53.Samuel

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- Sam !

Je me retournai vers la voix qui m'avait appelée et me retrouvais face à face avec Emma.

C'était la première fois qu'elle m'abordait au lycée, autant vous dire que je trouvais cela étrange.

- Salut, m'exclamai-je. Que me vaut cet honneur ?

- Ben, je voulais sécher, mais pas toute seule. Tu, veux venir avec moi ? demanda-t-elle d'une voix hésitante.

- Ouais carrément !

Un sourire étira ses lèvres et je la suivie à l'intérieur de l'aile gauche de notre gigantesque lycée. Nous traversâmes de nombreux couloir avant d'arriver face à une petite porte en bois portant l'écriteau « privé ». Emma l'ouvrit sans plus s'en soucier et je découvris un petit jardin fermé d'un simple grillage. Je la suivie sans poser de question et escaladai à sa suite le grillage vert.

Elle semblait habituée à faire ça. Elle traversa le grand champ et nous nous retrouvâmes sur le bord de la route.

- On va où en fait ? demandai-je finalement.

- A l'endroit où des garçons de dix-sept ans tombent du ciel, sourit-elle.

- Tu tiens vraiment à me rappeler ce jour ?

- C'était drôle.

- Parle pour toi, j'me suis ridiculisé, tu m'as pris pour un psychopathe.

La petite blonde s'assit sur le banc de l'arrêt de bus et je m'adossai à la vitre.

Emma était différente. Je ne savais pas ce qu'il s'était passé pendant ses vacances, mais elle n'était plus la même.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demandai-je.

- Moi ?

- Ben oui toi.

- Rien, pourquoi ?

- Parce qu'il y a une semaine tu ne m'aurais jamais demandé de sécher avec toi.

- Je ne t'ai pas demandé de sécher avec moi, rectifia-t-elle. Je t'ai proposé de sécher avec moi.

- C'est pareil, la coupai-je en haussant les épaules.

- La différence est immense abruti. Mais, pour répondre à ta question, et bien disons que j'ai réalisé certaines choses.

- Comme quoi ?

- Comme le fait qu'avoir des amis n'est peut-être pas une si mauvaise chose.

Le bus s'arrêta devant nous et je la suivie à l'intérieur.

- Alors on est amis ? demandai-je.

- J'en sais rien.

- Alors on est amis, affirmai-je.

- La deuxième chose que j'ai compris, c'est qu'on ne peut pas guérir seul. Que l'humain n'est pas fait pour vivre seul et que demander de l'aide n'est pas que pour les faibles.

Emma posa ses yeux bleus-verts sur mon visage.

- J'ai compris que m'enfermer dans ma solitude n'était pas une solution et qu'il était temps que j'accepte les mains qu'on me tend. Alors, disons que j'essaie de faire ce que je peux pour sortir de mon bloc de glace, conclut-elle.

Un large sourire décorait mes lèvres. Oui, Emma avait changé.

- Alors j'aime beaucoup la nouvelle Emma, souris-je.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant