70.Noah

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La femme entra dans la pièce un grand sourire lumineux aux lèvres. Ça changeait de la psychologue crispée et hautaine que j'avais eu au début. Cette femme-là me paraissait jeune et beaucoup plus avenante dans son pantalon large et ses baskets compensées.

- Bonjour Noah, comment vas-tu ?

Alors là c'était certain, cette femme était au moins un milliard de fois mieux que la précédente psychologue.

- Bonjour, ça va, et vous ?

- Je vais très bien merci, répondit-elle avec un sourire. Tu peux m'appeler Aude. Je peux te tutoyer ?

- Enchanté Aude. Moi c'est Noah mais je pense que vous le saviez déjà. Bien sûr !

- Super. Tu peux me tutoyer aussi sans problème, ajouta-t-elle.

Elle parlait très vite mais d'une voix posée et réfléchie. Cette femme avait vraiment l'air d'une professionnelle. Elle savait mettre les gens en confiance dès la première rencontre. Je me détendis et me mis à l'aise.

La jeune femme s'assit sur un fauteuil face à mon lit, rassembla les feuilles qui s'échappaient de sa pochette et planta ses yeux dans les miens.

- Bon, on va commencer. Tout d'abord, je voudrais que tu me décrives ton état d'esprit actuel s'il-te-plait.

- Eh bien, je me dis que j'ai de la chance d'être vivant et j'essaie de mon mieux de guérir vite pour sortir d'ici.

- Tu te sens bien dans cet hôpital ? continua-t-elle.

- Oui, mais je me sentirais mieux chez moi.

- Ça c'est sûr, sourit-elle.

Je me sentais bien. Aude, à la différence de Madame Jonat, s'intéressait à moi, et pas juste à ce que j'avais vécu.

- Tu veux bien me parler de ton accident ?

Je hochai la tête et racontai.

La jeune femme ne m'interrompit pas une seule fois. Elle fronçait les sourcils à certains moments, se mordait la lèvre à d'autres, hochai la tête au rythme de mes mots, mais pas une seule fois elle n'ouvrit la bouche pour m'interrompre. Elle semblait se foutre de mon récit, elle cherchait plus loin, plus profond.

Aude fouillait mon âme de ses yeux bleus, elle cherchait ce que j'avais vraiment ressenti, ce qui avait blessé mon cœur et non mon corps.

- As-tu des séquelles autres que physiques Noah ? me demanda-t-elle une fois mon monologue achevé.

- Honnêtement, je ne pense pas. Je n'en veux à personne et même si je n'ai pas revu de voiture depuis l'accident, je ne pense pas en être traumatisé.

- Et par rapport à ce que tu as vécu pendant ton coma ?

- Je n'en sais rien, répondis-je. J'ai redormi dans le noir ensuite et je n'ai pas vraiment angoissé. Je pense juste qu'à partir de maintenant je serais un peu plus méfiant qu'avant vis-à-vis du reste du monde mais, je ne pense pas en être traumatisé. Du moins pas jusqu'à faire de l'hypnophobie.

Aude sourit.

- Tu as une sacrée force de caractère toi.

Elle nota quelque chose sur sa feuille blanche et reposa ses yeux bleu ciel sur moi.

- Bon, et si tu me parlais de ce qui te tracasse pour de vrai ?

Je retins mon souffle. Comment pouvait-elle savoir que mon accident ne me préoccupait pas tant que ça ? Comment pouvait-elle savoir que la seule chose dont j'avais réellement envie de parler avec une psychologue était Angel ?

Les Fantômes de Nos PassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant