71.Samuel

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J'avais passé ma soirée du premier de l'an à faire la fête en boite. Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé dans ce genre d'endroit. La musique qui vous vrillait les tympans, les corps qui s'entremêlaient, les verres qui s'entrechoquaient, l'odeur d'alcool et de transpiration. En vérité, rien de tout ça ne m'avait manqué. Mais c'était la seule option qui s'offrait à moi : Isaac le passait avec ses amis et je n'avais pas osé proposer à Emma de venir avec moi par peur de trop forcer. Alors j'avais enfilé mon jean et mon tee-shirt, j'avais pris mon manteau et j'étais sorti.

Entre nous, cette soirée n'avait pas été folle. J'en avais passé plus de la moitié à consoler une fille qui s'était fait larguée et qui me collait comme un petit chien à chaque fois que j'essayais de m'enfuir.

Pendant l'entièreté de cette soirée ratée, je n'avais pensé qu'à Emma. Je voulais être près d'elle, l'entendre rire à mes blagues nulles et faire du sarcasme lorsque je la taquinais. Lors de cette soirée approximative du nouvel an, j'avais pleinement réalisé à quel point elle me manquait quand elle n'était pas là et quand j'avais enfin réussi à me défaire de mon pot de colle, j'avais foncé tout droit vers le lac où on s'était rencontré pour la première fois. Je m'étais allongé sur le banc de pierre froid et pendant plus de deux heures j'avais parlé à Martin en regardant les étoiles.

Je lui avais tout raconté, il était désormais au courant de toute ma vie.

Parfois je me plaisais à imaginer qu'il était assis dans un grand cinéma avec le frère d'Emma et que tous les deux regardaient nos vies désastreuses en se foutant de nous. Cette vision me rendait étrangement heureux. Comme si le fait que le fantôme de Martin et celui de Lucas soit ami, rendait encore plus fort le lien qui m'unissait à Emma.

Puis j'étais rentré. D'abord parce que je m'endormais sur le banc, et ensuite parce qu'il faisait horriblement froid.

Quand je m'étais réveillé ce matin j'avais mal au crâne et trois appels manqués. Deux de la part de mon frère, et un d'Emma. Emma ? Que lui arrivait-il ?

Je la rappelai et la sonnerie qui résonna dans mon téléphone me vrilla les tympans. Rappelez-moi pourquoi j'avais autant bu hier soir ?

- Allô ?

- Salut, pourquoi tu m'as appelé ? demandai-je d'une voix rauque.

- Je voulais savoir si tu faisais quelque chose aujourd'hui, mais vu la voix que t'as j'en conclus que tu dormais et que ta soirée d'hier a été bien arrosée.

Je rougis derrière mon téléphone.

- Je ne fais rien aujourd'hui. Tu veux qu'on se voie ? demandai-je en évitant volontairement le sujet d'hier soir.

- Eh bien, disons que je commence un peu à étouffer chez moi, souffla la voix d'Emma dans le combiné.

C'était fou comme elle chuchotait tout le temps au téléphone.

- Super, alors quatorze heures ?

- Sam il est déjà quatorze heure trente, sourit-elle.

- Ah. Ben, quinze heures alors.

- Ça me va, retrouve-moi au lac. Salut.

Emma raccrocha sans attendre de réponse.

Je descendis péniblement de mon lit et sortis de la chambre-grenier.

Ma tête me faisait mal, je n'avais pourtant pas bu tant que ça hier...

- Betty ?

- Oui ?

- T'as pas un remède contre le mal de tête ? demandais-je.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant