Chapitre 27

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Ysaé


Monsieur Salvor nous collait comme un burgot à son rocher.

Après la promenade il s'était installé dans le pavillon vitré où il nous avait un moment observer jouer aux cartes avant de sombrer dans un profond sommeil. Ensuite il nous avait suivit tout le long du chemin du retour, marchant en retrait telle une ombre malfaisante. 

Arriver à la grande maison, il était à ma plus grande consternation monter dans la chambre de mademoiselle, sortant juste l'instant qu'il me fallut pour procéder à la toilette de celle-ci. Il avait l'air de vouloir manigancer un coup. Et mademoiselle qui ne se doutait de rien continuait à babiller à tort et à travers, lui demandant comment s'était passer son séjour en ville où si vous vouliez mon avis il aurait mieux fait d'y rester pour toujours, comment allait son ami Lennox, d'ailleurs je n'avais pas raté la légère coloration de ses joues lorsqu'elle avait prononcé ce prénom là. Avait-il assisté à des bals, à des courses de chevaux où elle aurait tant aimer y aller, la réunion de planteur s'était-elle bien déroulée, comment s'en sortait-il avec toutes les responsabilités que leur père faisait poser sur ses épaules, il était fatigué cela se voyait aux cernes sous ses yeux, même s'il restait beau comme un dieu, il devait impérativement prendre du repos car elle s'inquiétait pour sa santé, dès demain elle demanderait à la grosse Betsy de lui préparer une bonne soupe de jarret de bœuf qui le requinquerait et oui justement demain, pourrait-il nous accompagner au lac...

Mr Salvor avait répondu à toutes les questions  en rafale de Mlle son regard glacial ne me quittant jamais. Je su que mon cauchemar ne faisait que commencé lorsqu'il annonça en grande pompe qu'il restait dîner dans les appartements de sa sœur.

Mais c'est pas possible ça! Est-ce qu'un jour tu lui échapperas?!

Après le dîner auquel je n'avais pas participé malgré les sollicitations de ma maîtresse,

Peut-être que tu ne devrais plus appeler Mlle Lorys comme cela. Sauf erreur de ma part tu as changer de propriétaire. Entre temps. Il me semble. Non?

Après le dîner auquel je n'avais pas participé malgré les sollicitations de Ma Maîtresse, monsieur Salvor, allongé sur le lit au coté de sa sœur, lui lut comme si elle avait toujours cinq ans, le roman de Foedé Nielda . Je fus obligée de me coltiner la merveilleuse histoire de Rusoé Crobinson dont je me fichais éperdument. 

Une éternité plus tard, la voix grave me berçant moi aussi, je finis par sombrer, la tête posée sur le bureau, jusqu'à ce....

Qu'une masse s'abatte sur moi. C'était Mr Salvor. Qui venait de me percuter. On aurait dit qu'il avait bondit du lit jusqu'à moi. Le choc de nos corps contre le bureau fit glisser au sol les esquisses de libellules dont mademoiselle était si fière et qui ressemblaient plus à de grosses mouches hideuses qu'à autre chose. L'encrier vacilla dangereusement, manquant de se renverser sur la surface en acajou. Je fus tétanisée. Et comme si la portée véritable de ce qu'il était entrain de faire me frappa à l'instant, je m'apprêtai hurler.

-Si tu cries, je te coupe la langue, chuchota t-il tout en me bâillonnant sans douceur.

Je fermai la bouche, sûre qu'il ne parlait pas en vain. Un coup d'œil vers ma maîtresse me confirma qu'elle dormait comme une souche et que nul secours ne me viendrait d'elle. Une peur épaisse se glissa dans mes veines. Mr Salvor me soulevant de ma chaise, me chargea sur ses épaules comme si je ne pesais pas grand chose. Son parfum intense aux notes d'agrumes, de cèdre et de tabac me submergea alors qu'il m'emportait hors de la chambre. Avançant d'un pas déterminé dans le couloir, il traversa la cuisine où la grosse Betsy ne s'y trouvait pas.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant