67.Samuel

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Je sortis de la boulangerie un immense sourire aux lèvres. Cette journée s'annonçait géniale !

- Enfin un jour de repos, soufflai-je en m'étirant.

La pluie calma mon ardeur, une grosse pluie d'orage qui s'abattait en frappant le sol sans discontinuer.

Je traversai la route à vélo et rabattis la capuche de mon sweat sur ma tête.

Aujourd'hui j'avais rendez-vous, et pas avec n'importe qui : avec Emma. Bon, certes ce n'est pas ce genre de rendez-vous, mais c'est un rendez-vous quand même.

Je pédalai une bonne quinzaine de minutes sous la pluie avant d'arrêter mon vélo sous un arbre, au tournant de sa rue.

- C'est vraiment un sale temps pour sortir.

- A qui l'dis-tu, soufflai-je.

La jeune fille s'arrêta face à moi et m'adressa un « coucou » de la main.

- Tu montes ?

Emma contourna mon vélo, s'assit sur le porte-bagages et posa ses mains sur mes hanches.

- On va où déjà ? demanda-t-elle.

- M'acheter des chaussures.

- Et tu peux me rappeler ce que je fous là ?

- Tu m'accompagnes.

- Comme si je n'avais pas milles choses plus importantes à faire, soupira-t-elle.

- Arrête je sais que tu m'adore.

- Et ben tu te trompes. Je te supporte, la différence est grande.

- C'est ça, souris-je.

J'appuyai sur ma pédale et sortis de mon abri.

- Rappelle-moi pourquoi t'as pas passé le permis déjà ? grommelai-je en essuyant la pluie qui coulait sur mon front.

- Parce que j'ai pas de sous.

- Et pourquoi t'habites aussi loin du centre commercial ?

- Parce que mes parents ont pas de sous.

- Maudit soit l'argent ! criai-je.

J'entendis le rire d'Emma dans mon dos. Mon agacement se teinta de joie et je réalisai à quel point j'étais heureux. J'étais heureux de vivre ce moment. J'étais heureux de pédaler sous la pluie en portant cette fille qui m'était encore inconnue il n'y avait pas très longtemps, sur mon porte-bagages.

Je m'arrêtai enfin, trempé face à l'entrée de l'immense bâtiment.

- J'ai froooooooiiiiiid ! cria Emma en sautant sur place pendant que j'attachai mon vélo au pied d'un banc.

Nous nous dirigeâmes d'un même pas vers la grande porte automatique. A peine l'entrée franchie la petite blonde fonça vers un distributeur de boissons chaudes.

- Tu veux quoi ?

- Rien.

- Tu veux quoi ? Je paye, insista-t-elle.

- Rien j'te dis.

- Tu préfères le café ou le chocolat chaud ?

- Le café.

- Super alors je te prends un café.

- J'ai dit non.

- Trop tard.

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant