'installaient silencieux, mal à l'aise et certains effrayés. Baudoin inspira profondément en fermant les yeux. Lord Voldemort entra suivi de son serpent. C'était encore trop tôt et Baudoin devait d'abord faire quelque chose de dangereux avant de pouvoir le tuer. Il regarda son bras gauche encore indemne. Aujourd'hui, ce soir, il rentrerait chez lui avec la marque comme son père avant lui, comme sa mère avant lui. Il avait un accord magique avec celui qu'il allait devoir appeler maître, écorchant alors sa langue à chaque fois. Lord Voldemort était joyeux en ce jour. Il avait enfin un puissant allié : le tueur de Dumbledore comme on le surnommait dans La Gazette du Sorcier. Baudoin souffla puis se retourna vers la longue table noire. Il s'approcha lentement alors que les retardataires arrivaient, se pressant de rejoindre leurs sièges. Rogue s'assit en baissant la tête, pas très loin de la dernière place libre à droite du Seigneur des Ténèbres.

Baudoin s'y installa droit, l'allure noble. Les autres en avaient le souffle coupé. Si Voldemort n'avait pas été là c'est lui qu'ils suivraient. Même elle, Bellatrix Lestrange sentait que ce Rosier était à part, que ce sorcier était aussi ténébreux que son maître, tout aussi puissant et grand. Elle sentait encore le maléfice que Baudoin lui avait lancé un an plus tôt, chaque fois qu'elle faisait de la magie. C'était une douloureuse malédiction pour une sorcière qui avait passionné Lord Voldemort.

— Quels sont les nouvelles ? Demanda Lord Voldemort.

Baudoin n'écoutait pas vraiment. Il ne retenait que les informations qui lui semblaient pertinentes. De toute façon Rogue en parlerait à l'Ordre du Phénix et Sirius transmettait à Dumbledore. Baudoin attendait crispé que Voldemort se tourne vers lui et le marque.

Personne autour de cette table ne voyait la peur qui serrait son cœur. Tous ne voyaient qu'un jeune sorcier pas encore dix-sept ans droit, beau et avec un aura qui bien que sombre attirait tous les regards. Baudoin en était parfaitement conscient. Il savait qu'il était admiré, respecté aussi. On le craignait tout comme on l'enviait. Il avait quelque chose qu'on n'avait pas revu depuis Grindelwald, une grandeur ancienne, une magnificence d'un siècle passé. S'il y avait eu des royaumes de sorciers, il en aurait été un prince et même un roi incontesté. Mais à cette époque, Baudoin se retrouvait à devenir un chevalier noir, aussi sombre que les âmes de ce maître qu'il haïssait. Il ne le faisait que pour préparer sa vengeance et protéger Circé et l'enfant qu'elle attendait.

— Baudoin Rosier.

Il tourna sa tête vers Lord Voldemort. C'était déjà l'heure. Baudoin hocha de la tête. Il n'avait absolument pas regardé le spectacle macabre que le serpent offrait sur cette table, avalant une sorcière. Il était au dessus de ça. C'était la guerre. C'était sale, immonde. C'était cruel. Il le savait car lui même pouvait l'être. Il n'attendait que ça d'ailleurs : déchaîner les ténèbres en lui contre ce soit disant seigneur. Lord Voldemort se leva et Baudoin se plaça devant lui.

— A genoux devant ton maître, dit le mage de sa voix sifflante et désagréable.

Baudoin la tête haute mit un genou au sol. Il déboutonna sa manche de chemise noire. Il la remonta jusqu'au coude puis tendit son bras gauche. La main glacée de Voldemort s'enroula autour de son poignet. Baudoin regarda la baguette tout aussi froide de ce sorcier qui se prenait pour un dieu. Baudoin avait appris une chose depuis qu'il côtoyait une fois par semaine cet homme : les dieux étaient des monstres eux aussi. Baudoin serra les dents alors que Voldemort prenait tout son temps pour faire chaque trait de sa marque. Du sang coulait du bras pâle de Baudoin qui regardait droit devant lui, imperturbable. Personne n'osait faire le moindre bruit. Tous étaient tendus alors que le jeune homme restait immobile. Certains osaient l'observait. Bellatrix Lestrange souriait comme un requin, prenant du plaisir alors qu'elle savait qu'il souffrait. Les Malefoy avaient les yeux bas. Rogue, la tête basse, se pinçait les lèvres, plein de pitié pour son ancien élève si prometteur. Il se souvenait encore de Dumbledore lui faisant promettre de garder un œil sur ce garçon qui d'après le vieux mage aurait un brillant avenir. L'optimisme de Dumbledore avait causé sa propre chute. Rogue se concentrait pour ne montrer aucune colère envers le jeune meurtrier, ou parfois pour ne pas le prendre dans ses bras et le remercier d'avoir eu le courage de faire ce qu'il aurait dû faire. Rogue était soulagé de n'avoir pas eu à commettre ce meurtre. Grâce à ce garçon qui laissa tomber son bras meurtri et en sang. Voldemort avait été impitoyable et surtout avait fait durer le supplice, comme pour se rassurer qu'il était bien le maître et Baudoin l'esclave, comme s'il avait eu besoin de montrer sa puissance.

Les Roses NoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant