J'ai décidé d'ouvrir un petit recueil supplémentaire où je caserais tous les prompts que j'ai trouvé ! Ce seront des écrits plutôt courts, sur divers couples, j'espère que vous les apprécierez.
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C'est une idée stupide, peut-être la plus stupide qu'il ait eue. Pierre peut au moins blâmer l'alcool et le livre étrange qu'il a récupéré chez ses parents. La couverture est vraiment belle, une reliure ancienne dorée et des motifs incompréhensibles de couleurs différentes, un peu effacées par le temps.
Il a trop bu et a accompli l'un des nombreux rituels ridicules et incompréhensibles qui se trouvaient sur les pages manuscrites du livre. Il se sent misérable, ce sentiment a perduré dans ses os depuis plusieurs semaines, depuis que Charles lui a annoncé qu'il allait se marier puis plusieurs événements se sont enchaînés de façon catastrophique.
Il ne sait même pas pourquoi ça devrait le déranger, il n'a pas réfléchi. Puis, la formule est complète et un portail s'ouvre devant lui. Il dessoûle immédiatement et pâlit. Qu'est-ce qu'il vient juste de faire ?
En face de lui se tient ... eh bien, lui-même. Même âge, même apparence, même sourire. Il doit paraître pathétique à côté, entouré de cadavres de bouteilles. Il sent un mal de tête commencer à apparaître. C'est lui sans être lui.
"Je ... salut ?"
Il fixe son homologue, incrédule.
"S-Salut." Il marmonne, sa voix rauque, la gorge sèche.
"J'espère que c'était au moins une bonne fête pour que tu finisses dans un état pareil."
Il passe une main sur son visage, c'est difficile à justifier. Il croit qu'il aurait, lui aussi, préféré qu'une fête soit à l'origine de sa mise à mal. Le sourire sur le visage de l'autre Pierre disparaît petit à petit.
"Ah, c'est si mauvais que ça ?"
Il hoche la tête, ramène ses jambes à sa poitrine, poussant un soupir plus qu'audible. En face de lui, son homonyme s'assoit également, un sourire conciliant sur les lèvres. Aucune moquerie. Il se sent en confiance, après tout ne peut-on pas compter que sur soi-même ?
"Une semaine terrible. Je me suis disputé avec Yuki, il y a des tensions à propos de mon contrat et pour couronner le tout, Charles m'a annoncé qu'il voulait se marier, avec Charlotte, je-"
"Avec Charlotte ? Charlotte comme Charlotte Siné ? Cette Charlotte-là ?"
La surprise est telle dans les yeux de l'autre Pierre qu'il hésite presque avant d'acquiescer.
"Vous ... vous ne sortez pas ensemble ? Charles et toi ?"
"Pardon ? Vous sortez ensemble ?"
Le regard qui lui est renvoyé le fait frissonner. Il pense ne jamais s'être vu aussi heureux et c'est étrange de faire une telle constatation de l'extérieur. Puis son interlocuteur lève sa main gauche et il est abasourdi lorsqu'il remarque une alliance à son doigt.
"Qu'est-ce que ... comment c'est arrivé ?"
"Je ne sais pas, je ... je l'ai embrassé. Alors qu'on était adolescents, ça s'est fait tout seul, et quelques années plus tard, il m'est revenu. Et on ... on ne s'est pas quittés depuis."
Le monde semble tourner trop violemment autour de lui. Il a du mal à rendre compte de ce que son alter ego raconte, ça paraît si irréel. Pourtant, c'est une vision qu'il veut embrasser du bout des doigts, garder avec lui. Tout ce qu'il n'a jamais imaginer pouvoir saisir ...
"Tu l'aimes aussi, pas vrai ? Je ne pense pas que ce soit des sentiments que nous puissions éviter."
"Merde ..."
Il enfouit son visage dans ses mains, dos au mur.
"Je ne m'en étais jamais rendu compte et pourtant ça a toujours été là. Je n'arrive pas à y croire et maintenant il va se marier avec quelqu'un d'autre."
"Il t'aime aussi pourtant." Une autre voix intervient, hors cadre, quelque part de l'autre côté.
Le Pierre qui lui fait face sourit, lumineux, et il ne faut pas plus de temps pour que Charles apparaisse de l'autre côté, prenant place sur ses genoux, l'embrassant en guise de bonjour. Lui aussi resplendit de ce bonheur simple qui lui échappe pourtant.
"On est moins stupides qu'on paraît, tu sais. S'il se marie avec quelqu'un d'autre, c'est parce qu'il pense n'avoir aucune chance avec toi."
"Mais pourquoi ne rien me dire ? Je ..."
"C'est trop tabou et tu es ... tu es exceptionnel, tu l'as toujours été avec nous, Pierre. D'une patience exemplaire, à être là pour nous, ce n'est pas ... le risque de perdre ce soutien, cette amitié est trop grand."
Pierre baisse les yeux. Bien entendu. Même pour lui, l'avouer est difficile. Toutes ces révélations lui coupent le souffle. Il ne sait pas si c'est vrai, s'il doit y croire, si tout ça n'est pas qu'une vague divagation que l'alcool lui fait voir.
"Qu'est-ce que je fais maintenant ?"
Charles lève les yeux au ciel.
"Prend ton téléphone, appelle-moi et empêche-moi de faire l'erreur de ma vie, merci." Puis il se lève et disparaît hors du cadre.
L'autre Pierre rit, embarrassé et amusé à la fois.
"Ne lui en veut pas, il a lui aussi eu une mauvaise journée."
Il hausse les épaules.
"Il a probablement raison."
"Qu'est-ce qu'on fait à propos de ce ... cette chose ?"
"Elle disparaîtra en temps voulu je suppose."
Ils échangent un rire. Ils se disent au revoir de cette façon et quand Pierre se réveille, il n'est pas tout à fait sûr de si c'était un rêve ou bien réel.
Il s'empresse de prendre une douche et de s'habiller puis récupère ses clés. Il va rendre visite à Charles, ses sentiments bien plus clairs qu'ils ne l'ont été ces derniers temps.
