Le contact tranchant et froid. Charles sent quelque chose pressé contre sa gorge. Il ouvre ses yeux verts, clignant à plusieurs reprises ses longs cils. C'est une dague qui le menace. Cela suffit à la réveiller.La pénombre de la chambre rend sa perception compliquée. Il n'y a que des rais de lumière qui filtrent à travers ses stores. Mais maintenant il sent bien ce poids appuyé contre son bassin et surtout ... ces deux iris bleus qui lui font face.
Deux iris saphir, profonds, à couper le souffle.
Mais peu importe à quel point le regard de l'inconnu est hypnotisant, il n'en reste pas moins qu'il attente à sa vie.
— Q-Qu'est-ce que vous me voulez ?
Sa voix est rauque. Il se sent tellement à découvert face à cet homme qui le scrute, le dévisage, l'analyse. Cet homme dont les traits de visage commencent à se préciser et il a cette impression de déjà-vu mais il ne sait pas d'où elle vient parce qu'il ne le connaît pas.
Il ne doit pas être bien plus âgé que lui mais il est magnifique.
Cela tord quelque chose à l'intérieur de lui. Une torsion que son cœur effectue et son nez lui pique soudain. Il a vu beaucoup de personnes dans sa vie, a connu beaucoup de relations, mais la beauté de ce personnage est tout autre. C'est tout autre. Il croit ne jamais avoir ressenti ça et c'est étrange ...
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
Sa voix est plus sûre. Après tout, il est Charles Leclerc, bon sang. Il en a vu des vertes et des pas mûres. Il ne va pas se laisser impressionner par si peu. C'est ce qu'il se dit en définitive.
La réalité, ce n'est pas si simple. En un geste, sa vie pourrait être finie. Un geste et c'est la fin de tout. Sa fin. Ce qu'il n'est pas prêt à admettre.
Mais son attaquant ne dit rien. Pas un mot. Ne répond pas. À un moment il se demande même s'il le comprend. Ce pourrait être une possible. Et s'ils ne parlent pas la même langue ?
Il reprend ses appuis, se surélevant légèrement, la dague suivant son mouvement, sans s'enfoncer. L'inconnu recule. Un sourire provocateur prend place sur ses lèvres.
— Alors tu vas te décider à faire quelque chose ou bien ?
Ce qu'il dit semble froisser l'autre homme. Il peut voir son air se décomposer avant qu'il ne le repousse violemment dans son lit, se levant et faisant quelques pas dans la pièce. Posture affaissée, épaules tremblantes.
— Tu m'avais dit que ça marcherait, Max. Tu me l'avais assuré.
Il ne sait pas qui diable est ce Max mais il ne comprend pas comment quoique ce soit peut être résolu en menaçant quelqu'un comme ça. Il ne saisit rien à sa situation et hausse un sourcil.
— Je ... je le pensais vraiment Pierre, je suis désolé, je ...
Il ne sait pas d'où cette voix vient, d'où cette réponse vient mais-
Ah. Alors son inconnu s'appelle Pierre. Il fait la moue en entendant ce nom, cela sonne si naturel. Comme s'il n'aurait pas pu trouver un seul autre nom pour l'autre homme. Pierre.
Pierre lui lance un regard en coin, se retourne à peine, et il se sent soulevé en voyant des larmes déborder de ses jolis iris. Il se sent mal, comme si c'était sa faute. Il a envie de s'excuser.
— Bordel. Bordel ...!
Pierre passe une main lasse sur son visage et continue à sangloter. Le seul bruit perpétuel. Ses sanglots.
Le lendemain, il n'y a plus personne dans sa chambre. Est-ce que tout ça n'a été qu'un rêve ? Il n'a aucune garantie que cela se soit réellement produit. Pas une. Ce ne serait pas la première fois que son esprit malade invente des choses.
Charles a toujours l'impression d'avoir des pensées en trop dans sa tête. Mais parfois, il lui semble en avoir des en moins.
Mais chaque nuit, chaque soir, Pierre revient.
Parfois le même éclat froid le réveil, un couteau sous sa gorge encore, et il ne comprend pas pourquoi ce même processus est répété.
Mais parfois, Pierre se tient juste dans la pièce, le regardant, souvent en pleurant. Parfois assis sur le bord de son lit. Toujours proche, si proche, mais toujours très loin, trop loin de lui.
Pierre parle aussi. À ce même Max, et en entendant ce nom, il a l'idée de deux yeux bleus bien différents de ceux de son inconnu, sans savoir pourquoi. Ou tout simplement des mots qui flottent dans le vide.
Et tout ce temps, il l'écoute sans comprendre réellement.
Cette nuit encore, Pierre est assis sur son lit. Plus proche. Le regard perdu vers la fenêtre, laissée ouverte. L'air doux de la nuit qui s'engouffre à l'intérieur. C'est l'hiver, mais il ne fait curieusement pas froid. Une date lui vient à l'esprit.
Le 7 février.
C'était ... c'était une date importante ? Une image de champs colorés qui lui traverse l'esprit ainsi qu'un rire. Bon dieu, un rire mélodieux.
Mais Pierre ne rit plus, il ne fait que pleurer lorsqu'il le voit.
— Je ne sais pas quoi faire ... j'aimerais parfois que tu puisses me le dire tu sais ? Je ... Charles, bordel ... reviens-moi ...
Mains entrelacées ... la bague comme un souvenir, une promesse ...
Charles a les yeux rivés sur le visage de Pierre. Des larmes de nouveau qui roulent sur ses joues pour se perdre dans son semblant de barbe. Lèvres roses. Une légère cicatrice à l'intérieur. Leur première rencontre avec eux. Il a chuté et s'est mordu, laissant une trace qui n'est jamais partie.
Il tâtonne les draps pour trouver la main de Pierre, laissé négligemment dessus, et quand il l'a entre la sienne, il glisse jusqu'à son annulaire pour y trouver un contact froid, métallique. Une bague.
Mains entrelacées ... la bague comme un souvenir, une promesse ...
Il ne comprend pas.
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Pour être tout à fait honnête, j'avais oublié que j'avais écrit ça et l'ait redécouvert en parcourant mon Google doc x)
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Lunar Pastime (F1)
FanfictionJ'ai décidé d'ouvrir un petit recueil supplémentaire où je caserais tous les prompts que j'ai trouvé ! Ce seront des écrits plutôt courts, sur divers couples, j'espère que vous les apprécierez.