48.Noah

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J'avais fini ma journée à dix-neuf heures tapantes. Julie m'avais fait confiance pour fermer la boutique et était rentrée une demi-heure avant moi.

La journée avait été chargée, et je l'avais vraiment appréciée. Je sentais que mon nouveau boulot allait me plaire. J'avais une patronne super cool et un travail simple qui m'allait comme un gant.

Je pédalai jusqu'à la maison.

- Salut tout le monde ! criai-je en claquant la porte.

J'entrai dans le salon et me figeai.

Lorsque j'avais dit « tout le monde », je ne m'attendais pas à autant de monde !

Mon père était assis sur le canapé à côté de ma mère, mon frère était installé dans son fauteuil au bout de la table basse en verre et mes deux demi-sœurs couraient partout dans le salon en riant à gorges déployées.

« Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? »

- Viens mon fils. Assieds-toi, m'intima doucement ma mère.

Je m'exécutai, les yeux fixés sur mon père.

Vous me direz, qu'y a-t-il d'étrange à ce que ma famille recomposée soit là à m'attendre en rentrant du boulot ? Simplement que je n'avais plus jamais vu mon père et ma mère ensemble après la rupture.

Mon père venait nous chercher au début quand ma mère n'était pas là. Et puis il avait tout simplement arrêté de venir. Et depuis je ne l'avais plus jamais vu.

J'étais tellement sidéré que je ne dis rien.

- Salut Noah, me salua mon père.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je d'un ton abrupt en sortant de ma torpeur.

- Ton père, est venu nous rendre une...petite visite, expliqua ma mère.

Je regardai mon frère. Il lut ma question dans mon regard, même pas besoin de mots.

- C'est faux. S'il est là c'est parce qu'il a quelque chose à nous dire, et vu la tronche qu'il tire, ça ne va pas nous plaire, ajouta mon frère.

- Louann...soupira ma mère.

Mon père restait muet. Comme d'habitude en fait. Je n'avais aucune haine envers lui, ce qui n'était d'ailleurs pas le cas de mon frère, mais s'il y avait bien une chose qui m'énervait, c'était cette capacité à éviter les discussions et cette tendance à rester muet en toutes circonstances.

Cette mascarade commençait à me taper sur le système.

- Parle si tu as quelque chose à nous dire, dis-je en plantant mes yeux dans ceux de mon géniteur.

- D'accord, d'accord. Je sais que ça ne va pas vous plaire les garçons mais... Line, Lola, arrêtez de crier ! intima-t-il à ses deux insupportables jumelles.

Je regardai les deux petites s'assoir sans un mot aux pieds de leur père. De notre père. Parfois j'avais vraiment du mal à me dire qu'il avait refait sa vie et que ces deux fillettes qui ne devaient pas avoir beaucoup plus de cinq ans étaient mes demi-sœurs.

- Je disais donc, que j'ai effectivement quelque chose à vous annoncer.

- Arrête de tourner autour du pot, c'est insupportable, intervint Louann.

Mon frère avait une sérieuse dent contre notre père. Il fallait dire que même si j'étais passé au-dessus du divorce assez facilement, mon frère l'avait vécu comme une trahison. D'un, parce que ça avait laissé ma mère dans un piteux état, et de deux, parce qu'à cause de ce divorce, Louann n'avait jamais eu de père.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant