74.Noah

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Aude était restée deux heures avec moi. Elle m'avait écouté, du début à la fin, sans jamais me juger. Et jamais je ne m'étais senti aussi bien. Avant qu'elle ne parte elle m'avait prévenue qu'elle reviendrait dans deux jours, et m'avait promis qu'elle ne me prenait pas pour un dingue.

Et moi, j'avais la sensation de m'être fais une nouvelle amie. Aude n'était pas très vieille, vingt-cinq ans tout au plus, même si je lui en donnerais plutôt vingt-trois. Peut-être qu'on deviendrait vraiment amis un jour.

En tout cas une chose était sure, elle m'avait écouté, et je ne demandais que cela. Ça faisait tellement de bien d'enfin pouvoir se confier à quelqu'un sur ses problèmes. Certes j'en parlais déjà avec Emma, mais je ne lui disais pas tout et ne l'embêtais pas trop avec ça, je ne voulais pas lui rajouter un poids. Et peut-être aussi que j'avais peur de l'embêter avec mes histoires d'hallucinations.

Le médecin entra dans ma chambre au moment où je finissais mon repas.

- Bonjour Noah, comment vas-tu ? s'enquit l'immense docteur.

- Bonjour, je vais bien.

- Comment te sens-tu ?

- J'ai mal au bras, et à la tête, répondis-je.

- As-tu eu des nausées ? Ou bien la tête qui tourne ?

- Non, pas de ce que je me souviens.

- Super. Bonhomme, tu es en bonne voie pour la guérison. Repose-toi maintenant, et n'hésite pas à appeler les infirmiers si tu en as besoin. Je reviendrais dans quelques heures, conclut-il.

- Merci.

La porte se referma sur son sourire et j'éteignis la lumière. Oui, j'avais mal à la tête, une migraine horrible qui m'avait assaillie juste après le départ d'Aude.

Je fermais les yeux et tentai de m'endormir sans y parvenir.

Toutes les fois où j'avais « vu » Angel tournaient en boucle dans ma tête. Elle me manquait. Quelque part, même si ces visions servaient à me punir, cela me permettait de combler le manque d'elle qui s'était installé depuis mon arrivée à Chattam. J'avais cru pouvoir la remplacer par Emma, mais on ne remplaçait pas des sentiments aussi facilement. Pour que je parvienne à oublier Angel, pour que les sentiments que j'éprouvais pour elle disparaissent totalement, il faudrait du temps, de la patience, et aussi sûrement, des larmes et de la douleur.

Doucement, le noir du sommeil troubla mes pensées. Un noir doux et chaud, totalement différent de celui qui m'avait étreint pendant mon coma. Un noir avenant au travers duquel on pouvait discerner les rêves. Tendrement, il m'enlaça, me berça.

D'un coup, un éclair de lumière traversa le noir, porteur d'un message. Je m'endormis avant de pouvoir le déchiffrer. Je m'endormis sans savoir qu'une personne que j'aimais, était en danger. 

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant