Les Fantômes de Nos Passés

47.Samuel

La journée d'hier avait été longue. Vingt-quatre heures d'ennui mortel. Heureusement, aujourd'hui était le grand jour annoncé par Isaac ! Cinéma, me voilà !

J'avais passé la matinée à éplucher le catalogue en ligne des films du cinéma le plus proche, et j'avais trouvé le film que je préférai le plus au monde. Alors, oui, je l'avais vu au moins une bonne centaine de fois, mais quoi de mieux que de regarder son film préféré quand on va pour la première fois au cinéma ?

Donc, j'avais choisi mon film préféré, sans le dire à Isaac. Pourquoi ? Parce que mon frère avait fait une overdose de ce film. Le genre de truc qu'il ne supporte plus de voir tellement il l'a vu. Si je lui avais dit le nom du film, il aurait décommandé les places illico-presto et j'aurai dû passer deux heures de plus à observer le catalogue en ligne sans jamais rien trouver à la hauteur de mon film préféré.

Il était quatorze heures trente quand Isaac se gara sur le parking du cinéma.

- Twister ? Sérieux ? Je vais t'étrangler Samy, menaça mon frère.

J'arborai mon plus beau sourire avant de lui répondre.

- Désolé frérot, je pensais que je te l'avais dit...

Isaac grogna.

- 1h52 de pur bonheur. Allez, fais pas cette tête !

- Tu l'as déjà vu cent mille fois ce film, ça ne te suffit pas ?

- Jamais, dis-je en secouant la tête.

- Quel supplice...se plaignit-il.

- De toute façon, c'est trop tard pour changer ! m'exclamai-je tout sourire.

Un cinéma, finalement, ça n'avait rien de vraiment incroyable, sinon, que c'était impressionnant. En entrant dans la salle après dix minutes de queue, j'avais été surpris par la taille de l'écran face à moi.

- Je ne pensais pas que c'était si...immense, murmurai-je pour moi-même.

J'avais observé l'écran, les yeux écarquillés, jusqu'à ce que mon frère ne me pousse pour que j'aille m'assoir. Nos places étaient au milieu de la salle, d'après mon frère, le meilleur endroit. Les publicités avaient ensuite commencé à défiler, et j'avais été surpris par la puissance du son, enfin, jusqu'à ce qu'elles s'éternisent.

- Y'a toujours autant de pubs au cinéma ? demandai-je à mon frère.

- Eh oui, malheureusement...soupira-t-il.

J'avais sursauté quand la lumière s'était brusquement éteinte, ce qui m'avait d'ailleurs valu le rire de mon frangin. Et puis le film avait débuté. J'avais voulu piocher dans mon grand pop-corn, avant de me rendre compte que je l'avais presque intégralement fini pendant les interminables publicités. J'avais donc, dans la plus grande discrétion, échangé mon cornet avec celui de mon frère. Qui ne s'en était rendu compte que vingt minutes plus tard, soit dit-en passant.

C'a avait été, le plus génial de tous les visionnages de films que j'avais fait.

- C'était incroyable ! Le son, les images, la qualité de la diffusion ! Tout ça, sur grand écran avec en plus les actions, génialissimes du film ! J'ai même pas les mots ! m'extasiai-je en sortant de la salle.

Isaac se contentait de hocher la tête en souriant à chacune de mes phrases.

Bon, je vous l'accorde, j'exagérai peut-être un peu, mais qui m'en voudrait ?

Je montai dans la voiture à la suite de mon frère.

- Is', je veux pas te vexer, mais là tu vas pas dans la bonne direction.