Les Fantômes de Nos Passés

28.Emma

- Toc toc ?

- Mmmh.

Ma mère entra dans ma chambre à pas feutrés. Un énorme bleu décorait sa joue, que ses cheveux attachés sur le dessus de sa tête n'arrivaient pas à couvrir. Elle passa devant mon lit et entre-ouvrit les volets.

- Chérie, ça fait deux jours que tu ne sors pas de la maison. Il faudra bien que tu retournes au lycée un jour.

- Non. Jamais.

- Ecoute, je sais que ce qu'il s'est passé avec ton père, est difficile à vivre mais...

- Maman, dis-je en me redressant. Ce qu'il s'est passé, se passe bien trop souvent. Ça m'a fait ouvrir les yeux, rien dans notre situation familiale n'est normal.

La douleur m'avait fait ouvrir les yeux. J'avais trop souffert. Ma mère avait trop souffert. Lucas avait bien trop souffert.

- Maman écoute, il faut appeler quelqu'un. Je ne sais pas moi, la police, le centre de désintoxe peut-être.

- Emma. Je sais que tout ça est très compliqué, mais je n'ai pas l'argent pour payer un centre de désintoxication, souffla ma mère en s'asseyant à mes pieds.

- Et tu comptes faire quoi ? Attendre gentiment qu'il nous tabasse une fois de plus ?! Maman ça ne peut plus continuer !

- Oui, c'est ce qu'on va faire. Il repart en voyage dans quatre mois. On peut le faire chérie.

- Maman...

- La discussion est close Emma. Je sais que tu as peur, je sais que tu es en colère. Mais la seule chose que nous pouvons faire pour l'instant, c'est encaisser et nous taire. Tu es forte chérie, tu y arriveras.

- Lucas ne serait pas resté sans rien faire, assenai-je.

Elle déposa un baiser sur mon front et je la regardai se lever.

- Restes dans ta chambre si tu veux, après tout il ne reste qu'une semaine de cours. Je vais au travail. Bonne journée chérie.

- Salut maman.

Elle sortit de la pièce sur la pointe des pieds.

Surtout, ne pas faire de bruits. C'était la règle d'or de la maison. Si par malheur, vous réveilliez le monstre endormi sur le canapé, vous étiez bons pour passer un sal quart d'heure.

Ma mère était paralysée par la peur et le fait qu'elle ne veuille rien faire pour mettre un terme à cette situation atroce me rendait folle de rage, cependant, elle avait raison sur un point : je n'allais pas passer le reste de ma semaine dans mon lit. J'avais besoin de sortir, de me changer les idées, et d'appeler Thaïs.

- Allo ?

- Salut.

- Ça va Emma ?

- Oui, enfin je crois. Dis, je pourrais venir chez toi pendant les vacances ?

- Oui bien sûr ! C'est une super idée !

- Cool, toute la semaine c'est possible ?

- Je bouge pas des vacances, alors oui.

- Et dès demain ? tentais-je.

Je l'entendis sourire à l'autre bout du fil.

- Emma, tu ne comptes pas sécher la dernière semaine de cours avant les vacances tout de même ?

- Euh, si ?

- Emma...soupira-t-elle.

- Je sais, je sais.