51.Noah

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Le mariage de mon père avait été... épuisant. Bien sûr, j'étais heureux pour lui et pour sa femme, mais l'humeur horripilante de mon frère avait rendu ce week-end épouvantable.

Si je ne l'avais pas contenu, mon père se serait pris plusieurs verres de punch dans la tronche et la robe de la mariée aurait sûrement été colorée au jus de viande...

Pour Louann, ce mariage signifiait la concrétisation de la trahison de mon père, alors, je ne pouvais pas lui en vouloir de ne pas aller bien.

Encore moins lorsque je l'avais retrouvé seul face à un champ désert à jeter rageusement des cailloux contre la clôture électrique en se vidant de toutes ses larmes.

Alors oui, ce week-end avait été épuisant. Et il avait marqué la fin des vacances. Ce qui signifiait : la rentrée.

C'était très loin d'être mon moment préféré de l'année.

Je me retournai dans mon lit et éteignit mon troisième réveil. Je me levai les yeux encore flous, me cognai dans mon sac de cours et me prit la porte en l'ouvrant. Ça commençait bien...

Le week-end avait été très peu reposant. Avec le mariage de mon père, les plaintes incessantes de mon frère et l'humeur morose de ma mère, j'étais lessivé avant même d'y être.

Finalement, j'avais pas mal bu et c'était passé vite. Peut-être justement parce que j'avais pas mal bu... Toujours était-il que le mariage était passé et que le dimanche que j'avais passé à dormir n'avait pas réussi à rattraper toutes mes heures de sommeil perdues.

Après avoir faillis tomber dans les escaliers avec mon frère dans les bras, m'être brûlé la langue avec mon café, avoir pris une douche froide à cause de notre chaudière défaillante, je sortis de la maison, d'une humeur exécrable et allumai une cigarette.

J'arrivai au lycée juste avant la dernière sonnerie et dut courir dans les couloirs pour arriver à temps. J'entrai précipitamment dans la salle et m'assis à la première place libre.

- Ton tee-shirt est à l'envers et tes lacets risquent de se faire la malle, chuchota une voix dans mon dos.

Une voix que je connaissais bien.

- Comment tu vas Emma ? demandai-je en me retournant.

- Bien. Mais toi t'as l'air complètement à l'ouest, répondit-elle en souriant légèrement.

- Disons que ce n'est pas mon jour, marmonnai-je.

Mes yeux tombèrent sur son bras plâtré, décorés de petits dessins multicolores.

- Tu l'enlève quand ?

- Ce soir. J'ai rendez-vous à dix-huit heures trente, précisa-t-elle.

- Tu veux que j't'accompagne ?

- Non. Mais je sais que tu viendras quand même, souffla-t-elle.

Je souris et me retournai vers le tableau avant que le professeur ne me demande de le faire.

La journée passa lentement, atrocement lentement. Et aujourd'hui, les dieux étaient contre moi. Ce fut la pire journée de toute ma vie. Mon stylo décida de vider ses entrailles sur ma dissertation de français, la batterie de ma calculatrice rendit l'âme en plein milieu d'un concert de physique, mon repas à la cafète' était froid et pour couronner le tout, je récupérai une note en anglais à peu près aussi basse que ma bonne humeur. C'est-à-dire zéro.

Je passai la grille du lycée en trainant les pieds. Emma était assise sur un banc, un livre sur les genoux. Exactement comme la première fois que je l'avais vue.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant