55.Emma

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- NOAH !!!!!!

Il n'eut même pas le temps de se retourner. La voiture le heurta si violement qu'il vola au moins cinq mètres plus loin. Il roula sur le dos, son corps fut secoué d'étranges soubresauts, et il s'immobilisa.

Je restai planté là, sans bouger. Mon cri encore résonnant dans la rue déserte. Tellement horrifiée que j'en oubliai de respirer. J'observai son corps de loin, sans réellement réaliser. Un frisson m'agita et mon corps bougea. Je me mis à courir vers celui qui gisait au milieu de la route. Derrière moi un homme sortait de la voiture.

- Noah ! Noah réveilles-toi bon sang ! Noah !

Sa tête saignait, à l'image de son corps entier, son bras droit formait un angle étrange, ses vêtements étaient déchirés, ses yeux étaient ouverts, figés dans une expression de surprise.

- Qu'est-ce que...

- Mon dieu Noah !

Le garçon essaya de tourner la tête vers la droite et gémi.

- Chut, non ne bouges pas Noah, ne bouges pas.

L'homme se tenait désormais quelques pas derrière moi, un téléphone à la main.

- Il appelle les secours, tu vas t'en sortir Mister Bouclettes, dis-je dans un sourire- bien trop forcé pour être rassurant.

Noah me regarda. Il avait les yeux vagues, le regard absent.

J'étais en train de le perdre.

- Noah ! Noah non, ne fermes pas les yeux, tout va bien se passer, Noah !

Il me sourit.

- NON NOAH !!!

Ses yeux se fermèrent, sa tête roula sur le côté. Et moi, je hurlai.

Je hurlai à m'en déchirer les cordes vocales. Je ne pouvais pas le perdre. Pas encore, pas lui, il était bien trop persévérant pour mourir comme ça !

- Les secours arrivent.

Je regardai l'homme derrière moi.

- Dîtes-leurs de se dépêcher.

- Ils font leur possible.

- ILS DOIVENT SE DEPECHER BORDEL IL EST EN TRAIN DE MOURIR !

J'étais dans un état second. Je n'avais pas conscience de ce qui m'entourait, je n'avais pas conscience de ce que je faisais. Je le voyais mourir à mes pieds, et tout ce que je ressentais, c'était une peur incontrôlable et une énorme impression de déjà-vu. C'était injuste.

Quand l'ambulance arriva, ils embarquèrent Noah sans même m'accorder un regard. La police débarqua quelques minutes plus tard, ils emmenèrent le conducteur. Et moi, je restai là. Assise en plein milieu de la route, comme prise au piège dans un énorme brouillard.

Je ne savais pas ce qui c'était passé ensuite, toujours était-il, que j'étais devant une boulangerie, et que ces pâtisseries avaient l'air très appétissantes. J'entrai, fouillant mes poches pour trouver de quoi payer tout en avisant les gâteaux exposés dans la vitrine.

- Je vais vous prendre deux beignets au chocolat s'il vous plaît.

- Emma ?

Je levai la tête.

- Sam ?

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'achète des beignets.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant