savior - and killer (Pierre/Charles)

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Parfois, Charles se souvient de la décision qu'il a prise des mois auparavant

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Parfois, Charles se souvient de la décision qu'il a prise des mois auparavant. Celle d'engager un assassin pour le tuer, parce qu'il n'avait pas le courage de le faire lui-même. Sa lâcheté l'a rattrapé dès le lendemain mais il s'est trouvé incapable d'entrer en contact avec son employé, la page du site désespérément vide.

Il en est venu à se demander si ce n'était pas un rêve.

Il a survécu après ça. Sa vie était toujours aussi pathétique, il passait ses jours à prétendre qu'il allait bien auprès de ses amis et à avaler des pilules au goût immonde le soir. Insomnies après insomnies, les jours comptés d'une terrible lenteur.

Jusqu'à ce que Lando lui présente un camarade de son cursus. Pierre Gasly, un français, en informatique. En le rencontrant, Charles s'est attendu à ce que Pierre se moque de lui et de ses ambitions, beaucoup l'avait déjà fait, mais en entendant la notion de mode, tout ce que l'autre étudiant a fait c'est sourire et lui dire que ça lui correspondait bien.

Il pensait cela à un moment. Avant que les travaux ne deviennent trop durs et les attentes trop hautes et que les lignes ne se brouillent, qu'il ne sache plus ce qu'il voulait vraiment faire, si ça le rendait encore heureux.

Pierre le rend heureux. C'est ce dont il se rend compte plus les jours passent et il se sent mieux. Mieux qu'il l'a été ces dernières années, au sein de son groupe d'amis. Pour une fois, il est sincère avec eux, sincère et arrête de prétendre, ses sourires et ses rires sont vrais.

Le français glisse sur sa langue naturellement et il aime voir le visage de leurs amis se couvrir d'incompréhension alors qu'ils échangent des blagues dans leur langue maternelle. C'est libérateur.

Il n'aurait jamais cru que sa vie puisse s'améliorer autant. Il n'aurait jamais cru pouvoir tomber amoureux mais ...

Ça a été si facile d'inviter Pierre chez lui, comme à leur habitude, et ça a été si facile de combler l'espace entre eux, de poser ses lèvres sur les siennes. Il ne peut rien regretter, ne peut que laisser les mains de Pierre glisser autour de sa taille avec un plaisir non dissimulé.

Sa sensation de bien-être se dissipe quand ses mains appliquent plus de pression jusqu'à lui faire mal. Il recule, désorienté. Pierre le regarde de haut, avec un sourire déserté de toute chaleur.

"Pierre ?"

"Tu voulais mourir pas vrai ?"

Ses yeux s'écarquillent alors qu'il comprend sa situation. La beauté de Pierre, même dans la cruauté de la situation, ne fait que lui sauter aux yeux. Il a la sensation d'être face à l'ange de la mort, venu le chercher. Son bonheur n'a été qu'une illusion de plus.

"C'était toi ?" Sa lèvre tremble. "J'aurais dû m'en douter."

Il baisse les yeux.

"C'était des mensonges alors ? Tous ces mois passés ensemble ?"

Pierre ne lui répond pas, continue de le fixer de ses iris bleus, imperturbable. Charles sent les larmes lui monter aux yeux, il se sent pathétique. Son cœur se brise.

"Vas-y." Il murmure d'une voix rauque. "Fais ce que tu as à faire, tue moi."

Dans une posture défaite, il se soumet entièrement à l'autre homme. Les yeux fermés, la tête renversée en arrière, la gorge à portée de main. Charles ne sait pas comment il va être tué mais il croit au moins que Pierre saura mettre fin à ses souffrances rapidement.

Mais les secondes passent, lentes et douloureuses, et rien. Quand Charles ouvre ses yeux de nouveau, Pierre a reculé de plusieurs pas.

"Charles, tu ne mérites pas ... de mourir. Regarde-toi ces derniers mois, tu as appris à revivre, est-ce que tu veux vraiment-"

"J'ai appris à revivre grâce à toi ! J'étais heureux grâce à toi ! Si tout ça n'est qu'un mensonge alors je ... oui, je veux mourir."

Charles se laisse tomber sur le canapé derrière lui, avant d'enfouir son visage dans ses mains. Il déteste sa vie. Il se souvient maintenant de pourquoi tout ça lui a toujours semblé trop injuste. Il n'a jamais de chance, ne semble jamais mériter le bonheur.

Les mains de Pierre viennent dégager les siennes de son visage pour le forcer à relever la tête.

"Tu peux être heureux sans moi."

"Je t'aime, Pierre, je ne peux pas ... je ne veux pas. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des mois. Tu ne comprends pas, mon quotidien me tuait, c'est pour ça que je t'ai engagé, parce que j'étais trop lâche pour en finir moi-même."

Charles se tait. Avec un geste d'une douceur infinie, Pierre vient caresser sa joue. Il y a un instant de silence où ils ne peuvent que se regarder puis la magie du moment revient lorsque Pierre se penche en avant pour l'embrasser de nouveau.

Il fond dans le baiser et se laisse entraîner. Il pleure. Pierre le prend dans ses bras, conciliant, son air menaçant ayant disparu si vite qu'il croirait presque avoir rêvé.

"Je vais tellement regretter ça." Pierre marmonne contre son épaule et Charles rit au milieu de ses sanglots.

Il ne sait pas ce qui va se passer, il ne sait rien de l'assassin, mais il ne veut pas y penser sur le moment. Il veut rester dans l'étreinte chaleureuse qui s'est formée autour de lui et l'illusion peut-être éphémère qu'il est aimé en retour.

Lunar Pastime (F1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant