Les Fantômes de Nos Passés

6.Noah

Je retournai en classe, la tête ailleurs. C'était mon premier jour ici, et j'avais déjà loupé un cours. Ma mère n'allait pas être contente de l'apprendre.

Je n'écoutai qu'à moitié, pour tout dire, j'étais tellement retranché dans mes pensées que c'était comme si mes oreilles étaient bouchées avec du coton.

- Ou ou, Noah je te parle !

Je tournai la tête vers Manon qui me regardait, l'air outrée.

Oups.

De quoi parlait-elle déjà ? Ses ongles ? Ses cheveux ? Je ne savais plus, mais en tout cas elle parlait d'elle, ça j'en étais sûr.

- Désolé, je pensais à autre chose.

- Ouais, bah la prochaine fois essaie de montrer un minimum d'intérêt à ce que je dis, se vexa-t-elle.

Pour seule réponse, je hochai la tête.

Elle me tourna le dos avec une moue rageuse et se mit à écrire ce que le prof dictait. Je fis de même sans m'intéresser au cours.

Emma n'était pas revenue, elle était très certainement partie. Je n'aimais pas parler d'elle avec Manon, j'avais pu constater à quel point elle ne l'aimait pas. Mais si je voulais en savoir plus, je n'avais pas le choix.

- Elle est souvent absente aux cours ? demandai-je.

Manon comprit tout de suite de qui je parlais.

- La folle ? Ouais, presque tout le temps. Pourquoi ? Tu t'es enfin rendu compte que tu te voilais la face à son propos ? dit-elle ironiquement.

- Non, juste pour savoir. Tu sais pourquoi ?

- Non je ne sais pas, et ça ne m'intéresse pas.

- Pourquoi tu dis qu'elle est folle ?

La grande blonde arqua un sourcil et fixa ses grands yeux dans les miens.

- T'es pas au courant ? Elle...

Le professeur l'interrompit et je l'en remerciai intérieurement. Je n'aurais jamais dû lui poser cette question.

- Mademoiselle Cardy, veuillez cesser vos bavardages je vous prie.

Je ne tenais pas à connaitre la vérité de la bouche de Manon finalement. Elle me paraissait être le genre de fille qui déforme tout.

Nous nous remîmes à écrire.

Emma occupait toujours mes pensées, et j'avais l'étrange impression que ça durerait longtemps.

Durant sa crise de panique, j'avais pu parler un peu avec Thaïs. Elle n'avait pas voulu tout me raconter, mais je savais que c'était sa meilleure amie et elle m'avait donné le numéro d'Emma pour que je puisse m'excuser en bonne et due forme si je n'avais pas l'occasion de le faire en face à face.

La sonnerie retentie et je sortis de cours, bien décidé à en connaitre davantage sur ces migraines qui finissaient en crises de panique.

Je poussai la porte entrai sans faire de bruit et toquai au bureau de l'infirmière.

- Bonjour, excusez-moi de vous déranger, j'aimerai vous parler.

- Je sais, me coupa-t-elle, assieds-toi. Appelles-moi Suzanne.

J'obéis sans protester.

- Que veux-tu savoir sur elle ? me demanda la vieille femme.

Je ravalai mon étonnement face à sa perspicacité et allait droit au but.