36.Emma

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- Qu'est-ce que tu fais ?

- Des crêpes.

J'étouffai un bâillement et m'assis à table. J'observai Thaïs retourner ses crêpes d'une main experte.

- T'es pas censé être en cours ?

- Je commence à onze heures le jeudi.

- Ouah la chance.

Ma meilleure amie déposa devant moi une assiette pleine de crêpes et je me levai pour chercher les garnitures.

- Il est où le beurre de cacahuètes ?

- Pachard e auche, marmonna-t-elle la bouche pleine.

J'attrapai le pot et réinvestis ma place.

Nous prîmes notre petit déjeuner en papotant, puis Thaïs partie en cours. Je me retrouvai seule dans l'immense maison des Minbars, accompagnée du silence.

Très vite, le silence devint lourd, insupportable. Je passai à mon tour le pas de la porte, enfermant le silence dans la maison vide.

Ryan était rentré tard hier soir, il avait réagi exactement comme sa femme, et j'avais retrouvé au sein de cette famille, la tranquillité sereine qui m'habitait quand je me trouvais à leurs côtés.

Après le dîner Thaïs était montée à l'étage pour réviser ses cours, et Jordan avait entrepris de me raconter sa vie trépidante. J'avais ri, beaucoup, puis on était tous les deux partis se coucher, parce qu'à deux heures du matin, ce n'était plus vraiment le moment de rire aux éclats. Surtout quand l'un des deux avait cours le lendemain.

J'avais passé deux heures entières à me tourner et me retourner dans le lit de ma meilleure amie sans parvenir à trouver le sommeil, il était quatre heures et demie lorsque j'étais sortie de la chambre pour entrer dans celle d'à côté. En silence, j'avais poussé la porte de la chambre de mon meilleur ami et lorsqu'il avait entendu mes pas sur le plancher grâce à un vieux réflexe, il avait soulevé la couette et ouvert grand les bras. Je m'étais glissée dans ses draps chauds et il avait refermé ses bras autour de mon corps. J'avais grimacé lorsqu'il avait serré un peu plus mes côtes brisées puis au fur et à mesure que la douleur se dissipait, la respiration de Jordan m'avait bercée, j'avais inspiré son odeur rassurante et là, le visage plongé dans son cou, j'avais enfin trouvé le sommeil.

A présent, je déambulais dans les grandes rues de Mittles, un carnet de dessins à la main, un livre dans mon sac, écouteurs a porté de mains.

Les grands bâtiments de pierres usées témoignaient de l'ancienneté de la ville. Certains doyens d'ici, aimaient raconter que Mittles était autrefois une ville emplie de fées et de sorciers qui se disputaient le Grand Château. Je n'avais jamais cru à ces histoires, cela dit, il était vrai que le Grand Château de Mittles aurait pu figurer dans une histoire illustrée sur une guerre entre fées et sorcières. Et si vous voulez mon avis, les fées auraient gagnées la bataille.

Le ciel se dégagea au moment où je sortais du fameux château. Le soleil au zénith brillait fort, et l'air dû rapidement gagner deux ou trois degrés. Réchauffement qui ne me fit tout de même pas regretter mon manteau d'hiver et ma grosse écharpe en laine.

J'achetai un sandwich dans une petite boulangerie près du château, et repartis en sens inverse, à la rencontre de la ville.

Les Minbars avaient beau habiter ici depuis maintenant trois ans, je n'avais jamais pris le temps de visiter la ville, et les rues qui se déroulaient devant moi, me firent ouvrir de grand yeux admiratifs.

Les grands bâtiments usés du centre-ville avaient laissés place aux petites maisons et lotissements familiaux qui auraient plutôt tendance à s'étendre dans les petites villes, puis, après une bonne heure à zigzaguer entre eux, je débouchai enfin, sur une grande place ronde.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant